Pour chaque extrait, déterminer l'étape de la structure du récit d'aventures auquel il se rapporte.
« Ce fut un spectacle curieux de voir cette joyeuse troupe prendre le chemin de la mer au lever du soleil. La nouvelle de l'arrivée du brick avait circulé dans le port, et bien des têtes en bonnets de nuit apparurent aux fenêtres et aux portes entrebâillées. De chaque côté arrivait un honnête compliment ou un salut flatteur. La noce atteignit l'estacade au milieu d'un concert de louanges et de bénédictions. Le temps s'était fait magnifique, et le soleil semblait se mettre de la partie. Un joli vent du nord faisait écumer les lames, et quelques chaloupes de pêcheurs, orientées au plus près pour sortir du port, rayaient la mer de leur rapide sillage entre les estacades. [...] Le brick de Jean Cornbutte était devenu de plus en plus visible. Le vent fraîchissait, et la Jeune-Hardie courait grand largue sous ses huniers, sa misaine, sa brigantine, ses perroquets et ses cacatois. La joie devait évidemment régner à bord comme à terre. Jean Cornbutte, une longue-vue à la main, répondait gaillardement aux questions de ses amis. [...]
La Jeune-Hardie était entièrement visible. Déjà l'équipage faisait ses préparatifs de mouillage. Les voiles hautes avaient été carguées. On pouvait reconnaître les matelots qui s'élançaient dans les agrès. Mais ni Marie, ni Jean Cornbutte n'avaient encore pu saluer de la main le capitaine du brick. [...]
La Jeune-Hardie ne se trouvait plus qu'à trois encâblures du port, lorsqu'un pavillon noir monta à la corne de brigantine… Il y avait deuil à bord !
Un sentiment de terreur courut dans tous les esprits et dans le cœur de la jeune fiancée.
Le brick arrivait tristement au port, et un silence glacial régnait sur son pont. »
(Jules Verne, « Le pavillon noir », Un hivernage dans les glaces, 1874)
« Du flanc de la montagne, qui était ici abrupte et rocheuse, une pluie de cailloux se détacha et tomba en crépitant et ricochant parmi les arbres. D'instinct, mes yeux se tournèrent dans cette direction, et j'entrevis une forme qui, d'un bond rapide, s'abritait par-derrière le tronc d'un pin. Était-ce un ours, un homme ou un singe ? Il m'était impossible de le deviner. L'être semblait noir et velu : je n'en savais pas davantage. Mais dans l'effroi de cette nouvelle apparition, je m'immobilisai.
Je me voyais à cette heure cerné de toutes parts : derrière moi, les meurtriers ; devant, ce je ne sais quoi embusqué. Sans un instant d'hésitation, je préférai les dangers connus aux inconnus. Comparé à cette créature des bois, Silver lui-même m'apparut moins redoutable. Je fis donc volte-face, et tout en regardant derrière moi avec inquiétude, retournai sur mes pas dans la direction des canots.
Aussitôt la forme reparut et, faisant un grand détour, parut s'appliquer à me couper la retraite. J'étais fatigué, certes, mais eussé-je été aussi frais qu'à mon lever, je vis bien qu'il m'était impossible de lutter de vitesse avec un tel adversaire. Passant d'un tronc à l'autre, la mystérieuse créature filait comme un daim. Elle se tenait sur deux jambes, à la manière des hommes, mais, ce que je n'avais jamais vu faire à aucun homme, elle courait presque pliée en deux. Et malgré cela, je n'en pouvais plus douter, c'était un homme. [...]
Il venait de se dissimuler derrière un tronc d'arbre ; mais il me surveillait attentivement, car, au premier geste que je risquai dans sa direction, il reparut et fit un pas à ma rencontre. Puis il se ravisa, recula, s'avança de nouveau, et enfin, à mon étonnement et à ma confusion, se jeta à genoux et tendit vers moi des mains suppliantes. »
(Robert Louis Stevenson, L'Île au trésor, 1883)
« Hector tire le grand glaive aigu suspendu à sa hanche et prend son élan tel un aigle.
Achille bondit aussi, saisi d'une fureur sauvage. Il se protège de son beau bouclier façonné par Héphaïstos. Son casque étincelant à la splendide crinière d'or va et vient sur son front. Comme l'étoile du soir, la plus belle du firmament, la pique aiguisée qu'Achille brandit dans sa main droite brille de tous ses feux. Le fils de Pélée réfléchit à la manière de tuer Hector, cherchant des yeux le meilleur endroit où l'atteindre. Les belles armes de bronze que le Troyen avait arrachées au cadavre de Patrocle protègent tout son corps. Un seul endroit reste à nu, là où la clavicule sépare l'épaule de la gorge. C'est là qu'Achille enfonce sa lance dont la lourde pointe traverse le cou d'Hector. »
(Homère, lliade, chant XX, VIIIe siècle av. J.-C.)
« La porte était ouverte. La vieille dame alla se poster sur le seuil et se mit à inspecter les rangs de tomates et les mauvaises herbes qui constituaient tout le jardin. Pas de Tom.
— "Hé ! Tom", lança-t-elle, assez fort cette fois pour que sa voix portât au loin.
Elle entendit un léger bruit derrière elle et se retourna juste à temps pour attraper par le revers de sa veste un jeune garçon qu'elle arrêta net dans sa fuite.
— "Je te tiens ! J'aurais bien dû penser à ce placard. Que faisais-tu là-dedans ?
— Rien.
— Rien ? Regarde-moi tes mains, regarde-moi ta bouche. Que signifie tout ce barbouillage ?
— Je ne sais pas, ma tante.
— Eh bien, moi je sais. C'est de la confiture. Je t'ai répété sur tous les tons que si tu ne laissais pas ces confitures tranquilles, tu recevrais une belle correction. Donne-moi cette badine."
La badine tournoya dans l'air. L'instant était critique.
— "Oh ! Mon Dieu ! Attention derrière toi, ma tante !"
La vieille dame fit brusquement demi-tour en serrant ses jupes contre elle pour parer à tout danger. Le gaillard, en profitant, décampa, escalada la clôture en planches du jardin et disparut par le chemin. Dès qu'elle fut revenue de sa surprise, tante Polly éclata de rire. »
(Mark Twain, Les Aventures de Tom Sawyer, 1876)
« Le soleil venait de se coucher lorsqu'elle sortit la tête de l'eau ; mais les nuages brillaient encore comme de lourdes draperies de velours rouge tissé d'or, toute l'atmosphère était empourprée, l'étoile du soir scintillait au fond, l'air était frais et doux, la mer toute tranquille. À une petite distance se trouvait un grand navire, un trois-mâts ; une voile seulement était hissée, et le bâtiment se balançait sur les flots et bougeait à peine ; il n'y avait pas la moindre brise. Partout, dans les cordages, sur les gréements, on voyait courir les matelots ; ils suspendaient des centaines de lanternes de couleur qui, sur le soir, furent allumées et illuminèrent toute la scène ; les mâts étaient pavoisés des pavillons de toutes les nations. On entendait retentir la musique et de joyeux chants. [...]
Du fond des eaux monta un bruit sourd et confus ; les vagues recommencèrent à s'agiter, au grand plaisir de la princesse de la mer, qui se laissait porter par elles et pouvait de nouveau plonger ses regards dans la cahute où reposait le prince. Le navire se remit en marche : les voiles se gonflèrent l'une après l'autre, les vagues grossirent ; dans le lointain de grands nuages s'amoncelaient, de temps en temps un éclair s'en échappait. C'était l'approche d'une terrible tempête. Les matelots se hâtent de carguer les voiles ; mais le navire, poussé par l'ouragan, n'en voguait pas moins avec une rapidité vertigineuse à travers les flots en fureur. Les vagues se soulevaient comme de noires montagnes, plus hautes que les mâts, et menaçaient à chaque instant d'engloutir le bâtiment ; celui-ci se relevait comme un cygne et bondissait sur la cime de la vague, haute comme une tour. [...] Elle attacha ses regards sur le navire, cherchant à voir ce que devenait le jeune prince. Justement une vague l'entraînait ; le navire, fendu par le milieu, sombrait. »
(Hans Christian Andersen, La Petite Sirène, trad. Louis Moland, 1837)