Polynésie, 2009, voies technologiques
Vous répondrez dans un développement composé, en vous appuyant sur les textes du corpus, ceux que vous avez étudiés en classe ainsi que sur vos lectures personnelles.
Attendez-vous de la poésie qu'elle se consacre à l'expression de souvenirs personnels ?
Texte A : Marceline Desbordes-Valmore, "La Maison de ma mère" extrait de "Pauvre fleurs" dans Poésies
1839
"La Maison de ma mère"
Maison de la naissance, ô nid, doux coin du monde !
Ô premier univers où nos pas ont tourné !
Chambre ou ciel, dont le cœur garde la mappemonde,
Au fond du temps je vois ton seuil abandonné.
Je m'en irais aveugle et sans guide à ta porte,
Toucher le berceau nu qui daigna me nourrir.
Si je deviens âgée et faible, qu'on m'y porte !
Je n'y pus vivre enfant1, j'y voudrais bien mourir,
Marcher dans notre cour où croissait un peu d'herbe,
Où l'oiseau de nos toits descendait boire et puis,
Pour coucher ses enfants, becquetait l'humble gerbe2,
Entre les cailloux bleus que mouillait le grand puits !
De sa fraîcheur lointaine il lave encor mon âme,
Du présent qui me brûle il étanche la flamme,
Ce puits large et dormeur au cristal enfermé
Où ma mère baignait son enfant bien-aimé.
Lorsqu'elle berçait l'air avec sa voix rêveuse,
Qu'elle était calme et blanche et paisible le soir,
Désaltérant le pauvre assis, comme on croit voir
Aux ruisseaux de la Bible une fraîche laveuse !
Elle avait des accents d'harmonieux amour
Que je buvais du cœur en jouant dans la cour.
Ciel ! Où prend donc sa voix une mère qui chante
Pour aider le sommeil à descendre au berceau ?
1 Marceline Desbordes-Valmore a quitté la maison natale à l'âge de 11 ans, en 1797.
2 Touffe d'herbe.
Texte B : Alphonse de Lamartine, "L'Âme", extrait de "La Vigne et la maison", publié dans Cours familier de Littérature
1856
Le poète présente une conversation entre son âme et lui-même. Il vient de décrire avec nostalgie la maison et les lieux de son enfance. L'âme lui tient le discours suivant.
L'Âme
Que me fait le coteau, le toit, la vigne aride ?
Que me ferait le ciel, si le ciel était vide ?
Je ne vois en ces lieux que ceux qui n'y sont pas !
Pourquoi ramènes-tu mes regrets sur leur trace ?
Des bonheurs disparus se rappeler la place,
C'est rouvrir des cercueils pour revoir des trépas1 !
Le mur est gris, la tuile est rousse,
L'hiver a rongé le ciment ;
Des pierres disjointes la mousse
Verdit l'humide fondement ;
Les gouttières, que rien n'essuie,
Laissent, en rigoles de suie,
S'égoutter le ciel pluvieux,
Traçant sur la vide demeure
Ces noirs sillons par où l'on pleure,
Que les veuves ont sous les yeux ;
La porte où file l'araignée,
Qui n'entend plus le doux accueil,
Reste immobile et dédaignée
Et ne tourne plus sur son seuil ;
Les volets que le moineau souille,
Détachés de leurs gonds de rouille,
Battent nuit et jour le granit ;
Les vitraux brisés par les grêles
Livrent aux vieilles hirondelles
Un libre passage à leur nid !
Leur gazouillement sur les dalles
Couvertes de duvets flottants
Est la seule voix de ces salles
Pleines des silences du temps.
De la solitaire demeure
Une ombre lourde d'heure en heure
Se détache sur le gazon ;
Et cette ombre, couchée et morte,
Est la seule chose qui sorte
Tout le jour de cette maison !
1 Morts.
Texte C : Louis Mercier, "La Maison", Le Poème de la maison
1910
La vie, hélas ! ne lui1 fut pas toujours légère.
Comme les paysans que le grand âge tord,
La maison a souffert, ennuis, deuils et misères,
Tant et tant que, peut-être, elle pense à la mort !
Elle a pâti2 du vent, des frimas, de la neige.
Plus d'une fois, les jours de gros temps, elle a dû,
Pour ne pas s'écrouler sur ceux qu'elle protège,
S'enraciner au sol d'un effort éperdu.
Puis elle a pris sa part des mauvaises années,
- Quand le sol est avare et que la glèbe3 ment,
Quand l'été furieux brûle l'herbe fanée
Et que les prés jaunis se meurent lentement.
La veille des moissons, lorsque les blés mûrs penchent,
Maintes fois elle a vu le ciel crouler sur eux
Et tuer lâchement avec ses pierres blanches
Les épis qui riaient sous le soleil heureux !
Et des peines encor pires lui sont venues
De ceux des siens qu'elle a vus partir sans retour,
Et dont les pas amis et dont les voix connues
Ne font plus le bruit cher qu'ils faisaient tous les jours.
La maison a souffert... Mais les chagrins et l'âge
Ont mis en elle un charme émouvant et sacré :
On ne sait quoi d'humain respire en son visage ;
Et ses yeux semblent beaux d'avoir souvent pleuré.
1 Il s'agit de la maison.
2 Elle a souffert.
3 Terre cultivée.
Quel champ lexical domine dans le poème suivant, qui permet de dire que le souvenir personnel donne la possibilité de parler de grandes questions humaines ?
Texte C : Louis Mercier, "La Maison", Le Poème de la maison
1856
La vie, hélas ! ne lui1fut pas toujours légère.
Comme les paysans que le grand âge tord,
La maison a souffert, ennuis, deuils et misères,
Tant et tant que, peut-être, elle pense à la mort !
Elle a pâti2 du vent, des frimas, de la neige.
Plus d'une fois, les jours de gros temps, elle a dû,
Pour ne pas s'écrouler sur ceux qu'elle protège,
S'enraciner au sol d'un effort éperdu.
Puis elle a pris sa part des mauvaises années,
- Quand le sol est avare et que la glèbe3 ment,
Quand l'été furieux brûle l'herbe fanée
Et que les prés jaunis se meurent lentement.
La veille des moissons, lorsque les blés mûrs penchent,
Maintes fois elle a vu le ciel crouler sur eux
Et tuer lâchement avec ses pierres blanches
Les épis qui riaient sous le soleil heureux !
Et des peines encor pires lui sont venues
De ceux des siens qu'elle a vus partir sans retour,
Et dont les pas amis et dont les voix connues
Ne font plus le bruit cher qu'ils faisaient tous les jours.
La maison a souffert... Mais les chagrins et l'âge
Ont mis en elle un charme émouvant et sacré :
On ne sait quoi d'humain respire en son visage ;
Et ses yeux semblent beaux d'avoir souvent pleuré.
1 Il s'agit de la maison.
2 Elle a souffert.
3 Terre cultivée.
Comment s'appelle le mouvement des poètes en quête du "beau" et de "l'impersonnel" ?
On considère le sujet de dissertation suivant :
"Attendez-vous de la poésie qu'elle se consacre à l'expression de souvenirs personnels ?"
Comment appelle-t-on l'expression des sentiments personnels en poésie ?
Quel type de poésie a pour visée de défendre des idéaux ?
Quel plan permet de répondre à cette problématique ?
À quelle époque les poètes se mettent-ils à célébrer des objets de la vie quotidienne ?
Quel registre domine dans le texte suivant ?
Texte B : Alphonse de Lamartine, "L'Âme", extrait de "La Vigne et la maison", publié dans Cours familier de Littérature
1856
Le poète présente une conversation entre son âme et lui-même. Il vient de décrire avec nostalgie la maison et les lieux de son enfance. L'âme lui tient le discours suivant.
L'Âme
Que me fait le coteau, le toit, la vigne aride ?
Que me ferait le ciel, si le ciel était vide ?
Je ne vois en ces lieux que ceux qui n'y sont pas !
Pourquoi ramènes-tu mes regrets sur leur trace ?
Des bonheurs disparus se rappeler la place,
C'est rouvrir des cercueils pour revoir des trépas1 !
Le mur est gris, la tuile est rousse,
L'hiver a rongé le ciment ;
Des pierres disjointes la mousse
Verdit l'humide fondement ;
Les gouttières, que rien n'essuie,
Laissent, en rigoles de suie,
S'égoutter le ciel pluvieux,
Traçant sur la vide demeure
Ces noirs sillons par où l'on pleure,
Que les veuves ont sous les yeux ;
La porte où file l'araignée,
Qui n'entend plus le doux accueil,
Reste immobile et dédaignée
Et ne tourne plus sur son seuil ;
Les volets que le moineau souille,
Détachés de leurs gonds de rouille,
Battent nuit et jour le granit ;
Les vitraux brisés par les grêles
Livrent aux vieilles hirondelles
Un libre passage à leur nid !
Leur gazouillement sur les dalles
Couvertes de duvets flottants
Est la seule voix de ces salles
Pleines des silences du temps.
De la solitaire demeure
Une ombre lourde d'heure en heure
Se détache sur le gazon ;
Et cette ombre, couchée et morte,
Est la seule chose qui sorte
Tout le jour de cette maison !
1 Morts.
Quelle époque de sa vie évoque la poétesse dans le texte suivant ?
Texte A : Marceline Desbordes-Valmore, "La Maison de ma mère" tiré de "Pauvre fleurs" dans Poésies
1839
"La Maison de ma mère"
Maison de la naissance, ô nid, doux coin du monde !
Ô premier univers où nos pas ont tourné !
Chambre ou ciel, dont le cœur garde la mappemonde,
Au fond du temps je vois ton seuil abandonné.
Je m'en irais aveugle et sans guide à ta porte,
Toucher le berceau nu qui daigna me nourrir.
Si je deviens âgée et faible, qu'on m'y porte !
Je n'y pus vivre enfant1, j'y voudrais bien mourir,
Marcher dans notre cour où croissait un peu d'herbe,
Où l'oiseau de nos toits descendait boire et puis,
Pour coucher ses enfants, becquetait l'humble gerbe2,
Entre les cailloux bleus que mouillait le grand puits !
De sa fraîcheur lointaine il lave encor mon âme,
Du présent qui me brûle il étanche la flamme,
Ce puits large et dormeur au cristal enfermé
Où ma mère baignait son enfant bien-aimé.
Lorsqu'elle berçait l'air avec sa voix rêveuse,
Qu'elle était calme et blanche et paisible le soir,
Désaltérant le pauvre assis, comme on croit voir
Aux ruisseaux de la Bible une fraîche laveuse !
Elle avait des accents d'harmonieux amour
Que je buvais du cœur en jouant dans la cour.
Ciel ! Où prend donc sa voix une mère qui chante
Pour aider le sommeil à descendre au berceau ?
1 Marceline Desbordes-Valmore a quitté la maison natale à l'âge de 11 ans, en 1797.
2 Touffe d'herbe.