Sommaire
IL'intitulé du parcours : « La célébration du monde »ALes termes du parcours1Définitions 2Procédés littéraires de la célébrationBLa célébration du monde, une tradition littéraire1La célébration du monde, un topos littéraire2La Célébration du monde en littérature 3La tradition du locus amoenus dans les textes antiquesIIL'auteur : ColetteIIIL'œuvre : Sido suivi de Les Vrilles de la vigneAContexte des œuvresBLes Vrilles de la vigne (1908)1L'amour et le désir2La liberté3L'amitié4L'enfance5La nature6La mer7Les animaux 8Les activités artistiques et mondainesCSido (1930)1Résumé 2Thèmes 3Les personnages dans SidoL'intitulé du parcours : « La célébration du monde »
L'intitulé du parcours « La célébration du monde » nous invite à nous demander pourquoi et comment les écrivains célèbrent le monde.
Les termes du parcours
La « célébration » du monde consiste à faire l'éloge de l'univers qui nous entoure via un lexique mélioratif, des figures de l'amplification et un registre lyrique.
Définitions
La « célébration » du monde glorifie l'univers qui nous entoure. L'auteur y exprime sa conception subjective du bonheur.
- Le verbe « célébrer » signifie glorifier, magnifier, vanter hautement, louer. Il peut vouloir dire également « solenniser » c'est-à-dire rendre solennel.
- Le nom « célébration » signifie « action de célébrer ». Les célébrations ont lieu lors d'une fête religieuse, d'un mariage, d'une fête etc. … La célébration est donc une sorte de cérémonie, de rituel.
- Le nom « monde » désigne l'Univers, la Terre, le ciel mais aussi tout ce qui les compose (les hommes, les animaux, les végétaux, les minéraux …)
Faire la « célébration » du monde c'est donc faire l'éloge de ce qui le compose à travers un rituel. Ici, le rituel est d'ordre littéraire. On peut faire la célébration de la nature, d'une personne, d'un lieu, d'un souvenir …
La célébration du monde, montre toujours, de manière implicite ou explicite, la conception que l'auteur a du bonheur et de la vie. C'est donc un point de vue subjectif et optimiste qui est exprimé.
Éloge
L'éloge cherche à valoriser une personne, une idée, un lieu, en faisant ressortir ses qualités. L'éloge repose, en général, sur des valeurs morales, humaines et esthétiques. Quand on fait un éloge, on dit que l'on « loue » quelqu'un ou quelque chose.
Procédés littéraires de la célébration
La célébration littéraire consiste à établir la supériorité de quelqu'un ou de quelque chose via un lexique mélioratif, des figures de l'amplification et un registre lyrique.
La célébration littéraire est un texte ou un discours par lequel on établit la supériorité de quelqu'un ou de quelque chose grâce à des termes et procédés propres à l'éloge. Pour louer un lieu ou une personne, l'auteur peut employer divers procédés : un lexique mélioratif, des figures d'analogie valorisantes (comparaison, métaphore), des figures de l'amplification (hyperbole, gradation), des figures de l'opposition (antithèse), des superlatifs (exemple : Il est le plus beau.) ou des comparatifs de supériorité (exemple : Il est plus beau que son frère.) L'éloge peut aussi s'appuyer sur un embellissement de la réalité et l'emphase. On retrouve, enfin, l'emploi du registre lyrique et/ou du registre épidictique.
Emphase
L'emphase est l'exagération dans la manière de dire ou d'écrire, qui se traduit soit dans le style (emploi de mots ou de formules outrés, pompeux), soit dans le ton, la voix et parfois le geste. (définition CNRTL)
Registre épidictique
Le registre épidictique consiste à faire l'éloge ou le blâme de quelqu'un ou de quelque chose.
La célébration du monde, une tradition littéraire
La célébration du monde est un topos en littérature depuis l'Antiquité. Ce thème a toujours inspiré les écrivains.
La célébration du monde, un topos littéraire
La célébration du monde est un thème qui revient souvent en littérature.
Un topos littéraire est un sujet, un thème littéraire qui revient souvent et devient alors une sorte de lieu commun, de stéréotype. Il existe de nombreux topoï en littérature : la scène de la première rencontre amoureuse, le récit de la naissance dans les autobiographies, la scène de combat dans les romans de chevalerie etc. …
La « célébration du monde » est un topos littéraire car on le retrouve dans de nombreuses et diverses œuvres de l'Antiquité à nos jours.
On dit un topos et des topoï.
La Célébration du monde en littérature
La célébration du monde en littérature débute dès l'Antiquité et se poursuit jusqu'à nos jours.
Dans l'Antiquité, le genre épidictique, permet de faire l'éloge ou le blâme de quelque chose ou de quelqu'un. Ainsi, Ovide, dans ses Métamorphoses (Ier siècle après J.-C.), célèbre l'âge d'or. Dans la Bible, c'est le jardin d'Eden, c'est-à-dire le paradis terrestre, qui est glorifié.
Au XVIIIe siècle, Jean-Jacques Rousseau dans ses Rêveries du promeneur solitaire (1761) célèbre le bonheur d'être oisif et contemplatif dans la Nature. À travers le récit de ses voyages, il invite le lecteur à s'émerveiller avec lui de la beauté du monde.
Le XIXe siècle voit l'avènement de l'écriture lyrique et de l'écriture de soi. L'écrivain est sensible au monde qui l'entoure. Bien qu'il le blâme, il en fait aussi l'éloge. Les Romantiques (Hugo, Lamartine etc. …) placent la Nature au cœur de leurs œuvres. Pour eux, la Nature est un lieu à travers lequel Dieu manifeste sa grandeur, un lieu de repos et de recueillement mais elle est aussi le reflet de l'âme de l'Homme.
George Sand, dans Histoire de ma vie, célèbre, avec bonheur, la liberté que la Nature lui donne. Jules Renard, dans Histoires naturelles (1890), porte un regard émerveillé sur le monde qui l'entoure.
Au XXe siècle, de nombreux écrivains évoquent le bonheur de leur enfance et le monde qui était le leur à ce moment-là. Dans Un amour de Swann (1913) de Marcel Proust, le narrateur livre, avec nostalgie, ses souvenirs d'enfance. Albert Cohen dans Le Livre de ma mère (1954) ou bien Romain Gary dans La Promesse de l'aube (1960), racontent tout l'amour pour leur mère. Nicolas Bouvier, à travers L'Usage du monde (1963), célèbre le bonheur de voyager et de découvrir le monde. D'autres auteurs portent un regard neuf et émerveillé sur les choses simples qui nous entourent. Ainsi, Francis Ponge, dans ses poèmes du recueil Le Parti pris des choses (1942) célèbre la beauté des objets du quotidien.
Il existe trois genres du discours répertoriés par Aristote dans sa Rhétorique : le discours délibératif (ou politique), le discours judiciaire et le discours épidictique (ou démonstratif). Tous trois forment l'art de la rhétorique.
Âge d'or
L'âge d'or, dans la mythologie antique, est une période de bonheur et de paix qui suit la création de l'Homme. L'homme vit alors en harmonie totale avec la Nature.
La tradition du locus amoenus dans les textes antiques
La tradition littéraire du thème d'un lieu naturel d'une grande beauté proche du paradis terrestre existe depuis l'Antiquité.
« Locus amoenus » est une expression latine qui signifie « lieu agréable ».
La tradition littéraire du locus amoenus existe depuis l'Antiquité. Il s'agit d'un topos faisant généralement référence à un lieu naturel d'une grande beauté, idéalisé, sécurisant et confortable. Traditionnellement, on trouve dans le locus amoenus, une nature luxuriante et généreuse, des parties ombragées, une source d'eau et une chaleur délicate. Les Hommes y vivent dans la douceur et l'harmonie. C'est un lieu qui est proche du paradis terrestre. De nombreuses œuvres littéraires mettent en scène ce topos. Ainsi, Virgile dans Les Bucoliques (IIIe siècle avant J.-C.), évoque l'Arcadie, un pays isolé, idyllique et idéal, doux et paisible, peuplé de bergers heureux, vivant en harmonie les uns avec les autres.
Dans Sido, on retrouve, à plusieurs reprises, l'évocation d'un locus amoenus et notamment dans un passage du chapitre 1 dans lequel Colette raconte ses promenades matinales.
« Je revenais à la cloche de la première messe. Mais pas avant d'avoir mangé mon saoul, pas avant d'avoir dans les bois, décrit un grand circuit de chien qui chasse seul, et goûté l'eau de deux sources perdues, que je révérais. L'une se haussait hors de la terre par une convulsion cristalline, une sorte de sanglot, et traçait elle-même son lit sableux. Elle se décourageait aussitôt née et replongeait sous la terre. L'autre source, presque invisible, froissait l'herbe comme un serpent, s'étalait secrète, au centre d'un pré où des narcisses, fleuris en ronde, attestaient seuls sa présence. La première avait goût de feuille de chêne, la seconde de fer et de tige de jacinthe... Rien qu'à parler d'elles je souhaite que leur saveur m'emplisse la bouche au moment de tout finir, et que j'emporte, avec moi, cette gorgée imaginaire... »
Colette
Sido
1930
Ce lieu qu'explore Colette enfant a tout du locus amoenus. En effet, on y retrouve la luxuriance de la nature, la source d'eau et l'impression qu'il est une sorte de paradis originel, vierge de tout Homme et protecteur pour l'enfant.
L'intitulé du parcours invite à se poser diverses questions :
- Comment les écrivains célèbrent-ils le monde ?
- Pourquoi les écrivains célèbrent-ils le monde ?
- Dans quelle mesure la célébration du monde a-t-elle un caractère à la fois intime et universel ?
- En quoi la littérature permet-elle de porter un regard particulier sur le monde ?
L'intitulé du parcours invite également à se poser les questions suivantes sur Sido et Les Vrilles de la vigne :
- Comment l'écriture de Colette célèbre-t-elle le monde dans Sido et Les Vrilles de la vigne ?
- Comment Colette célèbre-t-elle la nature qui l'entoure ?
- Comment Colette célèbre-t-elle les êtres aimés qui composent son monde ?
- Comment Colette célèbre-t-elle le monde de l'enfance ?
- Comment Colette célèbre-t-elle sa mère ?
L'auteur : Colette
Auteur emblématique de la littérature française du XXe siècle, Colette a laissé une œuvre considérable composée de plus d'une cinquantaine de romans. Ses écrits ont connu un tel succès que nombre d'entre eux ont été adaptés au théâtre, au cinéma et à la télévision.
Sidonie-Gabrielle Colette, dite Colette, est née le 28 janvier 1873 à Saint-Sauveur-en-Puisaye en Bourgogne. Elle vit une enfance heureuse et choyée entourée des membres de sa famille : ses parents, son frère Léopold, son demi-frère Achille et sa demi-sœur Juliette. Elle s'épanouit dans la nature qui est, pour elle, un cocon aussi protecteur que sa famille. Très tôt, elle se prend d'intérêt pour la lecture et découvre la littérature française auprès de son père.
À la suite de problèmes d'argent, la famille déménage. Colette quitte définitivement Saint-Sauveur à la fin de l'année 1891. À Châtillon-sur-Loing, où elle vit désormais, Colette ressent très douloureusement ce départ, qui clôt une période heureuse.
En 1893, elle épouse, Henri Gauthier-Villars, surnommé Willy. Le jeune couple s'installe à Paris. Très influent dans le monde artistique de l'époque, Willy, critique musical, écrivain et propriétaire d'une maison d'édition, introduit Colette dans les cercles littéraires. La jeune femme développe son écriture et son époux l'utilise comme prête-plume.
Dès 1895, Willy incite Colette à écrire ses souvenirs d'enfance. C'est ainsi que paraissent Claudine à l'école (1900), Claudine à Paris (1901), Claudine en ménage (1902) et Claudine s'en va (1903). Tous sont publiés sous le nom de Willy. Le cycle des Claudine rencontre un énorme succès à l'époque. Forte de ce succès, Colette s'émancipe doucement de son mari. Ainsi en 1904 elle signe son premier recueil de textes sous le nom de Willy Colette.
En 1905, alors que son père vient de mourir et que son couple bat de l'aile, elle entame une liaison avec Mathilde de Morny, dite « Missy » à laquelle elle dédiera de nombreuses œuvres dont quelques textes des Vrilles de la vigne. En 1906, elle se sépare de Willy.
Avant de se consacrer exclusivement à sa carrière littéraire, elle devient mime, danseuse et comédienne dans les music-halls parisiens. Elle mène alors une vie libre et scandaleuse, s'affichant régulièrement nue sur scène, assumant sa bisexualité ou portant, au quotidien, des habits d'homme. En 1907, elle fait tout particulièrement scandale en embrassant, sur scène, Missy dans le spectacle Rêve d'Égypte. En 1908 paraissent Les Vrilles de la vigne qui regroupent des textes écrits entre 1907 et 1908.
En 1910, elle divorce de Willy.
En 1912, le demi-frère de Colette, Achille, et sa mère, Sido, meurent. Cette même année, elle épouse Henry de Jouvenel, homme politique et journaliste. Un an plus tard naît sa fille, Colette de Jouvenel, surnommée Bel-Gazou. Colette entretient alors une liaison avec Bertrand, le fils de son mari, qui n'est âgé que de 16 ans.
En 1919, Colette devient la directrice littéraire du quotidien Le Matin dont son mari est rédacteur en chef.
En 1923, elle divorce officiellement pour la seconde fois. Cette période difficile émotionnellement donnera naissance à plusieurs ouvrages tels que Chéri (1920), La maison de Claudine (1922) et Le Blé en herbe (1923) qui fait scandale. Ses romans mettent en scène les amours de femmes mûres avec des hommes plus jeunes.
En 1925, Colette entame une liaison avec Maurice Goudeket qui a seize ans de moins qu'elle. En 1932, elle ouvre une boutique de produits cosmétiques. En 1935, elle se marie avec Maurice.
En 1942, elle sauve son mari, qui est juif, du camp de concentration de Compiègne, grâce à ses relations. Immobilisée dans son appartement parisien par une arthrite à la hanche, Colette continue d'écrire et de publier.
En 1945, elle est la première femme élue à l'Académie Goncourt dont elle devient présidente en 1949. Consciente que la célébrité vient avec la maîtrise de son image médiatique, elle devient l'écrivain le plus photographié du XXe siècle en apparaissant dans de nombreux magazines. Un documentaire lui est même consacré en 1952.
En 1953, elle est faite Grand officier de la Légion d'honneur et publie Paradis terrestre, sa dernière œuvre de son vivant. Souffrant de polyarthrite, elle cesse complètement d'écrire au début des années cinquante. Elle décède le 3 août 1954 dans son appartement parisien du Palais-Royal. L'Église catholique lui refuse un enterrement religieux en raison de sa vie sulfureuse (divorces, lesbianisme …). Mais la France l'honore et elle devient la première femme à recevoir des obsèques nationales.
L'œuvre : Sido suivi de Les Vrilles de la vigne
À travers des anecdotes marquantes et des descriptions sensuelles, Colette célèbre le monde dans ces deux ouvrages. Sa prose poétique propose un regard émerveillé sur les êtres aimés, l'enfance, la nature et les lieux qu'elle a fréquentés.
Contexte des œuvres
Aucun événement historique n'est évoqué dans Sido et Les Vrilles de la vigne. En effet, Colette se contente de raconter ses souvenirs personnels. Les faits narrés se limitent donc au cercle familial et amical. En revanche, ces deux œuvres reflètent l'état d'esprit, les mœurs et l'ambiance de l'époque de l'autrice.
- La période qui va de 1890 à 1914 est nommée la Belle époque. C'est une période de paix et de prospérité économique. Les progrès scientifiques et techniques sont importants. C'est à cette époque que sont inventés la radio, le cinéma, les automobiles, le métro. L'électricité rentre dans les foyers. Les loisirs se développent avec, par exemple, un attrait particulier pour les séjours à la mer. Les Arts évoluent et se modernisent. Des nouvelles formes romanesques (À la recherche du temps perdu, Marcel Proust), théâtrales (théâtre de boulevard), poétiques (Alcools, Guillaume Apollinaire), musicales (Boléro, Maurice Ravel) et picturales (le cubisme, Picasso) apparaissent. La Belle époque est donc marquée par une certaine effervescence scientifique, technique et culturelle.
- La période qui va de 1920 à 1930 environ est nommée les Années folles. Les Français, éprouvés par la Ire guerre mondiale, souhaitent s'amuser, se distraire et profiter de la vie. La France est très influencée par la culture américaine. Le jazz s'impose, des danses nouvelles apparaissent (charleston). Le mouvement littéraire et artistique qui domine cette époque est le surréalisme (Louis Aragon, Paul Éluard, Salvador Dali, …). Les Parisiens fréquentent les dancings, les music-hall et les cabarets. C'est l'époque des « garçonnes » qui sont des femmes qui s'habillent comme des hommes, portent les cheveux courts et fument. Leur comportement est considéré comme subversif c'est-à-dire qui renverse les codes et la morale établis.
- Cependant, les droits des femmes restent très restreints. Les femmes mariées sont privées de droits juridiques et sont soumises à l'autorité de leur mari par le Code Napoléon encore en vigueur. Elles n'acquerront le droit de vote qu'en 1944.
- Les années qui suivent les années 30 sont marquées par une crise économique et sociale.
Les Vrilles de la vigne (1908)
Les Vrilles de la vigne est un recueil de 18 nouvelles publié en 1908. En 1909, Colette y ajoute deux textes et trois autres en 1933. L'ordre de ces récits ne suit pas de logique chronologique. Ces nouvelles d'inspiration autobiographique adoptent des thèmes, des formes et des genres variés. Colette, avec l'écriture des Vrilles de la vigne, s'émancipe de Willy et s'affirme, à travers ses textes, en tant qu'autrice et en tant que femme.
On peut distinguer des thèmes communs aux textes qui composent le recueil.
L'amour et le désir
L'amour et le désir sont évoqués dans plusieurs textes du recueil.
Voici trois textes dans lesquels on distingue le thème de l'amour et du désir :
- « Nuit blanche ». Dans cette nouvelle, la narratrice raconte avec beaucoup de sensualité ses nuits d'amour avec son amante.
- « Nonoche ». Nonoche, la chatte, s'occupe de son chaton. Elle rencontre un Matou qui ne ressemble pas à grand-chose mais qui lui promet un amour sauvage, intense mais éphémère. Nonoche se laisse séduire et suit le Matou en laissant son chaton derrière elle.
- « La Dame qui chante ». Le narrateur ressent une attirance fulgurante pour une cantatrice qui ne lui plaisait pas du tout avant qu'elle ne se mette à chanter. À la fin du récital, il l'aborde mais elle le repousse. Il n'attend qu'une chose, qu'elle recommence à chanter pour ressentir de nouveau cet intense désir.
La liberté
Dans « Les Vrilles de la vigne », le rossignol est une allégorie de Colette retrouvant sa liberté.
- « Les Vrilles de la vigne ». Ce texte se présente comme un conte. Un rossignol se retrouve prisonnier d'une vigne, les pattes empêtrées dans les vrilles mais il parvient, au bout de longs efforts, à se libérer. Pour ne plus jamais être retenu, il chante toute la nuit afin de ne pas s'endormir. Plus jamais le rossignol ne se laissera emprisonner.
Ce premier texte, qui ouvre le recueil, est une allégorie. Ce rossignol, c'est Colette qui retrouve sa liberté.
Allégorie
L'allégorie est une figure de style qui exprime de manière concrète une notion abstraite.
Cupidon est l'allégorie de l'amour.
L'amitié
L'amitié entre Valentine et la narratrice est abordée dans plusieurs textes du recueil.
Dans les textes suivants, Colette raconte divers moments de vie entre la narratrice et son amie Valentine :
- « Belles-de-jour ». La narratrice et une amie, Valentine (que son amant vient de quitter), discutent du chagrin et des souffrances que les femmes supportent pour pouvoir plaire aux hommes.
- « De quoi est-ce qu'on a l'air ? ». Valentine s'invite chez la narratrice qui en est très agacée car elle espérait être tranquille. Elles prennent le thé et discutent de choses sans importance puis Valentine finit par s'endormir. La narratrice est là pour veiller sur elle.
- « La Guérison ». La narratrice explique que Valentine a disparu sans donner de nouvelles car elle désapprouve que la narratrice se produise sur une scène de music-hall. Cependant, Valentine refait surface après sa rupture avec son amant et cherche du réconfort auprès de la narratrice.
L'enfance
La thématique de l'enfance est très présente dans le recueil.
Les deux textes suivants font écho à l'enfance de la narratrice :
- « Rêverie du nouvel an ». Un soir de nouvel an, la narratrice rentre chez elle avec ses chiennes après une promenade dans la nuit enneigée. C'est l'occasion pour elle de se souvenir, avec bonheur et nostalgie, des nouvels-ans de son enfance.
- « Chanson de la danseuse ». La narratrice explique que, malgré ce qu'on peut en dire, elle n'est pas danseuse car elle n'a jamais appris à danser. C'est l'occasion pour elle de se remémorer des souvenirs d'enfance et de montrer que la danse l'accompagnera jusqu'à la mort.
La nature
La nature est présentée comme un lieu d'épanouissement.
Voici deux textes du recueil dans lesquels la narratrice se remémore le jardin de son enfance :
- « Jour gris ». La narratrice, malade, ne supporte plus la mer et la tempête qui règne dehors. Elle se remémore alors le jardin, les forêts, la nature dans lesquels elle s'épanouissait enfant. À la fin de sa rêverie, la tempête a cessé et elle souhaite se rendre sur la plage.
- « Le dernier feu ». C'est la fin de l'hiver. La narratrice contemple le dernier feu de cheminée de l'année. Elle se met alors à rêver de la nature au printemps et se souvient du jardin luxuriant de son enfance.
La mer
La beauté des paysages du littoral est le thème de plusieurs textes du recueil.
Dans les textes suivants, Colette évoque la beauté des paysages de bord de plage :
- « En marge d'une page blanche I (En baie de Somme) ». Lors d'un séjour en bord de mer, la narratrice se moque des touristes parisiens et contemple, admirative, les oiseaux présents.
- « En marge d'une page blanche II ». La narratrice est sur le bord de la plage. Elle continue à se moquer des touristes parisiens. Alors qu'elle se promène dans la forêt de Crécy, elle se délecte des odeurs et sensations qui l'assaillent.
- « Partie de pêche ». La narratrice raconte une partie de pêche à pied avec des amis. Elle s'extasie devant la douceur et la beauté des paysages de la baie de Somme. C'est une activité qui lui apporte un intense bonheur. La pêche est bonne mais quand tout le monde rentre, tous sont écœurés par l'odeur du poisson.
Les animaux
Les chiens et les chats, notamment sous la forme de personnages, sont au cœur de plusieurs textes du recueil.
Dans les textes suivants, chiens et chats sont mis en avant :
- « Toby-chien parle ». Ce texte prend la forme d'une saynète. C'est un dialogue entre Kiki-La-Doucette, un chat, et Toby-Chien. Ils parlent des habitudes de leur maîtresse et de son désir de liberté.
- « Dialogue de bêtes ». Dans ce texte, toujours sous forme de saynète, Toby-Chien et Kiki-La-Doucette discutent de l'époque où Toby-Chien avait un numéro de music-hall avec sa maîtresse.
- « Toby-chien et la musique ». Toby-Chien répond à une interview sur son goût pour la musique.
- « Amours ». La narratrice, à travers un texte réflexif, exprime son amour pour les chiens et pour les chats qu'elle admire.
- « Un rêve ». Ce texte prend la forme d'un dialogue. La narratrice, dans son rêve, discute avec le fantôme d'une chienne qu'elle a aimée mais dont elle est incapable de se souvenir du nom.
Saynète
Une saynète est une courte pièce comique composée de peu de personnages.
Les activités artistiques et mondaines
Les activités artistiques et mondaines font l'objet de plusieurs textes.
Voici deux textes dans lesquels Colette décrit les activités artistiques et mondaines :
- « Music-Halls ». Dans la première partie de ce texte, la narratrice raconte une anecdote qui s'est déroulée dans le music-hall où elle se produit. Une des artistes, Mme Loquette, en raison d'un problème avec son costume, est contrainte de réaliser son numéro à demi-nue. Dans la seconde partie de ce texte, la narratrice brosse des portraits hauts en couleurs des artistes et spectateurs du music-hall.
- « Printemps de la Riviera ». La narratrice décrit, avec moquerie, les participants d'un bal mondain à Nice et les clients du casino de Monte-Carlo. Elle finit par décrire, avec beaucoup d'admiration, le paysage niçois.
Deux nouvelles sont un peu à part, inclassables. Il s'agit tout d'abord de « Le Miroir » dans laquelle Colette rencontre son double littéraire « Claudine » duquel elle essaie de se détacher, ne supportant plus l'amalgame que l'on fait entre elle et son personnage. Bien qu'elle s'agace qu'on les confonde, elle admet tout de même qu'il y a des similitudes entre elles. Il s'agit aussi de « Maquillages » où Colette raconte que sa fille se maquille et où elle évoque sa boutique de cosmétiques.
Certaines de ces nouvelles appartiennent à plusieurs thèmes. Par exemple « Nonoche » a pour thème l'amour et la sensualité mais aussi les animaux. De même, la nouvelle « Chanson de la danseuse » a pour thèmes l'enfance, la nature mais aussi l'activité artistique.
Les trois textes qui ont pour dédicace « Pour M … » sont dédiés à Missy.
Sido (1930)
Sido est un roman d'inspiration autobiographique. Colette évoque des souvenirs de son enfance. Elle y célèbre la beauté du monde rural, le monde de l'enfance et les gens qu'elle aime dont sa mère, Sidonie Landoy, surnommée « Sido ». Ce récit permet à Colette de mieux se connaître et de construire son identité. Plus que le portrait de sa mère, c'est son propre portrait qu'elle dresse.
Résumé
À travers cette œuvre, Colette décrit les différents membres de sa famille.
1er chapitre « Sido » : Ce chapitre est consacré à Sidonie Landoy, alias « Sido », la mère de Colette. Colette raconte tout d'abord comment sa mère se moque d'elle parce qu'elle est devenue parisienne. Et puis elle évoque les passages rares et rapides de sa mère à Paris. Ensuite, elle montre à quel point sa mère est une véritable provinciale par son amour de la nature et ses avis très tranchés notamment sur les Parisiens. Elle décrit ensuite les jardins de son quartier natal de Saint-Sauveur-en-Puisaye, puis les paysages qui ont fait son enfance. Elle se remémore aussi la sociabilité de Sido qui converse avec tous ses voisins. Enfin, elle montre que sa mère est émerveillée par tous les aspects de la nature, végétaux et animaux, et qu'elle entretient un rapport tout particulier avec celle-ci, presque comme une déesse de la nature. Enfant, Colette raconte les heures passées chez Adrienne, une amie de Sido, provoquant ainsi la jalousie de sa mère. Colette se rend compte, lors de la rédaction de ce texte, qu'elle ressentait alors une certaine attirance sensuelle pour Adrienne. Le chapitre se termine sur le constat amer qu'en quittant Saint-Sauveur-en-Puisaye, elle a aussi quitté le bonheur.
2ème chapitre « Le Capitaine » : Ce chapitre est consacré au père de Colette qu'elle surnomme le « Capitaine » et qu'elle a peu connu. Elle raconte son intransigeance, ses colères, et son rapport particulier avec sa femme et ses enfants, un rapport mêlé de distance et de tendresse. Elle explique ensuite que son père a perdu sa jambe gauche en 1859 lors de la guerre d'Italie. Ensuite, elle raconte à quel point son père était différent des autres membres de la famille. Il préférait la ville mais organisait des journées à la campagne pour faire plaisir à Sido et à ses enfants. Elle évoque sa mélancolie liée à son amputation, les blagues coquines qu'il racontait et l'amour absolu qu'il vouait à Sido. Il était terrorisé à l'idée qu'elle ne meure avant lui surtout quand cette dernière tombe gravement malade. Colette rend visite à une voyante qui lui dit que son père est heureux car elle est devenue écrivaine. Lui aussi rêvait d'être écrivain. À la mort de son père, elle découvre que tous les cahiers dans lesquels il disait écrire sont en fait complètement vides. Colette décide alors de garder ces carnets vides pour écrire, elle, dedans.
3ème chapitre « Les sauvages » : « Les sauvages », c'est ainsi que Sido surnomme ses deux fils, Achille et Léopold. Elle le surnommait ainsi car ils étaient différents des autres garçons : très minces, ils jouent peu et se tiennent à l'écart des autres garçons. Tout d'abord, Colette évoque le plus jeune de ses deux frères : Léopold. Elle se fie à ses souvenirs mais surtout à ceux de de sa mère. C'est un garçon doué pour la musique, qui se contente de peu et qui se perdait régulièrement. Sido admire en lui son don pour le piano et ne cesse de l'encourager à pratiquer même lorsqu'il est adulte. Alors qu'il est adulte, il rejoint sa sœur, Colette, à Paris et lui explique qu'il est récemment retourné à Saint-Sauveur-en-Puisaye, voir la maison et les paysages de son enfance. Il en revient très déçu car tout a changé. Ensuite, vient un passage sur les deux frères qui ont une discussion littéraire. Ils se moquent des auteurs qui utilisent le mot « mignonne » dans leurs œuvres car ils le trouvent ridicule. Mais lorsqu'ils croisent une jolie jeune fille rousse, l'aîné, Achille dit d'elle qu'elle est « mignonne ». Son frère se moque et s'en suit une courte bagarre révélant combien les frères sont sages et s'entendent bien. Cependant, ils ne sont pas toujours sympathiques et s'en prennent régulièrement à un certain Mathieu M … qui semble pourtant attachés aux deux garçons. La dernière partie de ce chapitre est consacrée à Juliette, la demi-sœur de Colette et aînée de la fratrie. Juliette va se marier. La nouvelle ne semble ravir ni Sido ni Achille et Léopold. Tout d'abord parce qu'ils n'approuvent pas le choix de son époux et ensuite parce que Juliette a toujours été un peu à part de la famille. Les deux frères ne voient donc pas pourquoi ils devraient assister à la noce. Finalement, ils consentent à y aller et y jouent même un morceau de musique rendant la petite Colette très fière de ses frères. Finalement, les deux frères s'éclipsent très vite au moment du bal, n'aimant pas la présence des gens.
Thèmes
Dans Sido et Les Vrilles de la vigne, Colette célèbre tout à la fois la nature, la liberté, les gens qu'elle aime et son enfance. Sa célébration du monde passe par l'évocation des cinq sens. En effet, elle a un rapport très sensuel aux gens et au monde qui l'entoure tant animal que végétal ou minéral.
- La célébration de la nature. À travers de nombreuses descriptions des paysages de son enfance et à travers l'évocation des sensations qu'elle ressent au cœur de la nature, Colette célèbre la beauté et l'harmonie de la nature. L'autrice est particulièrement sensible aux odeurs qui se dégagent de la nature (Sido, 1er chapitre ; « Printemps de la Riviera » ; « Le Dernier feu ») mais aussi aux goûts qu'elle offre (Sido, 1er chapitre ; « Nuit blanche »), aux sons qu'elle produit (« Jour gris ») et à son contact physique (Sido, 1er chapitre ; « Rêverie de nouvel an » ; « En marge d'une page blanche II »). Elle semble vivre en communion et en harmonie avec la nature comme sa mère Sido. Colette va notamment abondamment décrire le jardin de son enfance, à Saint-Sauveur-en-Puisaye, sorte de jardin d'Eden aux yeux de la petite fille qu'elle était. De même les animaux sont très importants. Colette leur voue un amour inouï et une admiration sans faille (« Amours »). D'ailleurs, elle les fait même parler dans « Toby-chien parle », « Dialogue de bêtes », « Toby-chien et la musique » et « Un rêve ». Ils occupent, dans la vie de Colette, une place aussi importante que les humains.
- La célébration de la liberté. Colette affirme, tout au long de sa vie, et de son œuvre son amour pour la liberté (« Les vrilles de la vigne »). Ainsi elle rejette le conformisme car elle pense que pour vivre intensément il faut savoir se libérer des contraintes qu'elles soient sociales (Sido, « Les sauvages » ; « Guérison » ; « Printemps de la Riviera »), matrimoniales (« Belles de jour », « De quoi est-ce qu'on a l'air ? »), ou morales (Adrienne, dans le 1er chapitre de Sido).
- La célébration des personnes aimées. Sido et Les Vrilles de la vigne sont des hymnes aux personnes aimées. Sa mère, son père, ses frères mais aussi sa sœur, et ses animaux sont l'objet de toutes les attentions littéraires de Colette. À travers des anecdotes qui paraissent sans importance et des descriptions vivantes, elle les fait vivre et elle montre tout l'amour qu'elle leur porte. Son amour est si fort qu'elle va même jusqu'à diviniser Sido, faisant d'elle une sorte de déesse, de prêtresse de la nature (Sido).
- La célébration du monde de l'enfance. Dans ses deux œuvres, Colette célèbre le monde de l'enfance. Elle associe cette période de sa vie au plaisir des découvertes merveilleuses et au bonheur de la curiosité. Elle semble nostalgique de cette enfance révolue qui était, pour elle, comme un âge d'or. Elle se réfugie alors dans les souvenirs de son enfance pour fuir un quotidien difficile (« Jour gris », « Chanson de la danseuse », « Le Dernier feu », Sido). D'ailleurs, son frère, Léopold, semble être resté un éternel enfant, refusant de grandir, pour rester dans le giron protecteur et rassurant de l'enfance (Sido, « Les sauvages »).
Les personnages dans Sido
Les personnages dans Sido sont les membres de la famille de Colette.
- Sido. C'est un personnage éponyme c'est-à-dire qu'elle donne son nom à l'œuvre. Sidonie Landoy, de son vrai nom, est la mère de Colette. C'est une femme simple et cultivée, typiquement provinciale. Elle aime les ragots et voue un véritable culte à la nature qui est pour elle un espace de liberté et d'évasion. Sa fille la voit un peu comme une déesse de la nature. En effet, Sido semble non seulement capable de lire l'avenir dans les signes de la nature mais aussi capable de comprendre les animaux. Elle est une sorte de pythonisse c'est-à-dire qu'elle est douée du don de prophétie. Femme libre et indépendante, elle semble indifférente aux autres. Elle n'aime pas se mêler « au commun des mortels » (Sido, 1er chapitre). Sido est souvent dure, méprisante et distante avec sa fille qu'elle n'hésite pas à rabrouer régulièrement.
- Le Capitaine. C'est le père de Colette. Personnage étrange, elle le connaît peu. C'est un homme difficile à saisir et à comprendre. Il n'a pas les mêmes centres d'intérêt que sa femme, sa fille et son fils. Il n'aime pas la campagne et lui préfère la ville. Il montre un véritable plaisir de vivre, semble souvent joyeux et de bonne humeur. Mais il souffre en secret de son infirmité car il est amputé d'une jambe. C'est un père aimé et aimant. Il porte un amour absolu à Sido.
- Les sauvages. C'est par ces termes que Sido nomme ses enfants : Juliette, Achille et Léopold. Juliette est un être à part, éloigné de sa famille, la fréquentant peu. Elle est rapidement évoquée à la fin de Sido. Les deux frères de Colette sont assez différents l'un de l'autre tant physiquement que psychologiquement mais ils s'entendent très bien. Ce sont des garçons un peu en marge. Ils ne font pas de sport, et préfèrent les promenades dans la nature à la présence des jeunes de leur âge. Ils paraissent doux, sages et gentils. Cela ne les empêche pas d'avoir un souffre-douleur, Mathieu M…, qu'ils taquinent régulièrement. Ils semblent proches de leur sœur, Colette, notamment Léopold qui lui rend régulièrement visite à Paris. Adulte, il est présenté comme très nostalgique de son enfance, semblant refuser le temps qui passe.