Sommaire
ILes registres qui visent à persuader le lecteurADes registres ponctuels1Le registre pathétique2Le registre tragique3Le registre dramatiqueBDeux registres majeurs1Le registre lyrique2Le registre épiqueCDes registres pour imaginer1Le registre merveilleux2Le registre fantastiqueIILes registres qui visent à convaincre le lecteurAConvaincre par le rire1Le registre comique2Le registre satirique3Le registre ironiqueBDes registres qui orientent la pensée1Le registre didactique2Le registre polémiqueCDes registres qui amplifient1Le registre oratoire2Le registre épidictiqueLes registres qui visent à persuader le lecteur
Des registres ponctuels
Le registre pathétique
Le registre pathétique permet de faire ressentir de la compassion au lecteur. Pour cela, le texte fait souvent appel à :
- Des phrases exclamatives
- Des questions rhétoriques
- Des verbes de sentiments
- Un lexique connoté
- Des métaphores et des comparaisons poignantes
L'auteur peut choisir de faire parler un personnage ou d'impliquer de façon plus implicite le locuteur ou le narrateur pour susciter la pitié du lecteur.
L'aïeule cependant l'approchait du foyer
Comme pour réchauffer ses membres déjà roides.
Hélas ! ce que la mort touche de ses mains froides
Ne se réchauffe plus aux foyers d'ici-bas !
Elle pencha la tête et lui tira ses bas,
Et dans ses vieilles mains prit les pieds du cadavre.
— Est-ce que ce n'est pas une chose qui navre !
Cria-t-elle ; monsieur, il n'avait pas huit ans !
Ses maîtres, il allait en classe, étaient contents.
Monsieur, quand il fallait que je fisse une lettre,
C'est lui qui l'écrivait. Est-ce qu'on va se mettre
A tuer les enfants maintenant ? Ah ! mon Dieu !
On est donc des brigands ! Je vous demande un peu,
Il jouait ce matin, là, devant la fenêtre !
Dire qu'ils m'ont tué ce pauvre petit être !
Il passait dans la rue, ils ont tiré dessus.
Monsieur, il était bon et doux comme un Jésus.
Victor Hugo
"Souvenir de la nuit du 4", Paris, éd. Henri Samuel et Cie
1852
Dans cet extrait, Victor Hugo choisit de faire parler la grand-mère. Il y a des phrases exclamatives, des questions rhétoriques et des comparaisons qui soulignent toute la douleur et l'incompréhension de la vieille femme. C'est le registre pathétique.
Le registre tragique
Le registre tragique désigne une situation sans issue dans laquelle le personnage prend conscience de son impuissance face au destin en marche.
Celui-ci l'exprime par :
- Un registre de langue soutenu
- Des phrases interrogatives et des phrases exclamatives qui expriment sa détresse
- Des champs lexicaux comme celui de la fatalité et de la liberté
- Des métaphores et des comparaisons en lien avec ces champs lexicaux
PHÈDRE.
Soumise à mon époux, et cachant mes ennuis,
De son fatal hymen je cultivais les fruits.
Vaine précautions ! Cruelle destinée !
Par mon époux lui-même à Trézène amenée,
J'ai revu l'ennemi que j'avais éloigné :
Ma blessure trop vive a aussitôt saigné,
Ce n'est plus une ardeur dans mes veines cachée :
C'est Vénus tout entière à sa proie attachée.
J'ai conçu pour mon crime une juste terreur,
J'ai pris la vie en haine, et ma flamme en horreur.
Jean Racine
Phèdre, Acte I, scène 3, Paris, éd. Jean Ribou
1677
Dans cette tirade, Phèdre montre toute l'étendue de son impuissance au moyen d'un champ lexical de l'aliénation et de phrases exclamatives.
Le registre dramatique
Le registre dramatique est proche des registres tragique et pathétique. Le but est d'entraîner le lecteur, de le faire adhérer entièrement à l'action. Le registre dramatique est caractérisé par :
- Une suite rapide d'événements violents, tristes ou joyeux
- Les thématiques de l'amour, de la mort ou de l'injustice
- Des figures de style d'insistance comme la métaphore et la comparaison
- Des figures de style d'exagération comme les hyperboles
— Force à la loi !
On reconnut l'accent inexorable. Cimourdain avait parlé. L'armée frissonna.
Le bourreau n'hésita plus. Il s'approcha tenant sa corde.[...]
On coucha Gauvain sur la bascule. Cette tête charmante et fière s'emboîta dans l'infâme collier. Le bourreau lui releva doucement les cheveux, puis pressa le ressort ; le triangle (de la guillotine) se détacha et glissa lentement d'abord, puis rapidement ; on entendit un coup hideux...
Au même instant on en entendit un autre. Au coup de hache répondit un coup de pistolet. Cimourdain venait de saisir un des pistolets qu'il avait à sa ceinture, et, au moment où la tête de Gauvain roulait dans le panier, Cimourdain se traversait le cœur d'une balle. Un flot de sang lui sortit de la bouche, il tomba mort.
Victor Hugo
Quatrevingt-treize, Paris, éd. Michel Lévy frères
1874
Dans cet extrait, il y a une suite rapide d'événements qui mènent à la mort de deux personnages. Victor Hugo utilise le registre dramatique.
Deux registres majeurs
Le registre lyrique
Le registre lyrique exprime l'intériorité du narrateur, d'un locuteur ou d'un personnage.
Pour exprimer ce qu'il ressent, ce dernier peut employer :
- La première personne du singulier
- Des verbes de sentiments
- Des champs lexicaux en lien avec des sentiments (haine, colère, douleur, amour, etc.)
- Des phrases exclamatives
- Des questions rhétoriques
- Des figures de style par amplification (hyperbole, anaphore, gradation, etc.)
Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;
J'ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m'est et trop molle et trop dure.
J'ai grands ennuis entremêlés de joie.
Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure ;
Mon bien s'en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.
Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et, quand je pense avoir plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.
Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.
Louise Labé
"Je vis, je meurs", Élégies et sonnets, VIII, Lyon, imprimé par Jean de Tournes
1555
Le registre lyrique se manifeste dans ce sonnet par l'emploi de la première personne du singulier, par le développement d'un champ lexical des sensations et par la présence d'hyperboles comme "trop molle et trop dure".
Le registre épique
Le registre épique suscite l'admiration du lecteur. Pour créer cette dernière, le texte peut employer :
- Des verbes d'action en grande quantité
- Des figures de style par amplification ou par opposition
- Un lexique connoté de manière méliorative, en particulier en lien avec le domaine guerrier
C'est le duel effrayant de deux spectres d'airain,
Deux fantômes auxquels le démon prête une âme,
Deux masques dont les trous laissent voir de la flamme.
Ils luttent, noirs, muets, furieux, acharnés.
Les bateliers pensifs qui les ont amenés
Ont raison d'avoir peur et de fuir dans la plaine,
Et d'oser de bien loin les épier à peine ;
Car de ces deux enfants, qu'on regarde en tremblant,
L'un s'appelle Olivier et l'autre a nom Roland.
Et, depuis qu'ils sont là, sombres, ardents, farouches,
Un mot n'est pas encor sorti de ces deux bouches.
Victor Hugo
"Le Mariage de Roland", La Légende des siècles, Paris, éd. Pierre-Jules Hetzel
1859
Ce passage relève du registre épique par l'emploi d'un vocabulaire guerrier ("duel", "luttent", "farouches"), de termes connotés comme "furieux" et "acharnés". Par ailleurs, les métaphores des spectres et les énumérations rendent la scène quasi surnaturelle : ces deux combattants ne sont plus des hommes ordinaires mais des demi-dieux.
Des registres pour imaginer
Le registre merveilleux
Le registre merveilleux met en scène un cadre spatio-temporel surnaturel et coupé de la réalité du lecteur. Pour cela, le texte met en œuvre :
- Un champ lexical du surnaturel
- Des figures par analogie comme la métaphore ou la comparaison
- Un lexique connoté
- De nombreux superlatifs
La bonne fée qui lui avait sauvé la vie, en la condamnant à dormir cent ans, était dans le royaume de Mataquin, à douze mille lieues de là, lorsque l'accident arriva à la princesse ; mais elle en fut avertie en un instant par un petit nain, qui avait des bottes de sept lieues (c'étaient des bottes avec lesquelles on faisait sept lieues d'une seule enjambée).
La fée partit aussitôt, et on la vit, au bout d'une heure, arriver dans un chariot tout de feu, traîné par des dragons.
Charles Perrault
"La Belle au Bois Dormant", Histoires ou Contes du temps passé, Paris, éd. Claude Barbin
1697
Dans cet extrait, le registre merveilleux se manifeste par l'emploi d'un champ lexical du surnaturel avec "fée" et "dragon".
Le registre fantastique
Le registre fantastique crée une atmosphère angoissante dans laquelle le lecteur doute de la véracité de phénomènes d'ordre surnaturel. Pour créer cette atmosphère, le texte fait appel notamment à :
- Un cadre spatio-temporel inquiétant
- Un champ lexical de la peur
- Un champ lexical du surnaturel
- Un lexique de l'étrangeté
- Des modalisateurs qui expriment souvent le doute
- Des métaphores et des comparaisons
Une terreur insurmontable s'empara de moi, mes cheveux se hérissèrent sur mon front, mes dents s'entre-choquèrent à se briser, une sueur froide inonda tout mon corps.
La pendule sonna onze heures. Le vibrement du dernier coup retentit longtemps, et, lorsqu'il fut éteint tout à fait…
Oh ! non, je n'ose pas dire ce qui arriva, personne ne me croirait, et l'on me prendrait pour un fou.
Théophile Gautier
"La Cafetière", Les Jeunes-France : romans goguenards suivis de Contes humoristiques, Paris, éd. Eugène Renduel (1833)
1831
Le registre fantastique se manifeste dans cet extrait par le champ lexical de la peur et par la présence de modalisateurs.
Les registres qui visent à convaincre le lecteur
Convaincre par le rire
Le registre comique
Le registre comique suscite le rire du lecteur. Pour cela, le texte met en œuvre :
- Des répétitions
- Des figures de style par analogie (comparaisons, métaphores, etc.)
- Des figures de style par amplification (hyperboles, gradations, etc.) ou par construction (parallélismes, hypallages, etc.)
- Un lexique connoté
- Une alternance des registres de langage soutenu et familier
Gabriel extirpa de sa manche une pochette de soie couleur mauve et s'en tamponna le tarin.
— Qu'est-ce qui pue comme ça ? dit une bonne femme à haute voix.
Elle pensait pas à elle en disant ça, elle était pas égoïste, elle voulait parler du parfum qui émanait de ce meussieu.
— Ça, ptite mère, répondit Gabriel qui avait de la vitesse dans la repartie, c'est Barbouze, un parfum de chez Fior.
— Ça devrait pas être permis d'empester le monde comme ça, continua la rombière sûre de son bon droit.
— Si je comprends bien, ptite mère, tu crois que ton parfum naturel fait la pige à celui des rosiers. Eh bien, tu te trompes, ptite mère, tu te trompes.
Raymond Queneau
Zazie dans le métro, Paris, éd. Gallimard
1959
Le registre comique de cette scène provient de plusieurs décalages, notamment dans l'alternance des registres de langue familier et soutenu.
Le registre satirique
Le registre satirique dénonce le ridicule de ce qu'il décrit (personne, objet, concept, etc.). Pour exprimer cette critique, le texte fait appel à :
- Un vocabulaire connoté de manière péjorative
- Des figures de style par analogie (métaphores, comparaisons, etc.)
- Des figures de style par amplification (hyperboles, gradations, etc.)
- Des antiphrases
- Un vocabulaire parfois réaliste
Gnathon ne vit que pour soi, et tous les hommes ensemble sont à son égard comme s'ils n'étaient point. Non content de remplir à une table la première place, il occupe lui seul celle de deux autres ; il oublie que le repas est pour lui et pour toute la compagnie ; il se rend maître du plat, et fait son propre de chaque service : il ne s'attache à aucun des mets, qu'il n'ait achevé d'essayer de tous ; il voudrait pouvoir les savourer tous tout à la fois. Il ne se sert à table que de ses mains ; il manie les viandes, les remanie, démembre, déchire, et en use de manière qu'il faut que les conviés, s'ils veulent manger, mangent ses restes.
Jean de La Bruyère
Les Caractères, Paris, éd. Flammarion (1880)
1688
Cet extrait met en œuvre un registre satirique qui se manifeste dans l'emploi d'hyperboles et de termes connotés négativement. La Bruyère fait ici la critique de l'égoïsme.
Le registre ironique
Le registre ironique suscite la critique de manière implicite en exprimant le contraire de ce qui est exprimé explicitement. Pour produire cet effet, le texte utilise :
- Des figures par amplification (hyperboles, gradations, etc.) qui manifestent un trop grand enthousiasme pour que celui-ci soit sincère.
- Des litotes qui font mine d'atténuer pour en réalité amplifier.
- Des antiphrases qui expriment le contraire de l'idée contenue.
À ces causes et autres, pour l'édification des fidèles et pour le bien de leurs âmes, nous leur défendons de jamais lire aucun livre, sous peine de damnation éternelle. Et, de peur que la tentation diabolique ne leur prenne de s'instruire, nous défendons aux pères et aux mères d'enseigner à lire à leurs enfants. Et, pour prévenir toute contravention à notre ordonnance, nous leur défendons expressément de penser, sous les mêmes peines ; enjoignons à tous les vrais croyants de dénoncer à notre officialité quiconque aurait prononcé quatre phrases liées ensemble, desquelles on pourrait inférer un sens clair et net. Ordonnons que dans toutes les conversations on ait à se servir de termes qui ne signifient rien, selon l'ancien usage de la sublime Porte.
Voltaire
De l'horrible danger de la lecture, dans Œuvres complètes de Voltaire, Texte établi par Louis Moland, éd. Garnier (1883)
1765
Cet extrait relève d'un registre ironique par le trop grand enthousiasme exprimé par son locuteur.
Des registres qui orientent la pensée
Le registre didactique
Le registre didactique a pour objectif d'instruire le lecteur. Pour obtenir cet effet, le texte fait appel à :
- L'emploi du présent de vérité générale ou à celui du présent descriptif
- De nombreux connecteurs logiques qui organisent le propos
- Des définitions et des exemples
- Un lexique spécialisé, voire technique
CORDELIER, s. m. (Hist. ecclésiast.) religieux de l'ordre de S. François d'Assise, institué vers le commencement du XIIIe siècle. Les Cordeliers sont habillés d'un gros drap gris : ils ont un petit capuce ou chaperon, un manteau de la même étoffe, et une ceinture de corde noüée de trois noeuds, d'où leur vient le nom de Cordeliers.
Denis Diderot, Jean Le Rond d'Alembert
Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences et des arts
1751-1772
Le registre didactique de cet extrait se remarque à la présence d'un vocabulaire technique ("capuce", "étoffe", etc.) et d'un présent de vérité générale.
Le registre polémique
Le registre polémique cherche à indigner le lecteur afin de le faire réagir. Pour cela, il emploie :
- Un lexique connoté, de manière méliorative ou péjorative (parfois les deux)
- Des figures par amplification
- Des figures par opposition
- Des figures par construction
- Des phrases exclamatives et des questions rhétoriques
- La présence d'une deuxième personne du singulier ou du pluriel, qui signifie une interpellation du lecteur
Ce pays est à toi ! et pourquoi ? parce que tu y as mis le pied ? Si un Tahitien débarquait un jour sur vos côtes, et qu'il gravât sur une de vos pierres ou sur l'écorce d'un de vos arbres : Ce pays appartient aux habitants de Tahiti, qu'en penserais-tu ? Tu es le plus fort ! Et qu'est-ce que cela fait ? Lorsqu'on t'a enlevé une des méprisables bagatelles dont ton vaisseau est rempli, tu t'es récrié, tu t'es vengé ; et dans le même instant tu as projeté le vol de toute une contrée ? Tu n'es pas esclave : tu souffrirais la mort plutôt que de l'être, et tu veux nous asservir ! Tu crois donc que le Tahitien ne sait pas défendre sa liberté et mourir ?
Denis Diderot
Supplément au voyage de Bougainville, dans Opuscules philosophiques et littéraires, la plupart posthumes ou inédites, s.l., imprimerie du Chevet (cour de Rohan) (1796)
1772
Dans cet extrait, le registre polémique se reconnaît à la présence d'une deuxième personne du singulier et à la quantité de questions rhétoriques.
Des registres qui amplifient
Le registre oratoire
Le registre oratoire cherche à signifier le caractère officiel et majestueux d'un discours argumentatif.
On reconnaît le registre oratoire à :
- La présence de phrases longues nommées périodes
- Le registre de langue soutenu
- Des figures de style en quantité et de toutes sortes (par analogie, par amplification, par opposition, etc.)
- Des connecteurs logiques
- Des interpellations de l'auditoire
Messieurs les jurés,
L'horreur du mépris, que je croyais pouvoir braver au moment de la mort, me fait prendre la parole. Messieurs, je n'ai point l'honneur d'appartenir à votre classe, vous voyez en moi un paysan qui s'est révolté contre la bassesse de sa fortune.
Je ne vous demande aucune grâce, continua Julien en affermissant sa voix.
Je ne me fais point illusion, la mort m'attend : elle sera juste. J'ai pu attenter aux jours de la femme la plus digne de tous les respects, de tous les hommages. Mme de Rênal avait été pour moi comme une mère. Mon crime est atroce, et il fut prémédité. J'ai donc mérité la mort, messieurs les jurés. Mais quand je serais moins coupable, je vois des hommes qui, sans s'arrêter à ce que ma jeunesse peut mériter de pitié, voudront punir en moi et décourager à jamais cette classe de jeunes gens qui, nés dans une classe inférieure, et en quelque sorte opprimés par la pauvreté, ont le bonheur de se procurer une bonne éducation, et l'audace de se mêler à ce que l'orgueil des gens riches appelle la société.
Stendhal
Le Rouge et le Noir, Paris, éd. Levasseur
1830
Dans ce discours prononcé à la fin de son procès, Julien Sorel met en œuvre le registre oratoire. En effet, ce discours se distingue par la longueur des phrases et les nombreuses adresses à son public.
Le registre épidictique
Un discours au registre épidictique tend à faire l'éloge ou le blâme de ce qu'il évoque (personne, situation, objet, etc.). Pour cela, il met en place :
- Un lexique connoté de manière péjorative ou méliorative
- Des figures par analogie
- Des figures par amplification
- Des champs lexicaux et des verbes appréciatifs
Donc c'est fait. Dût rugir de honte le canon,
Te voilà, nain immonde, accroupi sur ce nom !
Cette gloire est ton trou, ta bauge, ta demeure !
Toi qui n'as jamais pris la fortune qu'à l'heure,
Te voilà presque assis sur ce hautain sommet !
Sur le chapeau d'Essling tu plantes ton plumet ;
Tu mets, petit Poucet, ces bottes de sept lieues ;
Tu prends Napoléon dans les régions bleues ;
Tu fais travailler l'oncle, et, perroquet ravi,
Grimper à ton perchoir l'aigle de Mondovi !
Victor Hugo
"Napoléon III", Les Châtiments, Paris, éd. Henri Samuel et Cie
1852
Dans ce début de poème, Victor Hugo établit le blâme de l'empereur Napoléon III. On reconnaît le registre épidictique aux termes connotés de manière péjorative et aux métaphores dépréciatives.