Sommaire
ILa proposition subordonnée complétive conjonctiveIILa proposition complétive interrogative indirecteIIILa proposition subordonnée complétive infinitiveIVLe cas particulier de la proposition subordonnée complétive infinitive introduite par « de »La proposition subordonnée complétive conjonctive
Proposition subordonnée complétive conjonctive
Une proposition subordonnée complétive conjonctive est un type de proposition subordonnée introduite :
- soit par la conjonction de subordination « que »
- soit par les locutions conjonctives, « ce que », « à ce que, de ce que », quelquefois « en ce que » ou « sur ce que ».
Nous avouerons que notre héros était fort peu héros en ce moment.
Stendhal, La Chartreuse de Parme, 1839
Comme son nom l'indique, la proposition subordonnée complétive conjonctive est presque toujours un complément. Elle a le plus souvent le rôle de complément d'objet (COD ou COI). Elle peut aussi avoir le rôle de complément du nom, complément de l'adverbe ou de l'adjectif. Elle peut aussi avoir le rôle de sujet ou d'attribut du sujet.
Elle occupe dans la phrase complexe la plupart des fonctions non circonstancielles. On l'appelle :
- « conjonctive » en référence à la conjonction de subordination qui l'introduit.
- « substantive » parce qu'elle remplit les fonctions du substantif ou du nom dans la phrase.
Fonctions | Exemples |
Sujet | Que Serge ait acheté ce tableau me dépasse, m'inquiète et provoque en moi une angoisse indéfinie. |
COD | Vois-tu, je sais que tu m'attends. |
COI | Tu ne te doutes pas, mon ami, de ce que c'est que Venise. |
Terme complétif d'un verbe impersonnel | Avec cela, il me semble que je ne me porte pas bien. |
Complément du nom | Cette conviction que l'homme-en-tant-qu'espèce s'améliore avec le temps vient sans doute d'une confusion inconsciente avec l'homme-en-tant-qu'individu. |
Complément de l'adjectif | il est probable qu'il avait la fièvre. |
Complément d'un présentatif | Je les ai fait combattre, et voilà qu'ils sont morts ! |
Pour trouver la fonction de la proposition subordonnée complétive conjonctive, il faut toujours l'analyser par rapport à la proposition principale.
Nous avouerons que notre héros était fort peu héros en ce moment.
Stendhal, La Chartreuse de Parme, 1839
Ici, la proposition subordonnée complétive conjonctive est COD du verbe de la proposition principale « avouerons ».
Pour ne pas confondre la proposition subordonnée complétive conjonctive (introduite par une conjonction de subordination) et une subordonnée relative (introduite par un pronom relatif), il faut se rappeler que la conjonction de subordination n'a qu'un rôle d'outil de liaison mais aucune fonction dans la proposition subordonnée contrairement au pronom relatif qui reprend l'antécédent et qui a une fonction dans la subordonnée.
Pour d'injustes lois que vous pouvez changer,
En d'éternels chagrins vous-même vous plonger !
Jean Racine, Bérénice, 1670
Ici, la proposition subordonnée relative est introduite par un pronom relatif. Ce pronom reprend l'antécédent « d'injustes lois ». Dans la subordonnée relative, le pronom est COD du verbe « changer » = « vous pouvez changer d'injustes lois ».
La proposition complétive interrogative indirecte
Proposition complétive interrogative indirecte
La proposition complétive interrogative indirecte (totale ou partielle) est une subordonnée qui rapporte une question. Elle est introduite par un terme interrogatif qui souvent passe tel quel de l'interrogation directe partielle à l'interrogation indirecte partielle :
- Un pronom interrogatif (qui, que, ce que, ce qui, quoi, lequel)
- Un déterminant interrogatif (quel)
- Un adverbe interrogatif (comment, pourquoi, où, quand, combien)
On lui demanda juridiquement ce qu'il aimait le mieux d'être fustigé trente-six fois par tout le régiment, ou de recevoir à la fois douze balles de plomb dans la cervelle.
Voltaire, Candide, 1759
L'interrogation indirecte totale est introduite par la conjonction « si » (à ne pas confondre avec l'adverbe « si » pour l'intensité) :
Ce n'est point à moi à examiner si les Anglais jouissent actuellement de cette liberté, ou non.
Montesquieu, De l'esprit des lois, 1748.
La phrase complexe est ainsi construite en deux parties :
- une proposition principale qui décrit l'attitude mentale de celui qui pose la question
- une subordonnée interrogative indirecte qui contient la question posée, et complète un verbe dont elle est, le plus souvent, COD.
Les subordonnées interrogatives indirectes dépendent d'un verbe qui contient dans son sens une question (demander, se demander, comprendre) ou une ignorance (ignorer, ne pas savoir…).
La mère et la jeune fille nous demandaient de leur dire à notre tour qui nous étions, où était notre pays, que faisaient nos parents ; si nous avions notre père, notre mère, des frères, des sœurs, une maison, des figuiers, des vignes ; pourquoi nous avions quitté tout cela si jeunes, pour venir ramer, lire, écrire, rêver au soleil et coucher sur la terre dans le golfe de Naples.
Alphonse de Lamartine, Graziella, 1849.
La proposition subordonnée complétive infinitive
La proposition subordonnée complétive infinitive en position de COD n'est introduite par aucun mot subordonnant. Elle se trouve après des verbes :
- de perception ou de sensation (sentir, voir, apercevoir, entendre, regarder, etc.)
- après des semi-auxiliaires (faire, laisser, etc.)
- après « voici » introduisant, la plupart du temps, le verbe « venir ».
Voici venir l'hiver.
L'infinitif a son sujet propre dans la subordonnée. Le sujet de l'infinitive est souvent inversé ou omis.
J'entends jouer de la musique.
Ici, le sujet est omis. On entend "quelqu'un" jouer de la musique.
Le cas particulier de la proposition subordonnée complétive infinitive introduite par « de »
On peut considérer certains types de constructions infinitives comme des complétives. Ce sont les constructions introduites par le subordonnant « de », considéré comme un « complémenteur », autrement dit un outil permettant d'introduire une proposition complétive similaire à « que ». Ces subordonnées complétives infinitives peuvent être :
- en fonction d'objet
- en fonction de sujet
- en fonction d'attribut
- en fonction de complément de l'adjectif (dans ce cas, le mot « de » se trouvant devant l'infinitif est une préposition).
La municipalité a promis de rénover l'aire de jeux avant décembre.
(fonction d'objet)
Il est naturel d'avoir certaines appréhensions.
(fonction de sujet)
Notre objectif est de faire installer le détecteur le plus tôt possible.
(fonction d'attribut)
Elle était très contente de voir enfin se réaliser ce voyage à Berlin.
(fonction de complément de l'adjectif)