Sommaire
ILe théâtreAGénéralités1Définition2Les didascalies3Les répliques4La composition d'une pièce de théâtreBLa tragédie1Définition2Les procédés du tragiqueCLa comédie1Définition2Les procédés comiquesDLa tragi-comédie1Définition2Les procédés tragi-comiquesELe drame1Définition2Les procédés du drameIILe romanADéfinitionBLe roman réaliste1Définition2Les caractéristiques du roman réalisteCLe roman naturaliste1Définition2Les caractéristiques du roman naturalisteDLe roman policier1Définition2Les caractéristiques du roman policierELe roman d'anticipationIIILa nouvelleAGénéralitésBLa nouvelle réalisteCLa nouvelle naturalisteDLa nouvelle fantastiqueIVLa poésieADéfinitionBLa poésie lyriqueLe théâtre
Généralités
Définition
Théâtre
Le théâtre est un genre littéraire regroupant les œuvres littéraires écrites destinées à être jouées devant un public. On appelle ces œuvres des pièces de théâtre.
Les Justes d'Albert Camus et Othello de Shakespeare sont des pièces de théâtre.
Il y a deux grandes catégories dans le théâtre :
- La tragédie
- La comédie
Les didascalies
Didascalies
Les didascalies sont les indications de mise en scène que l'auteur écrit dans le texte d'une pièce de théâtre. Les didascalies ne sont pas prononcées par les personnages sur scène. Elles aident les acteurs pour leur jeu, et le metteur en scène pour les décors et les costumes.
CLÉOPÂTRE.
J'ose le croire ainsi ; mais prenez votre place :
Il est temps d'avancer ce qu'il faut que je fasse.
(Ici Antiochus s'assied dans un fauteuil, Rodogune à sa gauche en même rang, et Cléopâtre à sa droite, mais en rang inférieur, et qui marque quelque inégalité. Oronte s'assied aussi à la gauche de Rodogune avec la même différence, et Cléopâtre cependant qu'ils prennent leurs places, parle à l'oreille de Laonice qui s'en va quérir une coupe pleine de vin empoisonné. Après qu'elle est partie Cléopâtre continue :)
Peuple qui m'écoutez, Parthes et Syriens,
Sujets du roi son frère, ou qui fûtes les miens,
Voici de mes deux fils celui qu'un droit d'aînesse
Élève dans le trône, et donne à la princesse.
Pierre Corneille
Rodogune, Acte V, scène 3, édition de Jean Serroy, éd. Gallimard, coll. "Folio théâtre" (n°89), (2004)
1647
Les répliques
Réplique
La réplique est le texte prononcé par un personnage sur scène.
L'essentiel du texte théâtral est composé des répliques prononcées par les comédiens. Il peut s'agir :
- D'un monologue, quand un acteur est seul sur scène.
- D'un dialogue quand deux ou plus de deux acteurs s'échangent des répliques.
Aparté
Un aparté une réplique qu'un comédien dit sur scène de sorte que les autres personnages ne l'entendent pas. Ce procédé est très utilisé dans la farce et la comédie.
La composition d'une pièce de théâtre
Une pièce de théâtre est généralement constituée de plusieurs actes, découpés eux-mêmes en plusieurs scènes selon les entrées et les sorties de personnages. Il arrive que la pièce soit coupée par un entracte : il s'agit d'un repos dans l'intrigue qui permet de faire une pause.
La tragédie
Définition
Tragédie
Une tragédie est une pièce de théâtre qui traite du déchaînement des passions humaines et ses conséquences néfastes. La tragédie fait naître la pitié du public.
Œdipe roi de Sophocle est une tragédie.
Les procédés du tragique
La tragédie repose sur :
- La fatalité : une force supérieure qui écrase le héros.
- La conscience que le héros a de cette fatalité.
- Les champs lexicaux de la mort, de la souffrance, de la violence
- Les registres lyrique, pathétique, tragique et épique
ŒDIPE.
Ah ! ne me dis pas que ce que j'ai fait n'était pas le mieux que je puisse faire ! Épargne-moi et leçons et conseils !... Et de quels yeux, descendu aux enfers, eussé-je pu, si je le voyais, regarder mon père et ma pauvre mère, alors que j'ai sur tous les deux commis des forfaits plus atroces que ceux pour lesquels on se pend ! Est-ce la vue de mes enfants qui aurait pu m'être agréable ? Des enfants nés comme ceux-ci sont nés ! Mes yeux, à moi, du moins, ne les reverront pas non plus que cette ville, ces murs, ces images sacrées de nos dieux, dont je me suis exclu moi-même, infortuné, moi, le plus glorieux des enfants de Thèbes le jour où j'ai donné à tous l'ordre formel de repousser le sacrilège, celui que les dieux mêmes ont révélé impur, l'enfant de Laïos ! Et après avoir de la sorte dénoncé ma propre souillure, j'aurais pu les voir sans baisser yeux ? Non, non ! Si même il m'était possible de barrer le flot des sons sur la route de mes oreilles, rien ne m'empêcherait alors de verrouiller mon pauvre corps, en le rendant aveugle et sourd tout à la fois ! Il est si doux à l'âme de vivre hors de ses maux !... Ah ! Cithéron ! Pourquoi m'as-tu recueilli ? Que ne m'as plutôt saisi et tué sur l'heure ! Je n'eusse pas ainsi dévoilé aux humains de qui j'étais sortis... Ô Polybe ! Ô Corinthe, et toi, palais antique, toi qu'on disait le palais de mon père, sous tous ces beaux dehors quel chancre malfaisant vous nourrissiez en moi ! J'apparais aujourd'hui ce que je suis en fait : un criminel, issu de criminels...
Sophocle
Œdipe roi, trad. Paul Mazon, Paris, éd. Les Belles Lettres (1962)
430 av. J.-C.
La comédie
Définition
Comédie
Une comédie est une pièce de théâtre qui se moque des travers humains et cherche à amuser le spectateur. C'est Molière qui a donné ses lettres de noblesse au genre.
Dans Le Tartuffe ou L'Imposteur, Molière se moque des faux-dévots.
Souvent, la comédie a pour but de dénoncer une société, de critiquer une politique.
Marivaux critique l'inégalité entre les hommes et les femmes dans La Colonie.
TARTUFFE.
L'amour qui nous attache aux beautés éternelles
N'étouffe pas en nous l'amour des temporelles;
Nos sens facilement peuvent être charmés
Des ouvrages parfaits que le Ciel a formés.
Ses attraits réfléchis brillent dans vos pareilles ;
Mais il étale en vous ses plus rares merveilles:
Il a sur votre face épanché des beautés
Dont les yeux sont surpris, et les cours transportés,
Et je n'ai pu vous voir, parfaite créature,
Sans admirer en vous l'auteur de la nature,
Et d'une ardente amour sentir mon cœur atteint,
Au plus beau des portraits où lui-même il s'est peint.
D'abord j'appréhendai que cette ardeur secrète
Ne fût du noir esprit une surprise adroite ;
Et même à fuir vos yeux mon cœur se résolut,
Vous croyant un obstacle à faire mon salut.
Mais enfin je connus, Ô beauté toute aimable,
Que cette passion peut n'être point coupable,
Que je puis l'ajuster avecque la pudeur,
Et c'est ce qui m'y fait abandonner mon cœur.
Ce m'est, je le confesse, une audace bien grande
Que d'oser de ce cœur vous adresser l'offrande ;
Mais j'attends en mes vœux tout de votre bonté,
Et rien des vains efforts de mon infirmité ;
En vous est mon espoir, mon bien, ma quiétude,
De vous dépend ma peine ou ma béatitude,
Et je vais être enfin, par votre seul arrêt,
Heureux, si vous voulez, malheureux, s'il vous plaît.
Molière
Le Tartuffe, Acte III, scène 3, Paris, éd. Jean Ribou (1669)
Première représentation : 1664
Les procédés comiques
Il existe plusieurs procédés comiques :
- Le comique de situation vise à faire rire le spectateur par la position embarrassante dans laquelle se trouve un personnage.
- Le comique de caractère vise à faire rire le spectateur par le trait de personnalité ridicule d'un personnage dont les défauts sont exagérés.
- Le comique de gestes vise à faire rire le spectateur par la gestuelle employée par un personnage.
- Le comique de mots vise à faire rire le spectateur par les jeux de mots ou le dialecte des personnages.
La tragi-comédie
Définition
Tragi-comédie
La tragi-comédie est une pièce de théâtre dont l'intrigue présente un caractère tragique et semble se diriger vers une issue fatale, mais dont le dénouement est finalement heureux.
Le Cid de Pierre Corneille est une tragi-comédie.
DON DIÈGUE.
Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !
N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers
Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?
Mon bras, qu'avec respect toute l'Espagne admire,
Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,
Tant de fois affermi le trône de son roi,
Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ?
Ô cruel souvenir de ma gloire passée !
Œuvre de tant de jours en un jour effacée !
Nouvelle dignité fatale à mon bonheur !
Précipice élevé d'où tombe mon honneur !
Faut-il de votre éclat voir triompher le comte,
Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ?
Comte, sois de mon prince à présent gouverneur :
Ce haut rang n'admet point un homme sans honneur ;
Et ton jaloux orgueil, par cet affront insigne,
Malgré le choix du roi, m'en a su rendre indigne.
Et toi, de mes exploits glorieux instrument,
Mais d'un corps tout de glace inutile ornement,
Fer, jadis tant à craindre, et qui, dans cette offense,
M'as servi de parade, et non pas de défense,
Va, quitte désormais le dernier des humains,
Passe, pour me venger, en de meilleures mains.
Pierre Corneille
Le Cid, Acte I, scène 4, Paris, éd. F. Targa
1637
Les procédés tragi-comiques
La tragi-comédie se reconnaît à :
- Sa liberté envers les règles des trois unités
- La multiplication d'événements romanesques
- Ses coups de théâtre
Le drame
Définition
Drame
Le drame est un genre qui mêle comique et tragique. Il repose sur le registre pathétique. Les auteurs romantiques rejettent les règles classiques.
Hernani de Victor Hugo est un drame.
Les procédés du drame
Le drame s'appuie sur une intrigue pathétique et donc sur :
- Une situation douloureuse
- Les champs lexicaux de la tristesse, de la douleur et de la souffrance
- L'exagération des discours
- Une ponctuation expressive
DOÑA SOL.
Seigneur ! Oh ! Par pitié ! - Quoi ! Vous êtes altesse,
Vous êtes roi. Duchesse, ou marquise, ou comtesse,
Vous n'avez qu'à choisir. Les femmes de la cour
Ont toujours un amour tout prêt pour votre amour.
Mais mon proscrit, qu'a-t-il reçu du ciel avare ?
Ah ! Vous Castille, Aragon, et Navarre,
Et Murcie, et Léon, dix royaumes encor,
Et les flamands, et d'Inde avec les mines d'or !
Vous avez un empire auquel nul roi ne touche,
Si vaste, que jamais le soleil ne s'y couche !
Et, quand vous avez tout, voudrez-vous, vous, le roi,
Me prendre, pauvre fille, à lui qui n'a que moi ?
(Elle se jette à ses genoux. Il cherche à l'entraîner.)
DON CARLOS.
Viens ! Je n'écoute rien. Viens ! Si tu m'accompagnes,
Je te donne, choisis, quatre de mes Espagnes !
Dis, lesquelles veux-tu ? Choisis !
(Elle se débat dans ses bras.)
Victor Hugo
Hernani, Acte II, scène 2, Paris, éd. Pierre-Jules Hetzel (1889)
1830
Le roman
Définition
Roman
Le roman est un long récit en prose.
L'Étranger d'Albert Camus et Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos sont des romans.
Le roman réaliste
Définition
Roman réaliste
Le roman réaliste a pour but de décrire le monde tel qu'il est.
Le Père Goriot (1834) d'Honoré de Balzac est un roman réaliste.
Les grands romanciers représentant le réalisme sont Honoré de Balzac, Gustave Flaubert, Stendhal, Guy de Maupassant.
Faire vrai consiste donc à donner l'illusion complète du vrai, suivant la logique ordinaire des faits, et non à les transcrire servilement dans le pêle-mêle de leur succession. J'en conclus donc que les réalistes de talent devraient s'appeler plutôt des illusionnistes.
Guy de Maupassant
Préface de Pierre et Jean, Paris, éd. Paul Ollendorf
1888
Les caractéristiques du roman réaliste
Les caractéristiques du roman réaliste sont :
- L'écrivain témoigne sur son époque.
- La description a beaucoup d'importance.
- Le vocabulaire employé est précis et spécialisé.
- L'écriture vise à l'impersonnalité.
- Absence d'idéalisation, regard qui tend à l'objectivité.
C'est Balzac qui donne ses lettres de noblesse au roman réaliste. Il conçoit le roman comme une histoire des mœurs. Les auteurs réalistes peignent la réalité matérielle et psychologique de la vie quotidienne. Il s'agit de donner l'illusion de la vie.
Cette pièce est dans tout son lustre au moment où, vers sept heures du matin, le chat de madame Vauquer précède sa maîtresse, saute sur les buffets, y flaire le lait que contiennent plusieurs jattes couvertes d'assiettes, et fait entendre son rourou matinal. Bientôt la veuve se montre, attifée de son bonnet de tulle sous lequel pend un tour de faux cheveux mal mis ; elle marche en traînassant ses pantoufles grimacées.
Sa face vieillotte, grassouillette, du milieu de laquelle sort un nez à bec de perroquet ; ses petites mains potelées, sa personne dodue comme un rat d'église, son corsage trop plein et qui flotte, sont en harmonie avec cette salle où suinte le malheur, où s'est blottie la spéculation et dont madame Vauquer respire l'air chaudement fétide sans en être écœurée.
Sa figure fraîche comme une première gelée d'automne, ses yeux ridés, dont l'expression passe du sourire prescrit aux danseuses à l'amer renfrognement de l'escompteur, enfin toute sa personne explique la pension, comme la pension implique sa personne.
Honoré de Balzac
Le Père Goriot, Paris, éd. Edmond Werdet, coll. "Scènes de la vie privée"
1835
Le roman naturaliste
Définition
Roman naturaliste
Le roman naturaliste a pour but de peindre la réalité en s'appuyant sur une documentation riche et en appliquant la méthode expérimentale.
L'Assommoir, Au Bonheur des Dames et Germinal, respectivement écrits en 1876, 1886 et 1885, sont des romans naturalistes d'Émile Zola.
Le grand romancier naturaliste est Émile Zola.
Les caractéristiques du roman naturaliste
Les caractéristiques du roman naturaliste sont :
- La description a beaucoup d'importance.
- Le vocabulaire est très technique.
- La focalisation externe est souvent utilisée.
- Le discours indirect libre est souvent utilisé.
- L'auteur peut utiliser le lyrisme.
Le roman naturaliste est dans la continuité du roman réaliste. Flaubert prépare minutieusement ses romans en menant une enquête sociologique. Il souligne la manière dont les personnages sont influencés par les milieux et les circonstances de leur vie. Il prépare le naturalisme qui cherche surtout à imiter le réel. Mais il est aussi caractérisé par son lyrisme, ce qu'on ne trouve pas dans le roman réaliste.
Là, ce fut une volupté dernière. Les yeux grands ouverts, elle souriait à la chambre. Comme elle avait aimé, dans cette chambre ! Comme elle y mourait heureuse ! À cette heure, rien d'impur ne lui venait plus des Amours de plâtre, rien de troublant ne descendait plus des peintures, où des membres de femme se vautraient. Il n'y avait, sous le plafond bleu, que le parfum étouffant des fleurs. Et il semblait que ce parfum ne fût autre que l'odeur d'amour ancien dont l'alcôve était toujours restée tiède, une odeur grandie, centuplée, devenue si forte, qu'elle soufflait l'asphyxie. Peut-être était-ce l'haleine de la dame morte là, il y avait un siècle. Elle se trouvait ravie à son tour, dans cette haleine. Ne bougeant point, les mains jointes sur son cœur, elle continuait à sourire, elle écoutait les parfums qui chuchotaient dans sa tête bourdonnante. Ils lui jouaient une musique étrange de senteurs qui l'endormait lentement, très doucement. D'abord, c'était un prélude gai, enfantin : ses mains, qui avaient tordu les verdures odorantes, exhalaient l'âpreté des herbes foulées, lui contaient ses courses de gamine au milieu des sauvageries du Paradou. Ensuite, un chant de flûte se faisait entendre, de petites notes musquées qui s'égrenaient du tas de violettes posé sur la table, près du chevet ; et cette flûte, brodant sa mélodie sur l'haleine calme, l'accompagnement régulier des lis de la console, chantait les premiers charmes de son amour, le premier aveu, le premier baiser sous la futaie. Mais elle suffoquait davantage, la passion arrivait avec l'éclat brusque des œillets, à l'odeur poivrée, dont la voix de cuivre dominait un moment toutes les autres.
Émile Zola
La Faute de l'abbé Mouret, Paris, éd. Charpentier
1875
Le roman policier
Définition
Roman policier
Le roman policier est un récit dans lequel un crime doit être résolu. L'histoire suit l'enquête d'un personnage, souvent un détective ou un inspecteur, pour retrouver le criminel.
Le roman policier a surtout du succès en Angleterre avec des auteurs comme Charles Dickens, Edgar Allan Poe ou encore Sir Arthur Conan Doyle.
Les célèbres détectives en littérature sont Sherlock Holmes, inventé par Sir Conan Doyle, ou encore Hercule Poirot, héros des aventures d'Agatha Christie.
Tous sursautèrent. Chacun regarda autour de soi, observa ses voisins et scruta les murs. Qui donc parlait ?
La Voix poursuivit, haute et claire :
Je vous accuse des crimes suivants :
Edward George Armstrong, vous avez, le 14 mars 1925, causé la mort de Louisa Mary Glees.
Emily Caroline Brent, le 5 novembre 1931, vous vous êtes rendue responsable de la mort de Beatrice Taylor.
William Henry Blore, vous êtes la cause de la mort de James Stephen Landor, survenue le 10 octobre 1928.
Véra Elisabeth Claythorne, le 11 août 1933, vous avez tué Cyril Ogilvie Hamilton.
Philip Lombard, au mois de février 1932, vous avez entraîné la mort de vingt et un hommes, membres d'une tribu d'Afrique Orientale.
John Gordon Macarthur, le 4 janvier 1917, vous avez de sang-froid envoyé à la mort l'amant de votre femme, Arthur Richmont.
Anthony James Marston, le 14 novembre dernier, vous avez tué John et Lucy Combes.
Thomas Rogers et Ethel Rogers, le 6 mai 1929, vous avez laissé mourir Jennifer Brady.
Lawrence John Wargrave, en date du 10 juin 1930, vous avez conduit à sa mort Edward Seton.
Accusés, avez-vous quelque chose à dire pour votre défense ?
La Voix se tut.
Agatha Christie
Dix petits nègres, (And Then There Were None), trad. Gérard de Chergé, Paris, Éditions du Masque (2011)
1939
Les caractéristiques du roman policier
Les caractéristiques du roman policier sont :
- Un crime (meurtre, vol, etc.) à résoudre
- La présence du suspense
- Des personnages mystérieux
- Une atmosphère inquiétante
- Des personnages souvent stéréotypés
Le roman d'anticipation
Roman d'anticipation
Le roman d'anticipation est un récit dont l'intrigue se situe dans un futur où les changements liés à l'évolution technologiques sont importants.
Dune de Frank Herbert est un roman d'anticipation.
Paul s'humecta les lèvres et lut : "Pense à l'homme sourd qui ne peut entendre. Ne lui sommes-nous point semblables ? Ne nous manque-t-il pas un sens qui nous permette de voir et d'entendre cet autre monde qui est tout autour de nous ? Et qu'y a-t-il donc autour de nous que nous ne pouvons…"
"Assez !" aboya Yueh.
Paul s'interrompit net et le regarda. Le docteur avait fermé les yeux et il tentait de se recomposer une attitude normale. Par quelle perversion ce livre s'est-il ouvert au passage favori de Wanna ? se demandait-il. Il rouvrit les yeux et rencontra le regard de Paul.
"Quelque chose ne va pas ?"
"Je suis désolé. C'était… c'était le passage favori de mon épouse défunte. Ce n'est pas celui que je voulais vous faire lire. Il m'évoque des souvenirs… douloureux."
"Il y a deux marques", dit Paul.
Mais bien sûr, se dit Yueh. Wanna avait marqué son passage à elle. Les doigts du garçon sont plus sensibles que les miens et ils ont trouvé l'entaille. Ce n'était qu'un accident, rien de plus.
Frank Herbert
Dune, trad. Michel Demuth, Paris, éd. Robert Laffont, coll. "Ailleurs et Demain" (1970)
1965
La nouvelle
Généralités
Nouvelle
La nouvelle est un récit fictif en prose qui se caractérise par sa brièveté. On la rapproche parfois du conte, mais à l'inverse de ce dernier, elle peut être réaliste. Elle se distingue du roman car elle se centre sur un seul événement et les descriptions y sont souvent moins longues. Elle suggère au lieu de tout expliquer. Les personnages sont en nombre restreint.
"La Parure" est une nouvelle de Maupassant.
La nouvelle réaliste
Nouvelle réaliste
La nouvelle réaliste est un court récit qui a pour but de décrire le monde tel qu'il est.
"Boule de Suif" de Guy de Maupassant est une nouvelle réaliste.
Pendant plusieurs jours de suite des lambeaux d'armée en déroute avaient traversé la ville. Ce n'était point de la troupe, mais des hordes débandées. Les hommes avaient la barbe longue et sale, des uniformes en guenilles, et ils avançaient d'une allure molle, sans drapeau, sans régiment. Tous semblaient accablés, éreintés, incapables d'une pensée ou d'une résolution, marchant seulement par habitude, et tombant de fatigue sitôt qu'ils s'arrêtaient. On voyait surtout des mobilisés, gens pacifiques, rentiers tranquilles, pliant sous le poids du fusil ; des petits moblots alertes, faciles à l'épouvante et prompts à l'enthousiasme, prêts à l'attaque comme à la fuite ; puis, au milieu d'eux, quelques culottes rouges, débris d'une division moulue dans une grande bataille ; des artilleurs sombres alignés avec ces fantassins divers ; et, parfois, le casque brillant d'un dragon au pied pesant qui suivait avec peine la marche plus légère des lignards.
Guy de Maupassant
Boule de Suif, Paris, éd. Charpentier
1880
La nouvelle naturaliste
Nouvelle naturaliste
La nouvelle naturaliste est un court récit qui a pour but de peindre la réalité en s'appuyant sur une documentation riche et en appliquant la méthode expérimentale.
"Jacques Damour" d'Émile Zola est une nouvelle naturaliste.
Vers le milieu de décembre, les Damour avaient mangé leurs économies. À chaque heure, on annonçait une défaite des Prussiens en province, une sortie victorieuse qui allait enfin délivrer Paris ; et le ménage ne fut pas effrayé d'abord, espérant sans cesse que le travail reprendrait. Félicie faisait des miracles, on vécut au jour le jour de ce pain noir du siège, que seule la petite Louise ne pouvait digérer. Alors, Damour et Eugène achevèrent de se monter la tête, ainsi que disait la mère. Oisifs du matin au soir, sortis de leurs habitudes, et les bras mous depuis qu'ils avaient quitté l'étau, ils vivaient dans un malaise, dans un effarement plein d'imaginations baroques et sanglantes. Tous deux s'étaient bien mis d'un bataillon de marche, seulement, ce bataillon, comme beaucoup d'autres, ne sortit même pas des fortifications, caserné dans un poste où les hommes passaient les journées à jouer aux cartes. Et ce fut là que Damour, l'estomac vide, le cœur serré de savoir la misère chez lui, acquit la conviction, en écoutant les nouvelles des uns et des autres, que le gouvernement avait juré d'exterminer le peuple, pour être maître de la république.
Émile Zola
"Jacques Damour", Naïs Micoulin, Paris, éd. Charpentier
1884
La nouvelle fantastique
Nouvelle fantastique
La nouvelle fantastique est un court récit caractérisé par l'irruption du surnaturel dans un cadre réaliste.
"Le Horla" de Maupassant est une nouvelle fantastique.
En face de moi, mon lit, un vieux lit de chêne à colonnes ; à droite, ma cheminée ; à gauche ma porte fermée avec soin, après l'avoir laissée longtemps ouverte, afin de l'attirer ; derrière moi, une très haute armoire à glace, qui me servait chaque jour pour me raser, pour m'habiller, et où j'avais coutume de me regarder, de la tête aux pieds, chaque fois que je passais devant.
Donc je faisais semblant d'écrire, pour le tromper, car il m'épiait lui aussi ; et soudain, je sentis, je fus certain qu'il lisait par-dessus mon épaule, qu'il était là, frôlant mon oreille.
Je me dressai, les mains tendues, en me tournant si vite que je faillis tomber. Eh bien ?…. on y voyait comme en plein jour, et je ne me vis pas dans ma glace ! Elle était vide, claire, profonde, pleine de lumière ! Mon image n'était pas dedans… et j'étais en face, moi ! Je voyais le grand verre limpide du haut en bas. Et je regardais cela avec des yeux affolés ; et je n'osais plus avancer, je n'osais plus faire un mouvement, sentant bien pourtant qu'il était là, mais qu'il m'échapperait encore, lui dont le corps imperceptible avait dévoré mon reflet.
Guy de Maupassant
Le Horla, dans le recueil de nouvelles Le Horla, Paris, éd. Paul Ollendorf
1887
La poésie
Définition
Poésie
La poésie est un genre littéraire regroupant les textes littéraires qui reposent sur un travail du rythme, de l'harmonie et des sons.
La poésie s'écrit surtout en vers. Elle peut également s'écrire en prose.
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Victor Hugo
"Demain, dès l'aube", Les Contemplations, Paris, éd. Pagnerre, Michel Lévy
1856
Le poème ci-dessus est écrit en vers.
Il était nuit. Ce furent d'abord, - ainsi j'ai vu, ainsi je raconte, - une abbaye aux murailles lézardées par la lune, - une forêt percée de sentiers tortueux, - et le Morimont grouillant de capes et de chapeaux.
Ce furent ensuite, - ainsi j'ai entendu, ainsi je raconte, - le glas funèbre d'une cloche auquel répondaient les sanglots funèbres d'une cellule, - des cris plaintifs et des rires féroces dont frissonnait chaque fleur le long d'une ramée, - et les prières bourdonnantes des pénitents noirs qui accompagnent un criminel au supplice.
Ce furent enfin, - ainsi s'acheva le rêve, ainsi je raconte, - un moine qui expirait couché dans la cendre des agonisants, - une jeune fille qui se débattait pendue aux branches d'un chêne, - et moi que le bourreau liait échevelé sur les rayons de la roue.
Dom Augustin, le prieur défunt, aura, en habit de cordelier, les honneurs de la chapelle ardente ; et Marguerite, que son amant a tuée, sera ensevelie dans sa blanche robe d'innocence, entre quatre cierges de cire.
Mais moi, la barre du bourreau s'était, au premier coup, brisée comme un verre, les torches des pénitents noirs s'étaient éteintes sous des torrents de pluie, la foule s'était écoulée avec les ruisseaux débordés et rapides, - et je poursuivais d'autres songes vers le réveil.
Aloysius Bertrand
"Un rêve", Gaspard de la nuit, Paris, éd. Payot (1925)
1842
Le poème ci-dessus est écrit en prose.
La poésie lyrique
Poésie lyrique
La poésie lyrique permet l'exaltation des sentiments personnels.
Alphonse de Lamartine est un grand poète romantique du XIXe siècle qui a composé plusieurs poèmes lyriques.
Donc si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
Ronsard
"Mignonne", Odes, texte établi par Hugues Vaganay, Paris, éd. Garnier (1923)
1550-1552
Le poème ci-dessus est écrit de façon lyrique.