Sommaire
ILes formes directes de l'argumentationAL'essaiBLe discours1L'éloge2Le plaidoyer3Le réquisitoireCLe manifesteDLe pamphletELa préfaceIILes formes indirectes de l'argumentationAL'apologueBLe conteCLe conte philosophiqueDLa fableELa poésieFLe romanGLe théâtreHL'utopieILa contre-utopie ou dystopieJLes caractèresKLes maximesLes formes directes de l'argumentation
Avec l'argumentation directe, l'auteur expose sa thèse de manière explicite dans un texte exclusivement argumentatif. Les formes directes de l'argumentation sont l'essai, le discours, le manifeste, le pamphlet et la préface.
L'essai
Essai
L'essai est un ouvrage de réflexion personnelle dans lequel l'auteur expose ses opinions sur un sujet donné (littéraire, politique, scientifique, etc.). Sa forme est assez libre.
Les Essais de Montaigne paraissent entre 1580 et 1595. Ils regroupent trois livres dans lesquels l'auteur fait part d'observations d'ordre politique et philosophique. Ses réflexions personnelles s'appuient entre autres sur son expérience de voyageur.
Le discours
Discours
Le discours est un texte prononcé devant une assemblée.
L'éloge
Éloge
L'éloge est un discours qui rend hommage à une personne.
Dans un des textes les plus connus des Essais intitulé « De l'amitié » (1580), Montaigne rend hommage à son ami La Boétie.
Le plaidoyer
Plaidoyer
Le plaidoyer est un discours qui prend la défense d'une personne ou d'une cause.
Dans Traité sur la tolérance (1763), Voltaire condamne le fanatisme religieux et défend la tolérance à l'occasion de l'affaire Calas. Jean Calas était injustement accusé d'avoir assassiné son fils afin d'éviter qu'il se convertisse au catholicisme.
Le réquisitoire
Réquisitoire
Le réquisitoire est un discours d'accusation adressé à une personne ou une institution.
L'Éloge de la folie d'Érasme (1511) est une critique ironique des institutions de l'Église romaine et du fanatisme du Moyen Âge. L'auteur critique également la corruption des princes. Il donne la parole à l'allégorie de la Folie qui s'oppose à son adversaire la Raison et critique l'intelligence.
Le manifeste
Manifeste
Le manifeste est un texte bref qui présente les idées d'un groupe (littéraire, politique, scientifique, etc.) et précise ses intentions.
Défense et illustration de la langue française (1549) est un texte théorique écrit par Du Bellay et considéré comme le manifeste des poètes de la Pléiade. L'auteur y défend la langue française et encourage son enrichissement par l'imitation des auteurs antiques grecs et latins.
Le pamphlet
Pamphlet
Le pamphlet est un texte polémique dans lequel l'auteur exprime son indignation. Il dénonce et réfute sur un ton virulent une opinion contraire à la sienne. Sa forme est relativement brève.
Dans l'article « Torture » du Dictionnaire philosophique (1764) Voltaire dénonce les traitements infligés aux prisonniers. Ce texte au ton très sarcastique est écrit après la condamnation du chevalier de La Barre dont le sort indigna l'auteur.
La préface
Préface
La préface est un texte d'introduction à un ouvrage. Elle en éclaire les enjeux et parfois en justifie la pertinence quand celle-ci est contestée.
Dans la préface du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755), Rousseau prend position sur la façon dont les hommes doivent être gouvernés et la façon dont les lois doivent être envisagées.
Les formes indirectes de l'argumentation
Avec l'argumentation indirecte, l'auteur expose sa thèse implicitement, en utilisant un détour littéraire. Le texte est à la fois argumentatif et narratif, poétique ou théâtral. Les formes indirectes de l'argumentation sont l'apologue, le conte, le conte philosophique, la fable, la poésie, le roman, le théâtre, l'utopie, la dystopie, les caractères et les maximes.
L'apologue
Apologue
L'apologue est un récit bref contenant un enseignement. Il a souvent une dimension allégorique et une portée universelle.
« La Dent d'or », extrait de Histoire des oracles de Fontenelle (1687), est un récit allégorique qui propose une réflexion sur la démarche scientifique. Le récit tend à discréditer les oracles et les superstitions qui sont une source d'erreurs de jugement.
Le conte
Conte
Le conte est une fiction qui se déroule dans un passé lointain et non daté ainsi que dans un lieu imaginaire, souvent un univers féodal. Il met en scène des personnages archétypiques. Le héros doit accomplir une quête, il est confronté à des opposants et est aidé d'adjuvants. La vocation du conte est de distraire le lecteur tout en proposant souvent une morale.
Charles Perrault dans Les Contes de la mère l'Oye (1697) s'inspire de contes populaires qu'il adapte à la société de son temps. Les fées, les ogres, les sorcières peuplent ses récits. Ces éléments merveilleux sont au goût du public. Au-delà du divertissement, l'auteur propose à ses lecteurs une réflexion sur les comportements humains.
Le conte philosophique
Conte philosophique
Le conte philosophique est une parodie burlesque de contes traditionnels. Ce genre est inventé par Voltaire qui construit son récit en suivant un schéma narratif rigoureux dans lequel se déroule une succession de péripéties. Il détourne le genre pour lui donner une portée polémique et didactique.
Candide de Voltaire (1759) est un conte philosophique publié anonymement. Chacun des trente chapitres raconte une nouvelle forme du mal : mal métaphysique mais aussi mal venant des hommes (guerre, fanatisme, esclavage), de leurs ruses et de leurs fourberies. Voltaire va confronter son héros Candide à diverses situations extrêmes qui servent à illustrer les aspects d'une thèse.
La fable
Fable
La fable est une brève fiction qui a une valeur probatoire (elle apporte une preuve) et contient souvent une morale, une leçon ou une adresse au lecteur. Elle met en scène des animaux, des objets, des allégories ou des êtres humains qui ont une valeur universelle et exemplaire.
Dans les Fables, La Fontaine porte un regard critique sur la société du XVIIe siècle. Il s'inspire des auteurs antiques Phèdre et Ésope pour composer de brefs récits versifiés qui proposent une leçon au lecteur.
La poésie
Le genre poétique, par sa concision et la précision de ses images, est l'occasion pour les auteurs de faire entendre leurs idées.
Dans Poème sur le désastre de Lisbonne publié en 1756, Voltaire met le genre poétique au service des idées des Lumières. Il réfute les thèses optimistes et les raisonnements stériles pour proposer une description juste de la catastrophe et mettre en valeur une émotion sincère.
Le roman
Le cadre romanesque peut être propice au développement des thèses d'un auteur à travers le destin de ses protagonistes.
Dans son roman épistolaire Lettres persanes (1721), Montesquieu critique implicitement et souvent ironiquement la société de son temps, la monarchie absolue et l'Église, en utilisant un détour romanesque suffisamment efficace pour ne pas craindre la censure.
Le théâtre
Le théâtre peut devenir tribune et montrer, grâce aux trajectoires de ses personnages, une illustration concrète des thèses d'un auteur.
Dans Le Mariage de Figaro (1784), Beaumarchais remet en question l'ordre social et dénonce les mœurs de la société de la fin du XVIIIe siècle. Cette pièce est l'occasion pour son auteur de proposer une critique virulente de l'aristocratie, de montrer et de ridiculiser les vices des hommes de son temps.
L'utopie
Utopie
L'utopie est un récit dans lequel l'auteur invente une société idéale (sur un plan social et politique) qui est souvent l'inverse d'un État dont il veut faire la critique.
Le roman Gargantua (1534) de Rabelais met en scène un géant, Gargantua, fils du roi Grandgousier. Il propose une réflexion humaniste sur la société de son temps : l'éducation, la guerre, la religion font partie des thématiques centrales de ce roman. Il invente un lieu (l'abbaye de Thélème) où les hommes et les femmes vivent en parfaite harmonie et dont la devise est : « Fais ce que voudras ».
La contre-utopie ou dystopie
Contre-utopie
La contre-utopie ou dystopie est un récit dans lequel l'auteur invente une société régie par un pouvoir totalitaire privant notamment les citoyens de liberté. Elle se présente comme la dérive du fonctionnement actuel d'un État dont elle veut faire la critique.
Dans Les Voyages de Gulliver de Swift, récit publié en 1726, le héros découvre l'île de Laputa où règne le chaos. Elle est dirigée par des despotes obsédés par le progrès. Ils imposent par la menace leurs lois aux plus faibles.
Les caractères
Caractère
Le caractère est un texte bref qui propose un portrait centré sur un trait de caractère dominant. Il commence souvent par une définition brève, que suit une collection de traits concrets.
La Bruyère publie Les Caractères en 1687. Cette œuvre est constituée d'une série de textes courts inspirés par l'observation que La Bruyère a pu faire de la société de cour. Il y tourne en dérision la vanité des courtisans, leurs vices et leurs travers. La plume est acérée, l'humour est mordant et la critique touche au vif pour mieux corriger les mœurs.
Les maximes
Maxime
La maxime est une sentence brève exprimant, sous forme de vérité générale, une expérience morale. Elle a une portée universelle et intemporelle. Elle peut se trouver aussi bien dans un recueil autonome qu'au sein d'un contexte plus vaste (lettre, essai, théâtre, roman).
La Rochefoucauld publie son œuvre Maximes en 1664 qui contient cinq-cent-quatre formules dans sa version définitive. Ces maximes dressent un portrait du cœur humain. L'auteur y affirme son absence d'illusion sur l'homme. Il dénonce l'empire de l'amour-propre sur toutes les actions humaines qui pousse l'homme à ne poursuivre que son intérêt personnel et à satisfaire ses passions.