Sommaire
ILe texte narratifADéfinitionBLe schéma narratifCLes personnagesIILe texte descriptifADescriptionBLes verbes descriptifsCLes temps de la descriptionDPortrait et paysageLe texte narratif
Définition
Texte narratif
Un texte narratif raconte une histoire réelle ou fictive. Il s'inscrit dans la narration et est repérable à une suite de verbes d'action et de faits. Il suit une chronologie et est raconté par un narrateur plus ou moins présent dans l'histoire.
En ce moment, je crus que notre expédition était terminée, et que nous ne reverrions plus jamais le fantastique animal. Je me trompais.
À dix heures cinquante minutes du soir, la clarté électrique réapparut, à trois milles au vent de la frégate, aussi pure, aussi intense que pendant la nuit dernière.
Le narval semblait immobile. Peut-être, fatigué de sa journée, dormait-il, se laissant aller à l'ondulation des lames ? Il y avait là une chance dont le commandant Farragut résolut de profiter.
Il donna ses ordres. L'Abraham-Lincoln fut tenu sous petite vapeur, et s'avança prudemment pour ne pas éveiller son adversaire. Il n'est pas rare de rencontrer en plein océan des baleines profondément endormies que l'on attaque alors avec succès, et Ned Land en avait harponné plus d'une pendant son sommeil. Le Canadien alla reprendre son poste dans les sous-barbes du beaupré.
La frégate s'approcha sans bruit, stoppa à deux encablures de l'animal, et courut sur son erre. On ne respirait plus à bord. Un silence profond régnait sur le pont. Nous n'étions pas à cent pieds du foyer ardent, dont l'éclat grandissait et éblouissait nos yeux.
En ce moment, penché sur la lisse du gaillard d'avant je voyais au-dessous de moi Ned Land, accroché d'une main à la martingale, de l'autre brandissant son terrible harpon. Vingt pieds à peine le séparaient de l'animal immobile.
Tout d'un coup, son bras se détendit violemment, et le harpon fut lancé. J'entendis le choc sonore de l'arme, qui semblait avoir heurté un corps dur.
La clarté électrique s'éteignit soudain, et deux énormes trombes d'eau s'abattirent sur le pont de la frégate, courant comme un torrent de l'avant à l'arrière, renversant les hommes, brisant les saisines des dromes.
Un choc effroyable se produisit, et, lancé par-dessus la lisse, sans avoir le temps de me retenir, je fus précipité à la mer.
Jules Vernes
Vingt mille lieues sous les mers, s.l., éd. Pierre-Jules Hetzel
1869-1870
Le schéma narratif
Un récit s'organise autour d'une intrigue, c'est-à-dire une suite d'actions ou de péripéties. Le schéma narratif est la façon dont se déroule le plus souvent cette intrigue :
- Un état initial
- Un élément perturbateur qui dérange l'état initial et déclenche des péripéties
- Des péripéties qui finiront par régler les problèmes
- Un élément de résolution : événement qui clôt le récit et permet de rétablir l'équilibre
- Une situation finale : la chute du roman ou du récit
L'état initial correspond à l'introduction du récit : il doit être clair et mettre en présence le personnage principal.
Élément du schéma narratif | Situation initiale | Élément perturbateur | Péripéties | Élément de résolution | Situation finale |
---|---|---|---|---|---|
Description de l'élément | Le cadre spatio-temporel est posé, la situation initiale répond aux questions "qui ?", "quand ?", "où ?". | Action / Événement qui vient perturber la situation initiale. | Ce sont les actions / événements que fait / subit le personnage principal. | Événement qui clôt le récit et permet de retrouver un équilibre. | C'est le retour à la situation stable. |
Temps généralement utilisé dans le récit | Imparfait | Passé simple / Imparfait | Passé simple / Imparfait | Passé simple / Imparfait | Imparfait |
Présent | Passé composé / Présent | Passé composé / Présent | Passé composé / Présent | Présent |
Dans Le Hobbit, de J. R. R. Tolkien, la situation initiale est celle de Bilbo (ou Bilbon) qui vit tranquillement dans la Comté. L'élément perturbateur est l'arrivée du magicien Gandalf et des treize nains qui ont besoin de son aide pour accomplir une mission. Les péripéties sont toutes les aventures que connaissent les personnages en chemin comme la rencontre avec le dragon Smaug, le hobbit Gollum, la traversée de la forêt de Grand'Peur et la transformation de Beorn en ours. L'élément de résolution est la victoire des héros lors de la bataille finale. La situation finale est heureuse, Bilbo retourne dans la Comté avec des coffres remplis de richesses.
L'enchaînement chronologique et causal est assuré dans le récit par plusieurs mots. On trouve surtout :
- Des adverbes : "alors", "ensuite", "enfin", "néanmoins", "puis", etc.
- Des connecteurs logiques : "car", "comme", "donc", "et", "ou", etc.
Les personnages
Les personnages des récits narratifs comme les contes ou les romans d'aventures, correspondent souvent à des caractéristiques bien précises.
Les personnages sont souvent divisés en trois catégories :
- Le héros : c'est le personnage dont on suit l'histoire. Il incarne des qualités comme la bravoure, la richesse, la bonté, la beauté.
- Les opposants : ce sont les personnages qui créent des difficultés pour le héros au cours du récit. Ils sont souvent associés à des caractéristiques négatives comme la méchanceté, la laideur, l'avarice, la lâcheté.
Les adjuvants : ce sont les personnages qui aident le héros au cours du récit. Ils sont souvent associés à des caractéristiques positives comme la bonté, la beauté, la générosité, le courage.
Dans le roman d'aventures L'Appel de la forêt de Jack London, le chien Buck est courageux, le lecteur suit ses aventures, c'est le héros de l'histoire.
Dans Le Seigneur des anneaux de J. R. R Tolkin, Saruman est un magicien ambitieux et corrompu qui entrave les plans de destruction de l'anneau des héros. C'est un opposant.
Dans La Princesse de Clèves, Madame de Chartres est la mère de l'héroïne, elle l'aide à rester intègre. C'est une adjuvante.
Le texte descriptif
Description
Texte descriptif
Le texte descriptif détaille les caractéristiques d'un personnage, d'un objet, d'un lieu ou d'un animal. Il s'agit souvent d'une pause dans l'action d'un roman.
Les chiens s'étaient couchés sur la neige, et Bill vint, derrière le traîneau, rejoindre son camarade. Ensemble ils examinèrent l'étrange animal qui les suivait depuis plusieurs jours et qui leur avait déjà soufflé la moitié de leur attelage. Ils le virent trotter encore, en avant, de quelques pas, puis s'arrêter, puis recommencer à diverses reprises le même manège, jusqu'à ce qu'il ne se trouvât plus qu'à une courte distance. Alors il fit halte, la tête dressée, près d'un groupe de sapins, et se remit à observer les deux hommes. Il les considérait avec une insistance singulière, comme eût pu le faire un chien, mais sans qu'il y eût rien dans ses yeux du regard affectueux de l'ami de l'homme. Cette insistance était celle de la faim.
Jack London
Croc-Blanc, (White Fang), trad. Paul Gruyer et Louis Postif, Paris, éd. Georges Crès et Cie, 1923
1906
Le texte descriptif permet de donner des informations sur les lieux ou les personnages.
Les verbes descriptifs
Les verbes descriptifs sont tous les verbes qui permettent de décrire un être vivant ou inanimé, ou encore un paysage.
Les verbes d'état sont souvent utilisés dans la description :
- Être
- Paraître
- Sembler
- Devenir
- Rester
- Passer pour
- Avoir l'air de
Il était arrivé à un âge où il devenait trop faible pour lutter. Il restait en dehors des combats et passait pour un lâche, alors qu'il avait encore l'air d'un fier guerrier.
Dans l'exemple précédent, la description repose essentiellement sur des verbes d'état.
Les verbes de perception permettent également de nourrir une description :
- Voir
- Distinguer
- Entendre
- Apercevoir
- Regarder
- Toucher
La fillette touchait du bout des doigts la paroi dure et froide de la vitre et observait avec attention les fleurs du jardin. Elle apercevait les roses qui commençaient à éclore et distinguait les tulipes blanches au pied du grand cerisier japonais.
Dans l'exemple précédent, les verbes de perception permettent de construire la description et de décrire un paysage à travers les yeux d'un personnage.
Les temps de la description
Temps dominant dans une description
Dans une description au présent, c'est le présent simple qui domine. Dans une description au passé, c'est l'imparfait qui domine.
La duchesse portait une longue robe en velours rouge qui paraissait très vieille et se froissait dès qu'elle marchait. Elle restait à l'écart des autres participants du bal et passait pour une excentrique, car elle était fort différente de ses semblables.
Dans l'exemple précédent, le temps de la description est l'imparfait. On relève de nombreux verbes descriptifs.
Portrait et paysage
On distingue deux grands styles de description :
- La description d'un personnage : on l'appelle un portrait, même si l'auteur ne décrit pas simplement le visage du personnage.
- La description d'un paysage
[…] il ne fallait rien de moins, pour enlever les suffrages, que la grimace sublime qui venait d'éblouir l'assemblée. Maître Coppenole lui-même applaudit ; et Clopin Trouillefou, qui avait concouru, et Dieu sait quelle intensité de laideur son visage pouvait atteindre, s'avoua vaincu. Nous n'essaierons pas de donner au lecteur une idée de ce nez tétraèdre1, de cette bouche en fer à cheval, de ce petit œil gauche obstrué, d'un sourcil roux en broussailles tandis que l'œil droit disparaissait entièrement sous une énorme verrue, de ces dents désordonnées, ébréchées çà et là, comme les créneaux d'une forteresse, de cette lèvre calleuse2 sur laquelle une de ces dents empiétait comme la défense d'un éléphant, de ce menton fourchu, et surtout de la physionomie répandue sur tout cela de ce mélange de malice, d'étonnement et de tristesse. Qu'on rêve, si l'on peut, cet ensemble.
L'acclamation fut unanime. On se précipita vers la chapelle. On en fit sortir en triomphe le bienheureux pape des fous. Mais c'est alors que la surprise et l'admiration furent à leur comble. La grimace était son visage. Ou plutôt toute sa personne était une grimace. Une grosse tête hérissée de cheveux roux ; entre les deux épaules une bosse énorme dont le contrecoup se faisait sentir par-devant ; un système de cuisses et de jambes si étrangement fourvoyées3 qu'elles ne pouvaient se toucher que par les genoux, et, vues de face, ressemblaient à deux croissants de faucilles qui se rejoignent par la poignée ; de larges pieds, des mains monstrueuses ; et, avec toute cette difformité, je ne sais quelle allure redoutable de vigueur, d'agilité et de courage ; étrange exception à la règle éternelle qui veut que la force, comme la beauté, résulte de l'harmonie. Tel était le Pape que les fous venaient de se donner.
On eût dit un géant brisé et mal ressoudé.
Quand cette espèce de cyclope parut sur le seuil de la chapelle, immobile, trapu, et presque aussi large que haut ; carré par la base, comme dit un grand homme ; à son surtout4 mi-parti rouge et violet, semé de campaniles5 d'argent, et surtout à la perfection de sa laideur, la populace le reconnut sur-le-champ et s'écria d'une voix :
"C'est Quasimodo, le sonneur de cloches ! C'est Quasimodo, le bossu de Notre-Dame ! Quasimodo le borgne ! Quasimodo le bancale !"
1 Figure géométrique
2 Dont la peau est durcie et épaissie
3 Qui se trompent de chemin
4 Vêtement de dessus, cape ou grand manteau ample
5 Petite tour servant de clocher. Il s'agit ici de la décoration du vêtement.
Victor Hugo
Notre-Dame de Paris, Paris, éd. Charles Gosselin
1831
Cet extrait est un exemple de la description d'un portrait.
L'aspect de cette partie de l'Afrique était inquiétant d'ailleurs. Le désert se faisait peu à peu. Plus un village, pas même une réunion de quelques huttes. La végétation se retirait. À peine quelques plantes rabougries comme dans les terrains bruyéreux de l'Écosse, un commencement de sables blanchâtres et des pierres de feu, quelques lentisques et des boissons épineux. Au milieu de cette stérilité, la carcasse rudimentaire du globe apparaissant en arêtes de roches vives et tranchantes. Ces symptômes d'aridité donnaient à penser au docteur Fergusson.
Il ne semblait pas qu'une caravane eût jamais affronté cette contrée déserte ; elle aurait laissé des traces visibles de campement, les ossements blanchis de ses hommes ou de ses bêtes. Mais rien. Et l'on sentait que bientôt une immensité de sable s'emparerait de cette région désolée.
Jules Vernes
Cinq semaines en ballon, Paris, éd. Pierre-Jules Hetzel, coll. "Les Voyages extraordinaires"
1863
Cet extrait est un exemple de la description d'un paysage.