Sommaire
IIdentifier l'implication du locuteur et du destinataire dans le texteALa situation d'énonciation1Identifier la présence du locuteur2Identifier la présence du destinataire3Identifier le lieu et le moment de l'énonciation4Analyser une situation d'énonciationBLes différentes approches du locuteur vis-à-vis de son texte1Le narrateur extérieur au récit2Le narrateur interne au récitCLe point de vue adopté par le narrateur1La focalisation externe (ou point de vue externe)2La focalisation interne (ou point de vue interne)3La focalisation zéro (ou point de vue omniscient)IILes différents types de discoursALe discours directBLe discours indirectCLe discours indirect libreDLe discours narrativiséIdentifier l'implication du locuteur et du destinataire dans le texte
La situation d'énonciation
Identifier la présence du locuteur
Énonciation
L'énonciation est l'action d'émettre un énoncé. L'énoncé est la forme et le contenu de ce qui est dit.
La communication verbale a toujours lieu dans une situation particulière qu'on appelle situation d'énonciation. Celle-ci englobe le locuteur, l'interlocuteur et les circonstances de temps et de lieu dans lesquelles est émis l'énoncé.
Pierre, attends-moi !
Dans l'exemple précédent, un locuteur émet un énoncé. Il s'adresse à Pierre. Cet énoncé verbal a lieu dans une situation d'énonciation particulière.
L'énonciation étant une communication, elle nécessite un locuteur. Il s'agit de celui qui parle.
Dans un procès de justice, un avocat plaide en développant un discours visant à défendre son client devant un ou plusieurs magistrats. Il est le locuteur de son plaidoyer, celui qui parle.
Identifier la présence du destinataire
Destinataire
Le destinataire d'un acte d'énonciation est celui qui reçoit le message émis par le locuteur.
Lors d'un cours magistral, les étudiants sont les destinataires du cours énoncé par le professeur.
Identifier le lieu et le moment de l'énonciation
La communication entre le locuteur et le destinataire se réalise dans un contexte identifiable.
Le discours de réception du prix Nobel prononcé par Albert Camus a eu lieu le 10 décembre 1957 à Stockholm.
Analyser une situation d'énonciation
Pour analyser la situation d'énonciation d'un énoncé, il faut définir qui parle (le locuteur), à qui (le destinataire), quand et où, et de quoi (l'énoncé).
Lors de son discours du 18 juin 1940, le général de Gaulle a dit : "Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi."
La situation d'énonciation :
Le locuteur : le général de Gaulle
Le destinataire : les possibles résistants français
Le temps et le lieu : Londres, le 18 juin 1940
L'énoncé : un appel à la résistance
Les différentes approches du locuteur vis-à-vis de son texte
Le narrateur est celui qui raconte l'histoire. Il ne faut pas le confondre avec l'auteur, une personne réelle qui a écrit le livre. L'auteur choisit le statut de son narrateur en le rendant plus ou moins présent.
Denis Diderot est l'auteur de La Religieuse (1796), et Suzanne Simonin en est la narratrice.
Le narrateur extérieur au récit
Narrateur extérieur
Le narrateur extérieur à l'histoire raconte des faits auxquels il n'a pas participé, comme s'il en avait été seulement le témoin. Le récit est écrit à la troisième personne.
Elle s'arrêta, elle regarda autour d'elle. Les grandes masses sombres des feuillages gardaient un silence recueilli, les sentiers, où des murs noirs se bâtissaient, devenaient des impasses de ténèbres ; les nappes de gazon, au loin, endormaient les vents qui les effleuraient.
Émile Zola
La Faute de l'abbé Mouret, Paris, éd. Charpentier
1875
La Faute de l'abbé Mouret d'Émile Zola est écrit à la troisième personne du singulier. Le narrateur est donc extérieur à l'histoire.
Le narrateur extérieur peut cependant se manifester pour donner son avis. Il emploie alors souvent la première personne du pluriel et se confond avec le "je" de l'auteur.
Nous avouerons que notre héros était fort peu héros en ce moment.
Stendhal
La Chartreuse de Parme, Paris, éd. Ambroise Dupont
1839
Dans La Chartreuse de Parme de Stendhal, le narrateur se permet des commentaires sur les personnages, visibles grâce à l'utilisation du pronom personnel "nous".
Le narrateur interne au récit
Narrateur-personnage
Le narrateur-personnage raconte à la première personne des faits auxquels il est censé avoir participé. Cette technique accentue l'effet de vraisemblance, en particulier dans les récits fantastiques.
J'écoutais cette murmurante émanation mystérieuse, douce comme un zéphir marin, féerique comme ce clair de lune, qu'était son sommeil. Tant qu'il persistait, je pouvais rêver à elle, et pourtant la regarder, et quand ce sommeil devenait plus profond, la toucher, l'embrasser.
Marcel Proust
La Prisonnière, À la recherche du temps perdu, Paris, éd. Gallimard, NRF
1923 (publication posthume)
Dans La Prisonnière de Marcel Proust, le narrateur raconte à la première personne son expérience. Le lecteur est tenté de croire à son témoignage.
Il ne faut pas confondre le roman écrit à la première personne (œuvre de fiction) avec le récit autobiographique, relatant des faits réellement vécus par l'auteur.
Je n'en revenais pas de me découvrir par eux : ni merveille ni méduse, un gringalet qui n'intéressait personne. Ma mère cachait mal son indignation : cette grande et belle femme s'arrangeait fort bien de ma courte taille, elle n'y voyait rien que de naturel : les Schweitzer sont grands et les Sartre petits, je tenais de mon père, voilà tout.
Jean-Paul Sartre
Les Mots, Paris, éd. Gallimard, coll. "Blanche"
1964
Dans Les Mots de Jean-Paul Sartre, l'auteur raconte sa jeunesse et son lien avec la lecture. Il utilise le "je" autobiographique.
Le point de vue adopté par le narrateur
La focalisation externe (ou point de vue externe)
La focalisation externe (ou point de vue externe) se réfère à un narrateur externe : celui-ci raconte les faits comme quelqu'un qui les observe de l'extérieur. Il ne peut pas communiquer les sentiments ou les pensées des personnages.
Par moments, une ouvreuse se montrait, affairée, des coupons à la main, poussant devant elle un monsieur et une dame qui s'asseyaient, l'homme en habit, la femme mince et cambrée, promenant un lent regard. Deux jeunes gens parurent à l'orchestre. Ils se tinrent debout, regardant.
Émile Zola
Nana, Paris, éd. Charpentier
1880
Cet extrait est raconté comme si le narrateur était placé à côté des personnages. Il n'en dit pas plus que ce qu'il voit. Le narrateur adopte donc un point de vue externe.
La focalisation interne (ou point de vue interne)
La focalisation interne permet au lecteur de suivre les péripéties à travers les pensées et les sentiments d'un personnage précis.
À travers le brouillard, il contemplait des clochers, des édifices dont il ne savait pas les noms ; puis il embrassa, dans un dernier coup d'œil, l'île Saint-Louis.
Gustave Flaubert
L'Éducation sentimentale, Paris, éd. Michel Lévy frères
1869
Dans cet extrait, le narrateur révèle les sentiments et pensées du personnage. Il se place donc d'un point de vue interne.
La focalisation zéro (ou point de vue omniscient)
Avec la focalisation zéro, le narrateur n'adopte pas le point de vue d'un personnage précis, il n'y a pas de restriction du champ de vision. Il est omniscient, c'est-à-dire qu'il sait tout de ses personnages ainsi que des événements passés ou à venir.
Louis Lambert naquit, en 1797, à Montoire, petite ville du Vendômois, où son père exploitait une tannerie de médiocre importance et comptait faire de lui son successeur.
Honoré de Balzac
Louis Lambert, Paris, éd. Charles Gosselin, coll. "Études philosophiques"
1832
Dans cet extrait, le narrateur semble tout connaître du passé et des pensées de l'ensemble des personnages. Il se place donc selon une focalisation zéro.
Un romancier peut varier les focalisations à l'intérieur d'une même œuvre. Étudier la focalisation dans un extrait de roman permet d'évaluer les informations données par le narrateur au lecteur.
Les différents types de discours
Le discours direct
Discours direct
Le discours direct rapporte les paroles des personnages telles qu'elles ont été prononcées.
Viens ici !
Dans cet exemple, les paroles sont rapportées telles qu'elles ont été prononcées.
On reconnaît le discours direct :
- À la présence de guillemets au début et à la fin du discours
- Au changement de locuteur signifié par un retour à la ligne et un tiret en début de nouvelle prise de parole
- À l'emploi du présent d'énonciation
- À la présence de propositions juxtaposées incises (entre virgules, à la suite des paroles des personnages) où le sujet et le verbe sont inversés
Le discours indirect
Discours indirect
Le discours indirect rapporte le contenu du discours d'un personnage dans une proposition subordonnée conjonctive.
Il lui dit qu'il doit venir.
Dans cet exemple, le discours du sujet est rapporté après la conjonction "que". Il est introduit par le verbe de parole "dit". La proposition "qu'il doit venir" est une proposition subordonnée conjonctive.
Le discours indirect accélère légèrement le récit. Le narrateur a alors une place d'intermédiaire. C'est lui qui rapporte les paroles, et peut les transformer. Il peut créer des imprécisions au service du récit. Le lecteur n'a pas les paroles exactes des personnages et peut se poser les questions suivantes : le narrateur lui ment-il ? Lui cache-t-il des informations ? Comment interpréter ces paroles ?
Le discours indirect libre
Discours indirect libre
Le discours indirect libre rapporte les paroles d'un personnage de manière indirecte sans employer de proposition subordonnée indirecte, de sorte que le lecteur ne peut parfois pas identifier si ces paroles sont celles du narrateur ou celles d'un personnage.
Il était temps de venir.
Dans cet exemple, le lecteur peut difficilement savoir qui s'exprime, un personnage ou le narrateur. Le discours est ici très impersonnel.
Le discours indirect libre crée un doute. Le lecteur ignore qui parle, le narrateur ou le personnage. Cela permet notamment de transmettre les pensées d'un personnage (le narrateur s'étant introduit dans son esprit) ou de camoufler certains commentaires du narrateur.
Le discours narrativisé
Discours narrativisé
Le discours narrativisé résume les paroles d'un ou plusieurs personnages.
On débattit longuement de la meilleure position à adopter.
Dans cet exemple, le narrateur choisit de ne pas s'attarder sur le débat. Il précise qu'il y a eu un échange verbal, mais n'en donne pas le contenu. C'est du discours narrativisé.
Ce type de discours est en particulier utilisé lorsque le narrateur cherche à ne pas s'attarder sur les paroles prononcées. Le récit est ainsi grandement accéléré.