Sommaire
ILe contexte historique et les origines du nouveau romanIILes principes majeurs du nouveau romanIIIŒuvres littéraires et auteurs essentielsIVHistoire des artsLe contexte historique et les origines du nouveau roman
Avec la fin de la Seconde Guerre mondiale, la France entre dans une nouvelle phase de civilisation dont on retrouve les échos dans la vie culturelle. Il faut rebâtir le pays, redonner de l'importance à l'art et à la création. Il faut aussi dépasser le Mal, le génocide, la monstruosité du nazisme.
L'écrivain ne peut plus se tenir en marge de la vie sociale et politique, ce que démontre le mouvement philosophique existentialiste. Les intellectuels ont le désir de se démarquer des intérêts économiques et sociaux des années 1950 (augmentation de la production industrielle, course à la consommation, urbanisation, montée de l'individualisme, etc.). Face à ces changements radicaux, un courant de contestation, une littérature du refus se développent.
On attribue traditionnellement la première mention de l'expression « nouveau roman » au critique du Monde Émile Henriot. Il l'emploie en 1957 dans un article consacré au roman La Jalousie de Robbe-Grillet. Dès 1953, de jeunes écrivains, Robbe-Grillet, Butor, Sarraute, Simon ou Duras, défendent simultanément une même conception de l'écriture romanesque. Dès leurs débuts, ces auteurs se retrouvent au sein d'une maison d'édition : les Éditions de Minuit. L'ensemble du mouvement est consacré par l'attribution du prix Goncourt à Duras en 1984 et du prix Nobel de littérature à Claude Simon en 1985.
Les principes majeurs du nouveau roman
La fin de l'intrigue | Le roman n'est plus « l'écriture d'une aventure mais l'aventure d'une écriture » (Jean Ricardou). L'histoire racontée par le livre devient accessoire. Elle ne respecte plus un déroulement chronologique et ordonné mais repose sur des jeux temporels, sur une impression de décousu. Le récit est froid et neutre, il n'a plus un rôle moral ou politique. |
L'effacement du personnage au profit des objets | Les romanciers remettent en cause la notion de héros traditionnel et préfèrent donner une image floue de leurs personnages. Le lecteur les identifie mal, ils n'ont pas de qualité ou de caractéristique particulière. Cette dissolution du personnage est associée à une prolifération d'objets qui imposent leur présence menaçante dans un univers déshumanisé. Ainsi, ils sont souvent décrits de façon extrêmement méticuleuse. |
Une énonciation problématique | Les romanciers brouillent les marques de l'énonciation et de la focalisation. Les pronoms sujets utilisés sont nombreux, changeants, indéterminés. Les phrases sont polyphoniques. Le point de vue narratif adopté peut être changeant ou être celui d'un personnage mêlant le temps présent et le temps du souvenir. |
Œuvres littéraires et auteurs essentiels
- Nathalie Sarraute : Tropismes, 1939 (recueil de récits)
- Michel Butor : La Modification, 1957 (roman)
- Alain Robbe-Grillet : La Jalousie, 1957 (roman)
- Marguerite Duras : Le Ravissement de Lol V. Stein, 1964 (roman)
- Marguerite Duras : L'Amant, 1984 (roman)
Histoire des arts
Comme les auteurs du nouveau roman ont réinventé le genre romanesque, les jeunes cinéastes de la nouvelle vague (souvent critiques aux Cahiers du cinéma) révolutionnent le cinéma français dans les années 1960. Ils adoptent des techniques de tournage et d'écriture novatrices. Romanciers et réalisateurs vont parfois collaborer le temps d'un film ou de l'adaptation d'un roman. Ils ont en commun de vouloir renouveler les formes et les processus de création existants.
La nouvelle vague revendique l'idée que le cinéaste est un artiste, un auteur et non un technicien ou un artisan. Elle s'affranchit des règles d'écriture et des formes traditionnelles :
- Les histoires sont simples.
- Les héros ordinaires sont joués par des acteurs inconnus.
- Les dialogues sont rudimentaires et parfois improvisés.
Œuvres d'art-clés
- Claude Chabrol : Le Beau Serge, 1959 (film)
- Alain Resnais : Hiroshima mon amour, 1959 (film adapté du roman de Duras)
- Jean-Luc Godard : À bout de souffle, 1960 (film)
- Agnès Varda : Cléo de 5 à 7, 1962 (film)