Sommaire
IParcours : réflexions sur l'intitulé du parcours « Écrire et combattre pour l'égalité »IIOlympe de Gouges, auteure de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenneIIIPrésentation de l'œuvreALe contexteBRésumé de l'œuvre1« À la Reine »2« Homme es-tu capable… »3Préambule4Articles 1 à 175Postambule6Forme du contrat social de l'homme et de la femmeCLes thèmes principaux1La dénonciation de la condition des femmes2Le combat pour l'égalité entre les hommes et les femmesIVTextes-clésA« Homme es-tu capable… »11er mouvement : un ton polémique22e mouvement : l'auteure se place en position de supériorité33e mouvement : l'opposition entre l'homme et la natureBPréambule11er mouvement : une démarche sérieuse22e mouvement : un discours logique et structuré33e mouvement : une demande légitimeCPostambule : l'adresse aux femmes (extrait)11er mouvement : un appel à la révolte22e mouvement : l'inégalité entre les hommes et les femmes33e mouvement : un combat intellectuelParcours : réflexions sur l'intitulé du parcours « Écrire et combattre pour l'égalité »
L'intitulé du parcours « Écrire et combattre pour l'égalité » invite à réfléchir sur les moyens employés pour mener une lutte, défendre une cause. Dans ce parcours, il s'agit d'une lutte pour « l'égalité ».
Les deux infinitifs « écrire » et « combattre » sont reliés par la conjonction de coordination « et ». Cela montre que l'écriture est un moyen de lutter pour une cause mais qu'il n'est pas le seul. Le terme « combattre » signifie « lutter contre, se battre contre » mais aussi « s'opposer à ».
L'égalité est, selon la définition qu'en donne le Larousse, l'« absence de toute discrimination entre les êtres humains, sur le plan de leurs droits ». Si on met en relation l'intitulé du parcours, la définition du terme d'égalité et le titre de l'œuvre d'Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, on comprend alors que la réflexion va s'articuler principalement autour de la notion d'égalité entre les hommes et les femmes, et plus particulièrement au niveau de leurs droits.
Il y a donc, dans le parcours, l'idée d'une lutte à mener. Une lutte littéraire et intellectuelle mais dans un but concret : obtenir l'égalité entre les hommes et les femmes.
L'écrivain peut donc s'engager, par ses écrits, dans la défense d'une cause. L'intitulé du parcours amène à s'interroger également sur la notion de « littérature engagée ». Le concept de « littérature engagée » a été inventé au XXe siècle par l'écrivain et philosophe Jean-Paul Sartre. Il pense que le rôle de l'écrivain est de s'impliquer dans les combats de son temps soit par ses écrits, soit en intervenant directement dans les débats. On appelle « écrivains engagés » les auteurs qui s'impliquent, par leurs œuvres, dans la défense d'une cause.
L'engagement littéraire ne date pas du XXe siècle. Il a existé à toutes les époques. Ces œuvres « engagées » sont regroupées sous le terme générique de « littérature d'idées ».
L'écrivain engagé cherche à faire réfléchir, à provoquer le débat, à générer une prise de conscience et à engendrer des changements.
Dans la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Olympe de Gouges dénonce les injustices et inégalités dont les femmes de son époque sont victimes. Mais elle va plus loin encore car elle propose des solutions, des mesures concrètes pour que ces inégalités cessent. Pour cela, elle emploie différentes stratégies argumentatives, c'est-à-dire qu'elle adapte ses propos et sa manière d'argumenter à ses différents destinataires.
Stratégie argumentative
La stratégie argumentative désigne l'ensemble des procédés qu'un écrivain utilise pour atteindre un but précis lorsqu'il défend son point de vue.
L'intitulé du parcours invite à se poser diverses questions :
- La parole a-t-elle un véritable pouvoir ?
- Peut-on vraiment combattre avec des mots ?
- La littérature peut-elle être une arme au service d'un combat ?
- Quelles formes les luttes peuvent-elles prendre ?
- Quels sont les rôles de l'écrivain ?
Olympe de Gouges, auteure de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne
Olympe de Gouges est une femme issue de la bourgeoisie provinciale. Malgré une éducation rudimentaire, elle va produire de nombreuses œuvres. Femme indépendante et pleine de caractère, elle va s'engager dans divers combats comme la lutte contre l'esclavage, pour la condamnation des mariages forcés et pour le droit au divorce.
Olympe de Gouges, de son vrai nom Marie Gouze, naît le 7 mai 1748 à Montauban, dans une famille bourgeoise. Mais Marie est un enfant adultérin. Son vrai père n'est pas le mari de sa mère mais un célèbre poète, dramaturge et académicien nommé Jean-Jacques Lefranc de Pompignan. Cela explique peut-être ses goûts littéraires. Elle reçoit malgré tout une instruction très limitée. Elle ne sait donc ni lire ni écrire correctement.
En 1765, elle se marie avec Louis-Yves Aubry qui a trente ans de plus qu'elle. Ce n'est pas un mariage d'amour.
Un an plus tard, en 1766, elle donne naissance à un fils, Pierre. Peu de temps après, son époux meurt emporté par une rivière en crue. Elle se retrouve donc veuve à dix-huit ans. Elle ne se remarie pas afin de conserver sa liberté.
Au XVIIIe siècle, l'usage veut qu'une veuve, surtout si elle a un enfant, se remarie. Les femmes mariées sont soumises à l'autorité de leur mari. Elles ne peuvent, par exemple, rien publier sans l'autorisation de leur mari.
En 1767, elle rejoint Paris avec son fils et son amant qu'elle n'épousera jamais. C'est là qu'elle change de nom, afin de ne pas être appelée « la veuve Aubry », et qu'elle se fait désormais appeler Olympe de Gouges. Olympe est le deuxième prénom de sa mère et Gouges est créé à partir de son nom de naissance.
Elle se lance dans la « rédaction » de nombreux textes. Mais comme elle est presque analphabète, elle dicte ses textes à des secrétaires. En 1784, elle produit une pièce de théâtre, Zamore et Mirza ou l'Heureux mariage, qui dénonce l'esclavage. En 1786, elle publie Le Mariage inattendu de Chérubin, une pièce de théâtre qui critique le droit de cuissage et le mariage forcé des filles.
En 1788, elle développe un vaste programme de réformes sociales dans ses Remarques patriotiques et sa Lettre au peuple. Elle demande un impôt sur les signes extérieurs de richesse et un impôt volontaire à proportion des revenus. Elle souhaite la création de centres d'aide pour les chômeurs et de foyers pour mendiants. Elle réclame l'abolition des mariages forcés et l'autorisation du divorce. Elle propose aussi tout un programme pour défendre les prostituées. Elle lutte contre l'esclavage et le racisme. Elle imagine également des centres de soins pour les femmes afin qu'elles accouchent dans des maternités et qu'elles et leur bébé soient mieux soignés.
En 1790, elle rédige sa pièce de théâtre intitulée La Nécessité du divorce.
En 1791 paraît la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.
En 1793, Olympe de Gouges est arrêtée pour ses écrits que l'on considère comme injurieux envers les hommes politiques, mais aussi parce qu'elle est une contre-révolutionnaire qui attaque Robespierre et défend Louis XVI lors du procès de ce dernier.
Le 2 novembre 1793, elle est jugée par le Tribunal révolutionnaire et est exécutée le lendemain. C'est la deuxième femme de l'histoire à être guillotinée (la première était Marie-Antoinette). Sur l'échafaud, juste avant d'être exécutée, elle clame haut et fort : « Enfants de la Patrie vous vengerez ma mort. »
Olympe de Gouges est considérée comme l'une des premières féministes, même si ce terme n'existe pas encore au XVIIIe siècle.
Présentation de l'œuvre
L'œuvre d'Olympe de Gouges paraît lors d'une période centrale de l'histoire de France. Elle s'inspire de la Déclaration des Droits de l'homme et du citoyen pour écrire son ouvrage. Elle y dénonce la condition des femmes et le combat pour l'égalité entre les hommes et les femmes.
Le contexte
La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne paraît en 1791 pendant la Révolution française. Au moment de la publication de cette œuvre, Olympe de Gouges est connue des milieux politiques et révolutionnaires. Avec la Révolution, les citoyens (c'est-à-dire les hommes) ont acquis de nouveaux droits, mais pas les femmes.
Olympe de Gouges appartient au siècle des Lumières qui voit naître des combats en faveur de l'égalité. On s'insurge contre la traite et l'esclavage des Noirs, on milite pour le droit d'expression et on lutte pour l'égalité des droits.
En 1789 paraît la Déclaration des Droits de l'homme et du citoyen qui s'ouvre sur le premier article : « Les hommes naissent libres et égaux en droits ». Mais les femmes en sont exclues car elles appartiennent à la catégorie des « citoyens passifs » (au même titre que les esclaves, les pauvres, les fous et les enfants). Elles sont soumises à l'autorité de leur père puis de leur mari. Elles n'ont aucun droit politique (elles ne peuvent ni voter ni être élues), elles n'ont aucun droit de propriété (tout ce qu'elles possèdent revient de droit à leur mari) et elles n'ont pas le droit de divorcer. De plus, leur éducation est réduite au strict minimum : on leur apprend juste de quoi faire fonctionner le ménage, c'est-à-dire à devenir de bonnes épouses et de bonnes mères.
Résumé de l'œuvre
Olympe de Gouges reprend donc, en majeure partie, le texte de la Déclaration des Droits de l'homme et du citoyen pour écrire le sien.
La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne s'ouvre sur une adresse à la reine Marie-Antoinette suivie d'une exhortation adressée aux hommes et d'un préambule. Viennent ensuite les dix-sept articles de la Déclaration. Un postambule et un texte intitulé « Forme du contrat social de l'homme et de la femme » clôturent l'ouvrage.
Le texte qui figure au programme du baccalauréat s'étend du préambule au postambule.
« À la Reine »
Avec cette dédicace, Olympe de Gouges sollicite la reine afin de l'inciter à prendre part à son combat et à défendre les droits des femmes. Pour l'auteure, la Révolution française sera un succès à partir du moment où les femmes ne seront plus exclues de la vie publique et de la politique.
« Homme es-tu capable… »
L'auteure s'interroge sur la capacité des hommes à être justes et leur légitimité à exercer seuls le pouvoir. Elle explique que, chez les autres espèces, il n'existe aucune inégalité entre les sexes. Elle réaffirme que la Révolution ne pourra se terminer qu'à partir du moment où l'égalité entre les hommes et les femmes sera garantie.
Préambule
Olympe de Gouges justifie et légitime son ouvrage en rappelant que les femmes font partie intégrante de la nation et que si la société et les gouvernements sont corrompus, c'est parce que les droits des femmes sont bafoués. Elle affirme que si ces derniers sont respectés, alors la société sera meilleure et les hommes seront plus heureux.
Articles 1 à 17
L'auteure réaffirme tout d'abord l'égalité de droits entre les hommes et les femmes puis elle précise quels sont ces droits : « la liberté, la propriété, la sûreté et surtout la résistance à l'oppression ».
Ensuite, elle précise que les femmes doivent pouvoir accéder aux mêmes fonctions que les hommes et qu'elles doivent être soumises à la même justice. Elle rappelle également que les femmes doivent avoir le droit à la liberté d'opinion, qu'elles doivent pouvoir, elles aussi, tirer parti des bénéfices des impôts, qu'elles doivent pouvoir voter et être élues. Le dix-septième et dernier article rappelle que le partage des biens doit être équitable.
Postambule
Olympe de Gouges s'adresse aux femmes et les exhorte à voir la réalité de leur condition et à se battre pour leurs droits et leur liberté. Elle affirme que seule l'égalité dans les fonctions mettra fin à la corruption du gouvernement. Elle montre que le statut économique des femmes s'est dégradé après la Révolution et qu'elles sont soumises à des injustices sociales importantes. Elle termine son postambule sur l'évocation des inégalités au sein des couples mariés.
Forme du contrat social de l'homme et de la femme
Cette dernière partie prend la forme d'un contrat. L'auteure propose des mesures concrètes pour améliorer l'institution du mariage. Elle évoque le partage des biens entre époux en cas de séparation. Elle aborde aussi la question de la protection des femmes et des enfants dans les cas des naissances hors mariage. Elle n'oublie pas la protection des « demoiselles trompées », des veuves et des prostituées.
Olympe de Gouges revient également sur la condition des esclaves (qu'elle assimile à celle des femmes), sur les droits des hommes noirs et sur le mariage des prêtres, auquel elle est favorable.
Elle poursuit sur l'évocation d'une anecdote qui dénonce la façon dont les femmes sont traitées. Alors qu'un cocher essaie de l'escroquer, elle fait appel à un juge. Mais ce dernier, fortement misogyne, ne prend pas même le temps de l'écouter et donne raison au cocher.
Le postambule se termine sur un post-scriptum dans lequel Olympe de Gouges se réjouit de voir que la situation politique de la France s'apaise et semble s'améliorer.
Les thèmes principaux
Cet ouvrage comporte deux thèmes principaux : la dénonciation de la condition des femmes et le combat pour l'égalité entre les hommes et les femmes.
La dénonciation de la condition des femmes
Depuis l'Antiquité, les femmes ont un statut différent de celui des hommes. Olympe de Gouges dénonce la condition des femmes mais montre qu'elles ont aussi des choses à se reprocher.
Les droits des femmes n'ont cessé de régresser du Moyen Âge au XIXe siècle. Destinées au mariage et à la maternité, les femmes n'ont quasiment pas de droits sociaux et juridiques.
Les femmes sont tout d'abord éloignées de la vie économique. En effet, peu de professions leur sont ouvertes. Les femmes mariées n'ont le droit ni d'apprendre ni d'exercer un métier. Elles n'ont donc aucune indépendance financière. Cela les contraint à rester sous l'autorité de leur père, à se marier ou bien à rentrer dans les ordres.
Les filles ont une éducation très restreinte. On les initie à la lecture, à l'écriture et au calcul. On leur enseigne comment être de bonnes épouses et de bonnes mères.
Même au sein de leur propre famille, les femmes sont considérées comme des « domestiques » au même titre que leurs enfants et les serviteurs. Elles n'y ont aucun droit et sont soumises à l'autorité de leur mari.
Les femmes sont également éloignées de la vie politique. Les deux lois saliques, forgées au XVe siècle empêchent les femmes d'hériter ou de transmettre la couronne. Elles ne peuvent donc pas diriger un État. Ces lois prennent toute leur puissance en 1791 car elles sont inscrites dans la première Constitution. Les femmes ne peuvent ni voter ni être élues.
Enfin, les femmes ne sont pas soumises aux mêmes lois juridiques que les hommes.
Olympe de Gouges dénonce donc la condition dans laquelle les femmes sont maintenues. Elles sont perpétuellement soumises à la domination des hommes. Selon elle, leur fragilité sociale mais aussi financière les met en danger. Elles ne peuvent pas se défendre contre les hommes qui abusent d'elles car aucune loi ne les protège. Elles risquent sans arrêt le déshonneur même si elle sont des victimes. Ainsi, Olympe de Gouges montre que les femmes pauvres, les prostituées, les veuves, les vieillardes mais aussi les femmes abandonnées sont méprisées et bien peu considérées. Elles courent même le risque d'être mises au ban de la société.
Les femmes, tout comme les esclaves, sont donc soumises à la tyrannie des hommes. Mais cela est contre nature. En effet, selon Olympe de Gouges, on n'observe dans la nature aucune distinction entre les sexes. Seul l'homme opprime le sexe opposé ou les minorités.
Cependant, elle nuance son propos. Même si les femmes sont victimes de l'oppression des hommes, elles contribuent à donner une mauvaise image d'elles-mêmes. Étant privées de leurs droits, certaines d'entre elles jouent de leurs charmes féminins pour s'imposer dans une société patriarcale. Ainsi elles manigancent, fomentent, rusent. Pour l'auteure, ce comportement est néfaste tant pour l'image que les femmes donnent d'elles-mêmes que pour l'influence qu'il a sur les gouvernements. Ce pouvoir qu'elles se donnent par la ruse est la conséquence de leur condition mais, en agissant ainsi, elles « ont fait plus de mal que de bien ». Et cela n'aide pas à améliorer leur condition car elles restent les esclaves des hommes.
Le combat pour l'égalité entre les hommes et les femmes
Olympe de Gouges souligne le fait que les hommes, grâce à la Révolution française, ont acquis des droits mais que ce n'est pas le cas des femmes. Elle s'applique donc à corriger cela.
Tout d'abord, en donnant un aspect légal à son texte puisqu'elle reprend la forme de la Déclaration des Droits de l'homme et du citoyen et qu'elle emploie tout un vocabulaire législatif, Olympe de Gouges entend montrer le sérieux de sa démarche et influer sur la rédaction de la Constitution de 1791.
Pour elle, l'égalité entre les hommes et les femmes ne pourra passer que par un cadre légal rigoureux. Elle réclame donc que les femmes aient légalement les mêmes droits que les hommes : liberté d'opinion et d'expression, garantie des droits, égalité devant l'impôt, garantie de la propriété, accès à l'éducation. Elle souhaite, en somme, que les hommes et les femmes aient les mêmes libertés et droits fondamentaux.
Pour que l'égalité soit possible, il faut aussi que les femmes ouvrent les yeux sur l'oppression qu'elles subissent et cessent de se soumettre aux hommes. Ce sont donc les femmes qui doivent revendiquer l'égalité.
Ce que l'auteure veut avant tout, c'est que les droits des femmes et leur égalité avec les hommes soient reconnus aussi bien pour leur utilité que pour les bienfaits qu'ils apporteront à la nation. Elle veut les imposer par la raison et non par la force afin qu'ils soient les fondements solides d'une nouvelle société. Le combat d'Olympe de Gouges pour l'égalité entre les hommes et les femmes est donc à la fois un combat féministe et un combat citoyen.
Textes-clés
« Homme es-tu capable… »
« Homme, es-tu capable d'être juste ? C'est une femme qui t'en fait la question ; tu ne lui ôteras pas du moins ce droit. Dis-moi ? Qui t'a donné le souverain empire d'opprimer mon sexe ? Ta force ? Tes talents ? Observe le créateur dans sa sagesse ; parcours la nature dans toute sa grandeur, dont tu sembles vouloir te rapprocher, et donne-moi, si tu l'oses, l'exemple de cet empire tyrannique.
Remonte aux animaux, consulte les éléments, étudie les végétaux, jette enfin un coup d'œil sur toutes les modifications de la matière organisée ; et rends-toi à l'évidence quand je t'en offre les moyens ; cherche, fouille et distingue, si tu peux, les sexes dans l'administration de la nature. Partout tu les trouveras confondus, partout ils coopèrent avec un ensemble harmonieux à ce chef-d'œuvre immortel.
L'homme seul s'est fagoté un principe de cette exception. Bizarre, aveugle, boursouflé de sciences et dégénéré, dans ce siècle de lumières et de sagacité, dans l'ignorance la plus crasse, il veut commander en despote sur un sexe qui a reçu toutes les facultés intellectuelles ; il prétend jouir de la Révolution, et réclamer ses droits à l'égalité, pour ne rien dire de plus. »
- Phrases interrogatives
- Impératif présent
- Olympe de Gouges se met dans une position de supériorité
- Vocabulaire mélioratif pour évoquer la nature
- Vocabulaire dépréciatif pour évoquer l'homme
Il y a trois éléments essentiels à retenir du texte.
1er mouvement : un ton polémique
Par l'emploi de nombreuses propositions interrogatives directes, Olympe de Gouges questionne la légitimité de la domination de l'homme sur la femme. Elle remet en cause les points fondamentaux sur lesquels l'homme fonde sa puissance : la justice, la force et le talent. Cette attaque directe est polémique et donne immédiatement le ton de l'œuvre.
Ton polémique
Le registre polémique, du grec polemos qui signifie « combat », a pour but d'indigner le lecteur afin de le faire réagir.
2e mouvement : l'auteure se place en position de supériorité
Par l'emploi de phrases injonctives, Olympe de Gouges se place en position de supériorité vis-à-vis de l'homme. Elle lui donne des ordres et lui demande de se remettre en question en observant le fonctionnement de la nature. C'est un véritable défi qu'elle lance à l'homme ; en témoignent les expressions « si tu l'oses » et « si tu peux ». Plus encore, elle se positionne comme un véritable guide pour le sexe opposé : « rends-toi à l'évidence quand je t'en offre les moyens ».
3e mouvement : l'opposition entre l'homme et la nature
En employant un vocabulaire mélioratif pour évoquer le fonctionnement de la nature et un vocabulaire dépréciatif pour évoquer le fonctionnement de l'homme, l'auteure montre que la manière dont l'homme traite la femme est contraire à la nature. Ainsi, dans la nature, il y a une égalité entre les deux sexes alors que dans l'espèce humaine il y a une odieuse oppression du sexe masculin sur le sexe féminin.
Ainsi l'oppression des femmes n'est pas naturelle mais culturelle, et la femme a le droit légitime de réclamer l'égalité.
Préambule
« Les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la Nation, demandent d'être constituées en Assemblée nationale ; considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de la femme, sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements, ont résolu d'exposer, dans une déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de la femme, afin que cette déclaration, constamment présente à tous les membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs, afin que les actes du pouvoir des femmes, et ceux du pouvoir des hommes pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus respectés, afin que les réclamations des Citoyennes, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la Constitution, des bonnes mœurs, et au bonheur de tous. En conséquence le sexe supérieur en beauté, comme en courage dans les souffrances maternelles, reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l'Être suprême, les Droits suivants de la Femme et de la Citoyenne. »
- Énumération
- Vocabulaire juridique
- Un discours structuré
- Le combat de la femme pour son égalité avec les hommes est légitime
- L'égalité entre les hommes et les femmes est garante de la paix et du bonheur de la nation
Il y a trois éléments essentiels à retenir du texte.
1er mouvement : une démarche sérieuse
Olympe de Gouges ouvre son préambule sur une énumération qui montre qu'elle mène ce combat pour toutes les femmes dont elle se fait la représentante, la porte-parole. L'emploi d'un vocabulaire juridique renforce le côté solennel et officiel de sa démarche.
2e mouvement : un discours logique et structuré
Olympe de Gouges explique que les inégalités entre les hommes et les femmes sont la cause « des malheurs publics et de la corruption des gouvernements ». Pour elle, le respect des droits des femmes est le garant d'un gouvernement vertueux et juste et permettra le bonheur social.
3e mouvement : une demande légitime
La demande que formule Olympe de Gouges est annoncée comme légitime. Tout d'abord, elle présente les femmes comme le « sexe supérieur » alors que, traditionnellement, on parle du « sexe faible ». Ces termes mis en sujet des verbes « reconnaît et déclare » ne laisse aucune place à la contestation. C'est une véritable assertion. De plus, l'auteure place sa démarche sous l'égide de « l'Être suprême » (ici, un Créateur) ce qui l'avalise.
Olympe de Gouges met en valeur son raisonnement avec habileté et présente sa requête de façon à ce qu'elle soit incontestable dans sa légitimité.
Postambule : l'adresse aux femmes (extrait)
« Femme, réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l'univers ; reconnais tes droits. Le puissant empire de la nature n'est plus environné de préjugés, de fanatisme, de superstition et de mensonges. Le flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages de la sottise et de l'usurpation. L'homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne. Ô femmes ! Femmes, quand cesserez-vous d'être aveugles ? Quels sont les avantages que vous avez recueillis dans la révolution ? Un mépris plus marqué, un dédain plus signalé. Dans les siècles de corruption vous n'avez régné que sur la faiblesse des hommes. Votre empire est détruit ; que vous reste-t-il donc ? La conviction des injustices de l'homme ; la réclamation de votre patrimoine, fondée sur les sages décrets de la nature. Qu'auriez-vous à redouter pour une si belle entreprise ? Le bon mot du législateur des noces de Cana ? Craignez-vous que nos Législateurs français, correcteurs de cette morale longtemps accrochée aux branches de la politique, mais qui n'est plus de saison, ne vous répètent : Femmes, qu'y a-t-il de commun entre vous et nous ? Tout, auriez-vous à répondre. S'ils s'obstinaient, dans leur faiblesse, à mettre cette inconséquence en contradiction avec leurs principes, opposez courageusement la force de la raison aux vaines prétentions de supériorité ; réunissez-vous sous les étendards de la philosophie ; déployez toute l'énergie de votre caractère, et vous verrez bientôt ces orgueilleux, non serviles adorateurs rampant à vos pieds, mais fiers de partager avec vous les trésors de l'Être suprême. Quelles que soient les barrières que l'on vous oppose, il est en votre pouvoir de les affranchir ; vous n'avez qu'à le vouloir. »
- Apostrophe des femmes qui sont les destinataires de ce postambule
- Vocabulaire dépréciatif
- Vocabulaire de l'oppression
- Impératif
- Les femmes doivent employer les « armes » des Lumières
- Vocabulaire du combat
- La puissance des femmes
Il y a trois éléments essentiels à retenir du texte.
1er mouvement : un appel à la révolte
Par l'apostrophe aux femmes qui ouvre son postambule, Olympe de Gouges les invite à ouvrir les yeux sur leur situation. Elle leur rappelle que la Révolution et l'esprit des Lumières ont amélioré la condition de l'homme mais qu'il n'en est rien pour celle des femmes qui restent soumises. Mais l'auteure affirme que les femmes sont responsables de cette situation car elles l'acceptent.
2e mouvement : l'inégalité entre les hommes et les femmes
Olympe de Gouges constate que l'inégalité entre les sexes est même plus forte depuis la Révolution et qu'il ne leur reste vraiment rien. Les questions qu'elle pose aux femmes servent à montrer les injustices auxquelles les femmes sont soumises et tout ce qu'elles sont en droit de réclamer. En évoquant un passage de la Bible, Olympe de Gouges dénonce le fait que longtemps la religion a influencé la politique. Or la religion maintient la femme dans une position d'inégalité. Elle affirme ensuite que ce lien entre religion et politique ne devrait plus être d'actualité car il est archaïque.
3e mouvement : un combat intellectuel
Olympe de Gouges incite les femmes à se battre contre l'oppression masculine. Mais cela doit être un combat intellectuel mû par la raison. C'est une attitude typique du siècle des Lumières qui incite aux changements par la réflexion et l'usage de la « raison » et de la « philosophie ». Les hommes sont présentés comme les ennemis des femmes. Le vocabulaire du combat épique renforce l'idée que les femmes sont des battantes et qu'elles sont plus fortes que les hommes. La dernière phrase a pour but de galvaniser les femmes. Olympe de Gouges affirme leur toute-puissance : en effet, ce qu'elles veulent obtenir, elles peuvent l'obtenir.
À travers cette adresse aux femmes, Olympe de Gouges cherche aussi à exalter les femmes afin qu'elles prennent conscience de leur oppression, de la légitimité de leur combat et de la force qu'il y a en elles.