Après avoir lu le texte suivant, répondre aux questions qui permettront de l'étudier.
Louis-Ferdinand Céline
Voyage au bout de la nuit, © Denoël et Steele
1932
« Pour une surprise, c'en fut une. À travers la brume, c'était tellement étonnant ce qu'on découvrait soudain que nous nous refusâmes d'abord à y croire et puis tout de même quand nous fûmes en plein devant les choses, tout galérien qu'on était on s'est mis à bien rigoler, en voyant ça, droit devant nous…
Figurez-vous qu'elle était debout leur ville, absolument droite. New York c'est une ville debout. On en avait déjà vu nous des villes bien sûr, et des belles encore, et des ports et des fameux même. Mais chez nous, n'est-ce pas, elles sont couchées les villes, au bord de la mer ou sur les fleuves, elles s'allongent sur le paysage, elles attendent le voyageur, tandis que celle-là l'Américaine, elle ne se pâmait pas, non, elle se tenait bien raide, […] raide à faire peur.
On en a donc rigolé comme des cornichons. Ça fait drôle forcément, une ville bâtie en raideur. Mais on n'en pouvait rigoler nous du spectacle qu'à partir du cou, à cause du froid qui venait du large pendant ce temps-là à travers une grosse brume grise et rose, et rapide et piquante à l'assaut de nos pantalons et des crevasses de cette muraille, les rues de la ville, où les nuages s'engouffraient aussi à la charge du vent. […]
Pour un miteux, il n'est jamais bien commode de débarquer nulle part mais pour un galérien c'est encore bien pire, surtout que les gens d'Amérique n'aiment pas du tout les galériens qui viennent d'Europe. "C'est tous des anarchistes" qu'ils disent. Ils ne veulent recevoir chez eux en somme que les curieux qui leur apportent du pognon, parce que tous les argents d'Europe, c'est des fils à Dollar.
J'aurais peut-être pu essayer, comme d'autres l'avaient déjà réussi, de traverser le port à la nage et puis une fois au quai de me mettre à crier : "Vive Dollar ! Vive Dollar !" C'est un truc. Y a bien des gens qui sont débarqués de cette façon-là et qui après ça ont fait des fortunes. C'est pas sûr, ça se raconte seulement. Il en arrive dans les rêves des bien pires. Moi, j'avais une autre combinaison en tête en même temps que la fièvre. »
Quel est le genre littéraire de ce texte ?
Quel est le type de ce texte ?
À qui les pronoms « on » et « nous » renvoient-ils dans la phrase suivante ?
« À travers la brume, c'était tellement étonnant ce qu'on découvrait soudain que nous nous refusâmes d'abord à y croire et puis tout de même quand nous fûmes en plein devant les choses, tout galérien qu'on était on s'est mis à bien rigoler, en voyant ça, droit devant nous [...] »
Lors de sa découverte de la ville, quelle est l'impression éprouvée par le narrateur ?
À quelles villes le narrateur compare-t-il New York ?
À la lecture de ces mots, « elle se tenait bien raide, […] raide à faire peur », comment peut-on qualifier la ville de New York ?
Quel est le niveau de langue utilisé dans la phrase « elle ne se pâmait pas » ?
Quelle est la figure de style utilisée dans l'expression « comme des cornichons » ?
Quel est le niveau de langue utilisé dans la phrase suivante ?
« Y a bien des gens qui sont débarqués de cette façon-là et qui après ça ont fait des fortunes »