Sommaire
ILa IIe République de 1848 à 1851ALa proclamation de la république et le gouvernement provisoireBL'Assemblée nationale constituante et le début des insurrectionsCDe la nouvelle Constitution à la désillusion républicaine1Une nouvelle constitution2Un président autoritaire3Le coup d'État de Louis-NapoléonIILe Second Empire de 1852 à 1870ALa restauration de l'EmpireBL'autoritarisme de l'empereur et la réduction des libertésIIILa fin du Second Empire et la proclamation de la IIIe RépubliqueALa libéralisation du régimeBLes impacts de la libéralisation sur la vie politiqueCLes conséquences de la libéralisation sur les institutionsAprès la chute du régime impérial de Napoléon Ier en 1815, la monarchie constitutionnelle est restaurée jusqu'en 1848. En février 1848, la révolution parisienne des républicains et des ouvriers provoque l'abdication du roi Louis-Philippe qui met un terme à la monarchie de Juillet. Le 24 février 1848, la IIe République est proclamée dans l'euphorie. Cependant, la république démocratique et sociale voulue par les ouvriers se transforme rapidement en république autoritaire gouvernée par les conservateurs sous la présidence de Louis-Napoléon Bonaparte de 1848 à 1851. Il instaure le Second Empire de 1851 à 1870. Il faut attendre la chute de l'Empire pour que la IIIe République soit instaurée.
En quoi l'entrée dans l'âge démocratique est-il compliqué en France de la IIe République à la chute du Second Empire ?
La IIe République de 1848 à 1851
La chronologie de la IIe République s'organise en deux séquences différentes :
- La première est très courte puisqu'elle ne dure que 4 mois, de fin février à fin juin 1848 : c'est l'euphorie républicaine.
- La seconde dure environ 3 ans et demi, de la fin du mois de juin 1848 au début du mois de décembre 1851 : c'est la désillusion républicaine.
La proclamation de la république et le gouvernement provisoire
Au mois de février 1848, une nouvelle révolution parisienne entraîne la chute de la monarchie de Juillet. Au pouvoir depuis 1830, le roi des Français, Louis-Philippe, abdique le 24 février 1848. Les républicains sont en position de force car, avec le peuple de Paris, ils sont les principaux acteurs de la révolution de 1848. La république est proclamée et un gouvernement provisoire est mis en place pour assurer la transition démocratique. Les premières mesures poussent le peuple français à l'enthousiasme : c'est l'euphorie républicaine. Des symboles républicains sont mis en place.
Le 24 février 1848, dès l'abdication du roi, la république est proclamée. Les Parisiens symbolisent leur prise de pouvoir en envahissant la Chambre des députés. Même si la république a été proclamée, les républicains restent divisés.
La transition républicaine est assurée par le gouvernement provisoire de la République française constitué dès le soir du 24 février 1848. Ses membres sont désignés d'une façon inédite, par acclamation des Parisiens présents à l'Hôtel de Ville de Paris. Dirigé par Dupont-de-l'Eure, dont la popularité vient de sa participation à la Révolution de 1789, ce gouvernement réunit des ministres venus d'horizons divers :
- Les républicains radicaux sont représentés par Ledru-Rollin nommé ministre de l'Intérieur.
- Les républicains modérés sont représentés par Lamartine, ministre des Affaires étrangères, François Arago, ministre de la Guerre, ou encore Victor Schœlcher, sous-secrétaire d'État aux colonies.
- Le socialiste Louis Blanc et l'ouvrier Albert complètent ce gouvernement.
Les mesures prises dans les deux premiers mois sont révolutionnaires. Entre fin février et fin avril 1848, ce gouvernement bouleverse les visages politiques, économiques et sociaux de la France par une série de décrets.
Ces mesures du gouvernement provisoire suscitent un enthousiasme populaire qualifiée « d'euphorie républicaine ».
Des symboles républicains sont mis en place :
- Le drapeau tricolore bleu, blanc et rouge devient le drapeau de la nation.
- La devise républicaine « Liberté, Égalité » est officialisée et enrichie d'un troisième mot. En effet, pour coller à l'esprit de la révolution de 1848, le gouvernement ajoute une troisième valeur : la « Fraternité ».
- Le visage de « Marianne », serein mais déterminé, devient celui de la République triomphante.
L'Assemblée nationale constituante et le début des insurrections
Une Assemblée nationale constituante est mise en place. Les républicains radicaux perdent les premières élections et poussent alors les ouvriers à la révolte. Des insurrections ont lieu. C'est le début d'une désillusion : les républicains radicaux et les plus démunis se sentent trahis par le gouvernement bourgeois mis en place dont les mesures deviennent impopulaires.
Pour passer d'un régime provisoire à un régime durable, la IIe République doit se doter d'une constitution. Le 23 avril 1848, une Assemblée nationale constituante est élue au suffrage universel. Les citoyens répondent massivement à l'appel puisque 83 % des 9 millions d'électeurs se rendent aux urnes. Ces élections accordent :
- une large majorité aux républicains modérés, avec 500 députés ;
- une minorité influente aux monarchistes, avec 300 députés ;
- avec seulement 100 députés, les républicains radicaux sont les grands perdants.
Craignant que, dans ces conditions, la république démocratique et sociale ne voie jamais le jour, les républicains radicaux appellent les ouvriers à se révolter contre les républicains bourgeois. Le 15 mai 1848, des ouvriers envahissent l'Assemblée nationale et exigent la formation d'un nouveau gouvernement exclusivement socialiste. La Garde nationale les réprime et Armand Barbès et Auguste Blanqui, les chefs de file des républicains radicaux, sont emprisonnés.
L'Assemblée nationale constituante se met au travail dans un climat de rivalités politiques et de tensions sociales. Pour limiter le déficit de l'État, le gouvernement provisoire prend une mesure très impopulaire : il augmente les impôts de 45 %. Les républicains modérés majoritaires font pression sur le gouvernement pour qu'il ferme immédiatement les ateliers nationaux considérés comme un gouffre financier et un foyer de la contestation ouvrière. Dans les quartiers de l'Est de Paris, cette mesure fait déborder la colère ouvrière.
Le 22 juin 1848, les ouvriers dressent des barricades et une nouvelle insurrection commence. Pour la stopper, le gouvernement donne les pleins pouvoirs au ministre de la Guerre, le général Cavaignac, qui prend en main la répression. Pendant trois jours, du 23 au 25 juin 1848, les ouvriers résistent à 50 000 soldats. Le 26 juin, l'ordre est rétabli, mais la répression fait 5 000 morts, dont 1 500 fusillés sans jugement, et 12 000 prisonniers. Les républicains radicaux et les ouvriers se sentent trahis et tournent le dos à cette république bourgeoise. La république perd aussi le soutien des paysans.
De la nouvelle Constitution à la désillusion républicaine
La désillusion républicaine s'accentue. La nouvelle Constitution n'empêche pas le nouveau président, Louis-Napoléon Bonaparte, d'exercer un pouvoir autoritaire. La IIe République prend fin avec un coup d'État qu'il organise pour monopoliser le pouvoir.
Une nouvelle constitution
Le 4 novembre 1848, la Constitution de la IIe République est votée. Cette Constitution conserve l'héritage révolutionnaire, avec la souveraineté nationale et la séparation des pouvoirs. Le président est très encadré. Pour la première fois, le 11 décembre 1848, les Français élisent leur président de la République.
La souveraineté nationale est appliquée : le président et les députés de l'Assemblée nationale sont élus au suffrage universel, c'est-à-dire par tous les hommes de plus de 21 ans sans condition de richesse. La séparation des pouvoirs permet de différencier le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif. Le pouvoir législatif est confié à une seule chambre, « l'Assemblée nationale », réunie au palais Bourbon, qui compte 750 députés âgés d'au moins 25 ans et élus pour 3 ans.
L'Assemblée nationale est l'institution centrale. Elle discute et vote les lois, le budget et la guerre. Elle est également protégée puisque le président de la République, malgré son titre de « chef de l'État », ne peut ni s'opposer à une loi qu'elle a votée ni la dissoudre.
Le pouvoir exécutif est confié à un « président de la République » d'au moins 30 ans élu pour 4 ans qui s'installe au palais de l'Élysée. Il est très encadré. Les ministres du gouvernement sont contrôlés par le « Conseil d'État » nommé par l'Assemblée nationale. Le président de la République ne peut se succéder à lui-même puisque la Constitution lui interdit de se représenter à la fin de son mandat de 4 ans.
Le 11 décembre 1848, les Français élisent pour la première fois leur président. Huit candidats s'opposent. C'est Louis-Napoléon Bonaparte qui remporte les élections.
Un président autoritaire
Louis-Napoléon Bonaparte, le premier président de l'histoire de la République française élu au suffrage universel, est le neveu de Napoléon Ier. Le 20 décembre 1848, il fait le serment de « respecter la république démocratique ». En mai 1849 ont lieu des élections législatives. Toutefois, Louis-Napoléon Bonaparte s'avère rapidement être un président autoritaire qui cherche à concentrer tous les pouvoirs.
En mai 1849, les élections législatives désignent les députés représentants la nation dans l'Assemblée nationale.
- Avec 500 députés, le parti de l'Ordre et les monarchistes obtiennent une majorité confortable.
- Élus dans la plupart des grandes villes ainsi que dans les campagnes du Centre et du Midi, les députés républicains, avec environ 300 sièges, forment l'opposition.
Comme le prévoit la Constitution, Louis-Napoléon Bonaparte nomme un gouvernement dominé par les conservateurs et dirigé par le monarchiste Odilon Barrot. Le gouvernement est donc dirigé par un homme qui s'oppose aux idées démocratiques.
Au début, Louis-Napoléon Bonaparte est populaire Il reste discret pour ne pas laisser penser qu'il soutient les mesures conservatrices dont il laisse l'entière responsabilité au gouvernement et à l'Assemblée. En réalité, il fait du président le centre du régime. En juillet 1851, Louis-Napoléon Bonaparte annonce qu'il souhaite briguer un second mandat. Mais puisque la Constitution le lui interdit, il demande à l'Assemblée nationale l'autorisation de modifier cette règle. Devant le refus catégorique des députés, il décide de passer en force par un coup d'État.
Le coup d'État de Louis-Napoléon
Le 2 décembre 1851, Louis-Napoléon Bonaparte organise un coup d'État. Tous les membres de l'opposition sont réduits au silence ou à l'exil. Les mouvements de résistance sont rapidement réprimés dans la violence. Une nouvelle constitution est mise en place. La république prend l'aspect d'une dictature : on parle de « bonapartisme ».
Le 2 décembre 1851, Louis-Napoléon Bonaparte procède à la dissolution de l'Assemblée nationale et à l'arrestation des chefs de l'opposition. Il instaure le suffrage universel pour obtenir le soutien du peuple. Cela fonctionne, car ce coup d'État ne déclenche pas de révolution :
- À Paris, les ouvriers ne font rien pour défendre la république bourgeoise conservatrice et les quelques foyers de résistance au nord de Paris sont rapidement réprimés par l'armée.
- Dans les campagnes, la résistance est plus forte. Elle est néanmoins réduite au silence par l'armée qui réprime et arrête massivement, grâce à l'état de siège proclamé par le président.
Tous ceux qui refusent le coup d'État sont condamnés à l'exil, à l'expulsion.
- Quatre-vingts députés refusent le coup d'État de Louis-Napoléon et se voient expulsés. C'est le cas de Victor Hugo qui s'installe à Bruxelles puis dans les îles Anglo-Normandes.
- Environ 20 000 opposants politiques sont expulsés, dont la moitié en Algérie.
Pour légitimer son coup d'État, Louis-Napoléon Bonaparte organise un plébiscite. Ainsi, le 21 décembre 1851, il fait voter les Français qui doivent répondre oui ou non à l'affirmation suivante : « Le peuple français veut le maintien de l'autorité de Louis-Napoléon Bonaparte et lui délègue les pouvoirs nécessaires pour établir une nouvelle constitution ». Le résultat du plébiscite est sans appel puisqu'environ 7,5 millions de Français répondent oui contre environ 650 000 non, avec environ 19 % d'abstention.
Dès le 14 janvier 1852, la nouvelle Constitution est promulguée. Officiellement, la IIe République perdure mais elle est transformée en régime personnel et autoritaire. Elle prend les aspects d'une dictature : le « prince-président » concentre tous les pouvoirs pour 10 ans et le gouvernement, le Sénat ainsi que le Conseil d'État sont entièrement sous son contrôle. Ce mélange de dictature et de république, de pouvoir personnel et de suffrage universel, est qualifié de « césarisme démocratique », en référence à la République romaine antique de Jules César que Bonaparte admire. On parle aussi de « bonapartisme », en référence à son oncle Napoléon Bonaparte qui, sous le Consulat entre 1799 et 1804 puis sous le Premier Empire de 1804 à 1814, avait initié cette configuration politique.
Le Second Empire de 1852 à 1870
Après le coup d'État du 2 décembre 1851, Louis-Napoléon Bonaparte restaure le régime impérial en devenant l'empereur Napoléon III en 1852. La IIe République disparaît et l'Empire est restauré. Le Second Empire connaît d'abord une phase autoritaire puis une phase libérale mais il disparaît suite à la défaite militaire contre la Prusse en 1870. Le 4 septembre 1870, la IIIe République est proclamée.
La restauration de l'Empire
Portrait de Napoléon III, Franz Xaver Winterhalter, 1855
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L'autoritarisme de l'empereur et la réduction des libertés
Dans les années 1850, Napoléon III devient de plus en plus autoritaire et les libertés sont réduites, notamment la liberté de la presse et la liberté de circulation. Les Français sont surveillés par un État policier. La propagande est utilisée pour glorifier Napoléon III. Toutefois, peu de voix s'élèvent contre lui.
Au moment de chaque élection, le gouvernement présente ses « candidats officiels ». Au cours de la campagne, le pouvoir facilite leur élection en finançant leurs affiches, en corrompant les électeurs et en intimidant les autres candidats. Le jour J, les fonctionnaires qui tiennent les bureaux de vote bourrent les urnes avec les bulletins de ces candidats.
Aux élections législatives de 1852, 253 candidats officiels sont élus contre seulement 8 candidats de l'opposition puis 14 aux élections de 1857. Censés représenter le peuple souverain, ces « candidats officiels » représentent en réalité l'empereur dictateur. Les Français sont d'ailleurs de moins en moins dupes de cette supercherie démocratique puisque l'abstention dépasse régulièrement les 30 %.
Dans les années 1850, Napoléon III met en œuvre une politique liberticide, c'est-à-dire qu'il prend des mesures qui font régresser les libertés collectives et individuelles :
- En février 1852, sa première cible est la presse. Pour pouvoir paraître, un journal doit obligatoirement s'être déclaré, avoir reçu « l'autorisation préalable » et réglé des taxes prohibitives. La presse est censurée, les Français sont désinformés et n'ont accès qu'aux journaux de propagande qui font l'apologie de l'empereur.
- En 1854, l'empereur limite la liberté de circulation et de réunion des ouvriers. Chaque ouvrier doit désormais avoir toujours sur lui son « livret ouvrier ». Signé par son employeur, son adresse et ses déplacements professionnels et privés doivent y être consignés sous peine d'une lourde contravention.
- À la fin des années 1850, l'empereur instrumentalise un attentat organisé contre lui à Paris, en janvier 1858, pour faire voter la « loi de sûreté générale ». Elle autorise une justice arbitraire et expéditive qui permet de condamner, sans procès, un individu jugé dangereux pour la « sécurité de l'État ».
Au quotidien, Napoléon III fait surveiller tous les Français par un État policier. Composé de 700 000 fonctionnaires, qui prêtent tous un serment de loyauté envers l'empereur, l'État policier est dirigé sur le terrain par les préfets et les maires qui doivent leur poste à l'empereur. Le Second Empire se dote d'un arsenal dissuasif et répressif : des bagnes sont ouverts dans les colonies de Guyane et de Nouvelle-Calédonie.
Malgré ces mesures, Napoléon III bénéficie d'une grande popularité :
- Il est soutenu par les bourgeois qui bénéficient de la prospérité économique permise par l'industrialisation et la modernisation du pays.
- Il est apprécié des paysans qui voient en lui l'homme qui protège leur propriété, maintient l'ordre et fait barrage au retour de la révolution ouvrière.
Dans les années 1850, les seules voix qui s'élèvent pour dénoncer la « dictature de l'usurpateur de Napoléon le Petit » sont celles des résistants de l'extérieur, à l'image des républicains Edgar Quinet et Victor Hugo, que le régime accuse d'être des « ennemis d'État ».
Couverture des Châtiments, Daumier
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La fin du Second Empire et la proclamation de la IIIe République
À partir de 1859, le Second Empire entre dans une phase d'assouplissement et de libéralisation du régime. Cette libéralisation a des impacts sur la vie politique et sur les institutions du régime. Finalement, le Second Empire s'effondre et la IIIe République est proclamée en septembre 1870.
La libéralisation du régime
Napoléon III relâche la pression en redonnant aux Français une partie des libertés dont il les avait privés. Ce virage libéral s'explique par un changement de contexte. À la fin des années 1850, le régime impérial est de plus en plus contesté. Les critiques viennent désormais de l'intérieur et des soutiens de l'empereur, des monarchistes et des bourgeois. Pour se maintenir, le régime n'a pas d'autre choix que de se montrer plus libéral.
- Les monarchistes accusent l'empereur de ne pas être assez ferme avec les ouvriers, les catholiques lui reprochent de fragiliser le pape en soutenant militairement le mouvement national italien.
- La bourgeoisie industrielle et financière l'estime responsable du ralentissement économique qu'ils imputent au traité de libre-échange signé avec l'Angleterre en 1860 et permettant la vente de produits bon marchés britanniques qui concurrencent la production française.
Napoléon III cherche à obtenir le soutien de ses adversaires libéraux. Pour cela, il doit faire des concessions, c'est-à-dire assouplir le régime en accordant aux Français plus de droits et de libertés.
Les impacts de la libéralisation sur la vie politique
Le virage libéral du Second Empire a d'abord des conséquences sur la vie politique. Les exilés politiques sont invités à revenir, Napoléon III leur accorde l'amnistie. Ce nouveau contexte politique favorise le réveil de l'opposition.
En 1859, une loi accorde l'amnistie à tous les opposants politiques. Napoléon III autorise les exilés à rentrer en France sans risquer d'être poursuivis. Si de nombreux opposants républicains regagnent l'Hexagone, certains exilés, qui doutent de la sincérité de l'empereur, refusent de rentrer. C'est notamment le cas de Victor Hugo. Refusant tout compromis avec le régime, il préfère rester libre de résister de loin et affirme qu'il « ne rentrera en France que quand la liberté y sera elle-même rentrée ».
Malgré tout, l'amnistie est perçue par l'opposition républicaine comme une autorisation de critiquer le régime impérial sans risque de répression. La libération de la parole est d'ailleurs accentuée par le vote d'une loi sur la presse qui supprime l'autorisation préalable et les avertissements. Ce nouveau contexte réveille l'opposition :
- En 1864, les libéraux modérés, par la voix de leur député Adolphe Thiers, réclament à l'empereur les « cinq libertés nécessaires » parmi lesquelles la liberté individuelle et les élections libres.
- Dans les villes, notamment Paris, ainsi que les régions du Centre et du Sud-Est, l'opposition républicaine, orchestrée par Léon Gambetta, gagne du terrain.
- Aux élections de 1863, 17 députés républicains entrent à l'Assemblée puis 30 y entrent en 1869.
Napoléon III donne suite à certaines de leurs revendications sociales puisqu'il accorde aux ouvriers le droit de grève en 1864 puis la liberté de réunion en 1868.
Les conséquences de la libéralisation sur les institutions
La libéralisation du Second Empire a des répercussions sur les institutions. Face aux critiques de l'opposition qui lui reprochent une concentration excessive des pouvoirs, Napoléon III rééquilibre le régime en diminuant légèrement le poids du pouvoir exécutif et en augmentant progressivement celui du pouvoir législatif. La Constitution est modifiée. Napoléon III est alors très populaire et en profite pour déclarer la guerre à la Prusse. L'armée française est mal préparée à cette guerre et la défaite précipite la chute du Second Empire. La IIIe République est proclamée.
En 1860, l'assemblée législative obtient le droit de s'adresser à l'empereur : les représentants de la nation peuvent dialoguer avec l'empereur. Les débats de l'Assemblée sont également publiés dans leur intégralité, en toute transparence, et les députés acquièrent de nouveaux droits :
- En 1861, les députés se voient confier la gestion des finances publiques en obtenant le droit de voter le budget de façon plus détaillée qu'auparavant.
- En 1867, les députés acquièrent le droit d'interpeller les ministres, c'est-à-dire de leur poser des questions sur la politique qu'ils mènent et de leur faire part de leur soutien ou de leur mécontentement.
- À partir de septembre 1869, les députés ont désormais la charge des lois et peuvent amender, c'est-à-dire modifier, les projets de lois du gouvernement.
En janvier 1870, le Second Empire devient même un régime parlementaire. La Constitution est modifiée pour que le gouvernement soit responsable devant l'empereur mais aussi devant les députés de la nation. Moins omniprésent, Napoléon III se replie sur son domaine réservé, la politique étrangère.
Le 8 mai 1870, Napoléon III sonde la popularité de ses réformes en organisant un plébiscite. Avec 80 % de voix favorables, les Français approuvent l'évolution libérale du régime.
Le 14 juillet 1870, au sommet de sa popularité, Napoléon III déclare la guerre au royaume de Prusse gouverné par le roi Guillaume Ier et son chancelier Otto von Bismarck. Mal préparée, sous-équipée et en nette infériorité numérique, l'armée française est rapidement mise en déroute. Les troupes prussiennes envahissent l'Alsace puis la Lorraine. Le 2 septembre, l'armée capitule. Le 3 septembre, l'empereur est fait prisonnier à Sedan. À Paris, l'annonce de la débâcle impériale enclenche un processus de transition politique. Le 4 septembre 1870, alors que les troupes prussiennes font le siège de la capitale, les Parisiens décrètent la déchéance de l'Empire et proclament la République.
Invasion des troupes prussiennes à Torcy
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