Friedrich Ratzel
1844-1904
Né en 1844, Friedrich Ratzel est pharmacien de formation. Il étudie la zoologie jusqu'au doctorat et, après de nombreux voyages en Europe mais également à Cuba, au Mexique et aux États-Unis, il devient professeur de géographie à Munich puis à l'université de Leipzig. C'est un véritable penseur de l'espace, inventeur de la dénomination « anthropogéographie » et l'un des premiers géographes à réfléchir sur la distance et l'espace. Fortement influencé par les thèses de Darwin et nourri par ses connaissances en zoologie, il considère que chaque être - végétal, animal ou humain - a besoin d'espace dans un monde qui est marqué par la finitude, d'où une « lutte des espaces », notion reprise par la géopolitique allemande autour de Karl Haushofer. Il décède en 1904.
Halford Mackinder
1861-1947
Né en 1861, Halford Mackinder est un homme britannique aux dimensions multiples - universitaire diplômé d'Oxford et directeur de la London School of Economics (LSE) entre 1903 et 1908, homme politique (député conservateur de 1910 à 1922) et sportif (il est le 1er à effectuer l'ascension du mont Kenya en 1899) –, il est considéré comme l'un des pères de la géographie moderne britannique. Il contribue à introduire l'enseignement de la géographie dans l'enseignement primaire et secondaire britannique et au développement de la géopolitique, même s'il en récuse l'appellation. Il est connu pour ses conceptions géopolitiques d'échelle planétaire développées dans un article en 1904, puis reprises dans un livre en 1919 dans lequel il divise le monde en plusieurs composantes et oppose les puissances maritimes aux puissances continentales. Il décède en 1947.
Rudolf Kjellén
1864-1922
Né en 1864, Rudolf Kjellén est un universitaire suédois spécialiste de science politique et créateur du néologisme « géopolitique » en 1899 dans un article de la revue Ymer consacré aux frontières de son pays. Il décède en 1922.
Karl Haushofer
1869-1946
Né en 1869, Karl Haushofer est celui auquel on doit l'introduction de la géopolitique en tant que méthode d'analyse. Militaire et géographe, il a tiré de sa fonction d'attaché militaire à Tokyo entre 1908 et 1910 une thèse de doctorat, soutenue à l'université de Munich en 1913, et consacrée au rôle des Allemands dans l'exploration géographique du Japon. Il enseigna dans cette même université entre 1921 et 1939. Opposé au traité de Versailles, proche des milieux nationalistes – il a pour élève Rudolf Hess qui devient un intime d'Adolf Hitler – il développe des conceptions géopolitiques favorables à la constitution d'un « espace vital » allemand - Lebensraum, idée reprise de Friedrich Ratzel – en Europe centrale et orientale et à la mise en place d'une politique étrangère offensive.
Marc Bloch
1886-1944
Né en 1886, Marc Bloch est un historien français, spécialiste du Moyen Âge, ayant enseigné aux universités de Strasbourg puis de Paris. Il a renouvelé les méthodes et les sujets de la recherche historique par l'accent mis sur l'analyse de la pluralité des documents, l'interdisciplinarité, la démarche comparatiste et l'intérêt pour les faits économiques et sociaux. Deux de ses livres – L'Étrange défaite (1940) et Apologie pour l'histoire ou Métier d'historien (1949), édités de manière posthume - sont devenus des « classiques » de la réflexion d'un historien : le premier porte sur un événement majeur qu'il a vécu – la défaite française en 1940 – et le second est une réflexion sur son métier. Engagé dans la Résistance, il est fusillé par les Allemands en 1944.
Yves Lacoste
1929-...
Né en 1929, Yves Lacoste est géographe de formation. Engagé politiquement en faveur de la décolonisation et du tiers monde, il analyse en 1972 « la stratégie secrète de bombardement des digues » du fleuve Rouge lors de la guerre du Vietnam par les États-Unis. Cette analyse, publiée dans le journal Le Monde, eut un retentissement international, et l'incita à approfondir sa réflexion sur les rapports entre la guerre et la géographie. Il publia en 1976 un livre au titre provocateur – La Géographie, ça sert, d'abord, à faire la guerre – qui, lui aussi, eut un certain écho – scandale chez les universitaires, mais succès dans le grand public ! Il contribua à la réhabilitation et au développement de la géopolitique dans le monde universitaire français depuis l'université Paris VIII et au sein d'un plus large public grâce à ses disciples et à ses publications.
Michel Foucher
1946-...
Né en 1946, Michel Foucher est un géographe qui a travaillé sur les frontières, mais également sur l'Europe. Il se situe dans la longue lignée des géopoliticiens, plutôt anglo-saxons, de la synthèse entre le savant et l'homme d'action politique : universitaire en France (Lyon II, IEP de Lyon, de Paris et ENS) et en Europe (Collège d'Europe à Natolin en Pologne) mais également des fonctions plus politiques. Il a été conseiller au cabinet du ministre des Affaires étrangères entre 1998 et 2002, puis directeur du Centre d'analyse et de prévision au ministère des Affaires étrangères entre 1999 et 2002, et ambassadeur en Lettonie, de 2002 à 2006.
Bertrand Badie
1950
Né en 1950, Bertrand Badie est un « pur produit » de l'IEP de Paris, en tant qu'étudiant puis en tant qu'enseignant à partir de 1990. C'est un chercheur en sciences politiques, spécialisé en relations internationales. Au fil de ses réflexions, il a fondé une pensée cohérente sur le rôle des États, de la puissance, de la mondialisation et des territoires.