Sommaire
ILes mutations démographiques en Afrique australeALa diversité des transitions démographiques et des rythmes de croissance de la population1La diversité des stades de transition démographique2La diversité des rythmes de croissance démographiqueBLa diversité des rythmes d'urbanisation1La transition urbaine, un phénomène généralisé en Afrique2L'Afrique australe, une région plus fortement urbaniséeIILes fortes inégalités de développement entre les États d'Afrique australeAL'Afrique du Sud : un pays émergent intégré à la mondialisation1Un pays membre des BRICS2Une puissance émergente limitéeBLes difficultés des autres États d'Afrique australe1Des performances économiques modestes2Des États en retard dans leur développementIIILes fortes inégalités en Afrique australeADes inégalités localesBDes inégalités régionalesl'Afrique australe est constituée de l'ensemble des pays au Sud de la forêt tropicale africaine. Les mutations démographiques en Afrique australe sont marquées par la diversité des transitions démographiques et des rythmes d'urbanisation. Il existe de fortes inégalités entre les différents États mais également au sein même des pays.
Quelles sont les mutations démographiques en Afrique australe ? Quelles sont les inégalités de développement ?
Les mutations démographiques en Afrique australe
L'Afrique australe regroupe plusieurs États qui ont des transitions démographiques et des rythmes d'urbanisation différents.
La diversité des transitions démographiques et des rythmes de croissance de la population
Les États d'Afrique australe connaissent des stades de transitions démographiques et des rythmes de croissances de la population différents.
La diversité des stades de transition démographique
La transition démographique est le passage d'une situation démographique caractérisée par une fécondité et une mortalité qui sont élevées et s'équilibrent à peu près, à un régime où la natalité et la mortalité sont faibles et s'équilibrent également. La plupart des pays d'Afrique sont encore aujourd'hui dans la phase 1 de leur transition démographique. L'amélioration progressive du niveau de développement permet peu à peu une diminution de la mortalité, tandis que la natalité et la fécondité restent fortes. La croissance démographique est donc élevée. Le taux de fécondité moyen est supérieur à 4 sur l'ensemble du continent africain.
La transition démographique
© Wikimedia Commons
On compte environ 163 millions de personnes en Afrique australe. Le pays le plus peuplé est l'Afrique du Sud, avec 55 millions d'habitants, suivie de l'Angola (30 millions d'habitants) et du Mozambique (29 millions). Les pays d'Afrique australe ne sont pas tous au même stade de transition démographique.
Fécondité et transitions démographiques dans les États d'Afrique australe
L'Afrique australe se caractérise au sein de l'Afrique comme une région globalement plus avancée dans sa transition démographique. Le taux de fécondité moyen est inférieur à celui du continent, avec une moyenne un peu supérieure à 3 enfants par femme. On observe cependant d'importantes disparités :
- L'Afrique du Sud a atteint la phase 3 de la transition démographique (avec un taux de fécondité d'environ 2,4 enfants par femme).
- Plusieurs pays, notamment ceux du Nord de l'Afrique australe, ne sont encore que dans la première phase.
- En Angola, le taux de fécondité est de 6,2 enfants par femme, avec un taux de natalité de 45 pour 1 000.
- Au Mozambique, le taux de fécondité est de 5,1 enfants par femme.
La diversité des rythmes de croissance démographique
La croissance de la population est encore rapide, les taux de mortalité ont commencé à nettement baisser dans les pays du Nord grâce à l'amélioration de la santé publique, alors que les taux de natalité demeurent encore élevés.
Les taux de mortalité sont de :
- 9 pour 1 000 habitants en Angola ;
- 11 pour 1 000 habitants au Mozambique ;
- 7 pour 1 000 habitants en Namibie ;
- 10 pour 1 000 habitants au Zimbabwe.
Les taux de natalité sont de :
- 45 pour 1 000 en Angola ;
- 38 pour 1 000 au Mozambique ;
- 29 pour 1 000 en Namibie ;
- 34 pour 1 000 au Zimbabwe.
L'accroissement naturel dans ces pays est ainsi souvent supérieur ou égal au taux moyen en Afrique et nettement plus élevé que dans les autres régions du monde (le taux moyen dans le monde est de 1,2 %).
Taux d'accroissement naturel
Le taux d'accroissement naturel est la différence entre le taux de natalité et le taux de mortalité.
Pour l'ensemble du continent africain, l'accroissement naturel est de 2,5 %. Il est de :
- 3,6 % en Angola ;
- 2,7 % au Mozambique ;
- 2,2 % en Namibie ;
- 2,4 % au Zimbabwe.
La diversité des rythmes d'urbanisation
La transition urbaine est un phénomène généralisé en Afrique, de plus en plus d'humains habitent dans des villes. En Afrique australe, le phénomène est particulièrement accentué.
La transition urbaine, un phénomène généralisé en Afrique
La population urbaine de l'Afrique augmente sans cesse depuis les années 1950, surtout lié à l'exode rural.
Le nombre de citadins en Afrique a presque doublé entre 1995 et 2015 et devrait considérablement augmenter d'ici 2035. Si le continent demeure en majorité rural, la population urbaine représente désormais plus de 40 % de la population totale du continent. Certaines prévisions estiment que le taux sera de 56 % en 2050. Dans la plupart des pays d'Afrique, la majorité de la population urbaine se concentre dans les plus grandes villes (mais on commence à observer une augmentation de l'attractivité des villes moyennes).
L'exode rural a d'abord largement expliqué ce phénomène d'urbanisation : des habitants des campagnes rejoignaient la ville où, malgré le risque de chômage, les salaires proposés étaient supérieurs à ceux pratiqués à la campagne. Désormais, l'essentiel de la croissance de la population urbaine s'explique par l'accroissement naturel de la population déjà installée en ville.
L'urbanisation dans les différentes régions d'Afrique
Département des affaires économiques et sociales
L'Afrique australe, une région plus fortement urbanisée
L'Afrique australe est une région plus fortement urbanisée que les autres en Afrique. Le taux d'urbanisation a augmenté dans tous les pays d'Afrique australe. L'Afrique du Sud et le Botswana, pays qui a connu le rythme d'urbanisation le plus spectaculaire, ont une population en majorité urbaine. Dans les autres pays d'Afrique australe moins du tiers de leur population habite en ville mais l'urbanisation augmente.
L'urbanisation en Afrique australe
© Banque mondiale
Les fortes inégalités de développement entre les États d'Afrique australe
En Afrique australe, il y a des inégalités de développement entre les différents États. L'Afrique du Sud est un pays émergent qui s'affirme dans la mondialisation malgré des difficultés. Les autres États ont beaucoup de difficulté à s'affirmer.
L'Afrique du Sud : un pays émergent intégré à la mondialisation
L'Afrique du Sud est un pays émergent d'Afrique australe qui est intégré à la mondialisation. Il est notamment membre des BRICS. Toutefois, sa puissance est limitée sur la scène mondiale.
Un pays membre des BRICS
L'Afrique du Sud, comme l'ensemble des autres BRICS, bénéficie d'un taux de croissance économique annuel supérieur à ceux des pays européens. Ses performances en font la première puissance de la région.
BRICS
BRICS est une appellation englobant le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud. Ces cinq pays sont de grandes puissances émergentes qui produisent plus de 20 % du PIB mondial et bénéficient de taux de croissance économique supérieurs à ceux des pays d'Europe ou d'Amérique du Nord.
Pays | Population 2017 (en millions d'habitants) | IDH 2017 | PIB 2017 (en millions de dollars) | Taux de croissance annuelle du PIB (2005-2015) |
Brésil | 209 | 0,759 | 2 278 936 | + 3,5 % |
Russie | 144 | 0,816 | 1 680 005 | + 7,5 % |
Inde | 1 339 | 0,640 | 2 629 542 | + 7,8 % |
Chine | 1 409 | 0,752 | 10 161 012 | + 10,9 % |
Afrique du Sud | 56 | 0,699 | 426 768 | + 2,9 % |
Indicateurs démographiques et économiques des BRICS
© Banque mondiale et PNUD, 2018
La réussite économique de l'Afrique du Sud repose notamment sur l'exploitation des ressources minières et le développement du tourisme. L'organisation de la Coupe du monde de football en 2010 a renforcé sa renommée internationale.
Les échanges internationaux sont en croissance permanente et le pays est désormais intégré à la mondialisation. L'Union européenne est son premier client et fournisseur, mais la part des échanges avec l'Asie augmente régulièrement. Elle représente environ \dfrac{1}{3} de son commerce extérieur.
Les Investissements directs à l'étranger (IDE) des entreprises d'Afrique du Sud représentent 74 % de tous ceux du continent africain. On y trouve aussi les quatre plus grandes banques africaines et huit des dix plus grandes multinationales d'Afrique.
IDE
Les IDE (Investissements directs à l'étranger) sont les dépenses réalisées à l'étranger par les entreprises d'un pays (créations d'usines, de filiales, rachat d'une entreprise, etc.).
De plus, l'Afrique du Sud est également candidate au Conseil de sécurité de l'ONU et seul membre africain du G20.
Une puissance émergente limitée
L'Afrique du Sud reste un pays en développement : elle n'occupe que le 125e rang mondial pour le PIB par habitant et son influence diplomatique reste limitée.
Le PIB 2017 de l'Afrique du Sud est ainsi le plus faible parmi les PIB des BRICS. Par ailleurs son IDH demeure bien en deçà de l'IDH des pays les plus développés (qui se situe autour de 0,9) : elle se classe au 129e rang pour l'indice de développement humain. La situation sociale du pays reste très fragile :
- les taux de chômages sont élevés ;
- la pauvreté persiste ;
- la population noire reste victime de discrimination.
L'influence diplomatique du pays demeure limitée faute de véritables moyens diplomatiques et militaires. L'influence de l'Afrique du Sud est contrée par les ambitions d'autres États, tels que l'Angola ou le Zimbabwe au sein de l'Afrique australe, le Nigeria ou le Sénégal à l'échelle du continent.
Les difficultés des autres États d'Afrique australe
Les autres États d'Afrique australe ont des performances économiques modestes et connaissent un retard dans leur développement.
Des performances économiques modestes
Les taux de croissance du PIB des États d'Afrique australe confirment les difficultés économiques.
Si le Mozambique et le Botswana bénéficient d'un rythme de croissance soutenu, les PIB en milliards de dollars sont très faibles (celui de la France est de 2 762 milliards de dollars en 2017, celui de la Chine de 12 237 milliards, celui des États-Unis de 21 345 milliards).
Indicateurs de développement de certains États d'Afrique australe
© Banque mondiale et PNUD, 2018
Pays | PIB 2017 | Croissance du PIB en % par an (2017) |
Botswana | 17 | 2,36 |
Afrique du Sud | 349 | 1,32 |
Namibie | 13 | - 0,8 |
Angola | 124 | 0,7 |
Zimbabwe | 17 | 1,6 |
Mozambique | 12 | 3,7 |
Les perspectives de progrès sont également confrontées à des obstacles majeurs :
- taux de chômage élevé (en particulier des jeunes) ;
- endettement croissant dans certains pays ;
- tensions politiques.
Les États qui bénéficient de richesses minières importantes (l'Afrique du Sud et le Botswana, mais aussi le Zimbabwe, le Mozambique, l'Angola) sont pénalisés par deux difficultés :
- d'une part, leur économie est trop dépendante de cette activité et soumise aux fluctuations du marché contrôlé par les grandes puissances économiques ;
- d'autre part, l'exploitation des ressources est souvent aux mains de grandes entreprises internationales.
Des États en retard dans leur développement
L'IDH de certains États d'Afrique australe est tellement faible que ces pays comptent parmi les PMA (Pays les moins avancés) du monde.
L'Angola, la Namibie, le Mozambique ont ainsi un IDH inférieur à 0,6 qui les classe dans la catégorie des pays les plus en difficulté.
L'IDH dans les États d'Afrique australe
© PNUD, 2018
Les fortes inégalités en Afrique australe
Les inégalités sont fortes en Afrique australe, au niveau local, c'est-à-dire au sein des villes, et au niveau régional, c'est-à-dire entre les différents pays.
Des inégalités locales
L'apartheid est une politique qui entraîne la séparation entre les Blancs et les Noirs. Cette politique a fortement marqué les territoires d'Afrique australe. Les anciens quartiers réservés aux Noirs, les townships, sont encore aujourd'hui très pauvres. Ce sont des bidonvilles marqués par une grande pauvreté, un manque de confort et d'équipement, la précarité des abris et la violence causée par la criminalité. C'est toujours une population noire qui y habite.
Dans les bidonvilles, il n'y a pas d'eau courante, pas de gestion des eaux usées ni des déchets, pas de réseau d'électricité.
Ces quartiers ne sont souvent séparés d'espaces résidentiels aisés (villas avec vastes jardins et piscines) ou de quartiers d'affaires très modernes que par une avenue ou une autoroute.
Les quartiers riches et le bidonville de la ville de Johannesburg
© Google Earth
Croisé aux abords du stade d'Alexandra, l'un des townships les plus anciens de Johannesburg, Zion Godknows oscille entre colère et désarroi : « Faites le tour et vous verrez comme c'est sale, vous verrez à quel point nous avons été abandonnés par ce gouvernement de rapaces. » [...] Car à lui seul, le township d'Alexandra concentre tous les maux de la société sud-africaine : des conditions sanitaires désolantes, un chômage hors norme et une criminalité hors de contrôle. [...]
Given Mkhize, 28 ans et sans emploi, fait la visite. Il suffit de faire quelques mètres hors du stade pour tomber sur ces latrines en préfabriqué qui horripilent les habitants. « Il n'y a pas de chasse d'eau », déplore le jeune homme. [...]
En haut du chemin en terre qui borde les latrines, Ndambi, 36 ans, lave son linge dans une bassine. Derrière elle se trouve sa baraque en tôle, un réduit de quelques mètres carrés où tiennent un lit double et une armoire. Au plafond, une poutre en bois, fissurée, menace de s'effondrer. Des couvertures sont placardées au mur, car le thermomètre s'approche de zéro en hiver. [...] Un homme approche, les yeux vitreux. La jeune femme le rabroue, et alors qu'il s'éloigne, lâche : « Eish, la nyaope… » Drogue du désespoir dont la dépendance mène très facilement à la criminalité, ce cocktail de résidus de cannabis et héroïne fait des ravages dans les quartiers pauvres.
Témoignages d'habitants du bidonville d'Alexandra, Le Monde
5 mai 2019
Les contrastes sociaux traduisent encore souvent des inégalités entre populations noire et blanche. On compte ainsi en Afrique du Sud 25 % de Noirs qui gagnent moins de 80 euros par mois et 1 % qui ont plus de 1 500 euros de revenus mensuels, contre respectivement 2 % et 23 % pour les Blancs.
Des inégalités régionales
Les inégalités régionales sont fortes au sein de chacun des États, avec un premier contraste entre les campagnes et les villes, mais également entre l'intérieur des territoires et les littoraux.
- Les campagnes se caractérisent par des taux de pauvreté (part de la population vivant sous le seuil de pauvreté) très importants.
- Les villes, dont les plus grandes concentrent les richesses, sont les espaces de la modernisation.
En Zambie, en 2017, le taux de pauvreté est de 77 % dans les campagnes contre 27 % dans les villes. Au Mozambique, l'écart est moins important : 57 % dans les campagnes et 49 % dans les villes.
Des inégalités se creusent également entre l'intérieur des territoires et les littoraux, qui profitent de l'essor économique des grandes zones portuaires (exportation des ressources minières).